[Rétrospective] Harry Potter et les Reliques de la Mort – 1ère Partie, David Yates, 2010

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Harry Potter et les Reliques de la Mort – 1ère Partie, film fantastique de David Yates. Avec Daniel Radcliffe, Emma Watson, Rupert Grint, Ralph Fiennes…
La note du Koala : 4/5

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Ce film est la suite de Harry Potter et le Prince de Sang-Mêlé (D. Yates, 2009).
Il est suivi par Harry Potter et les Reliques de la Mort – 2ème Partie (D. Yates, 2011).

Le pitch : Alors que Voldemort (R. Fiennes) est sur le point de redevenir aussi puissant qu’autrefois – sinon plus – Harry Potter (D. Radcliffe) est emmené en sécurité chez les Weasley. Mais bientôt, le Ministère de la Magie tombe aux mains du Seigneur des Ténèbres et Harry tout comme Ron (R. Grint) et Hermione (E. Watson) sont considérés comme de dangereux fugitifs. Faisant le choix de ne pas retourner à Poudlard pour leur dernière année, les trois amis se mettent en quêtes des Horcruxes, ces fragments d’âme de Voldemort qui doivent tous êtres détruits pour que ce dernier le soit aussi.

La critique : Après la déception que fut Harry Potter et le Prince de Sang-Mêlé, il fallait que David Yates se rattrape auprès de moi. Je dis bien auprès de moi car Le Prince de Sang-Mêlé n’a pas été aussi mal accueilli par tout le monde et de nombreuses personnes (dont J.K. Rowling elle-même) considèrent qu’il s’agit même du meilleur opus de la saga au cinéma. Reste en tous cas que j’avais de grosses attentes, surtout que Harry Potter et les Reliques de la Mort version roman n’était pas n’importe quel épisode.

David Yates m’a mis dans une drôle de situation. Alors que j’estimais à l’issue de L’Ordre du Phénix qu’il était sans doute la meilleure chose qui puisse arriver à la licence Harry Potter pour amener cette dernière à sa conclusion, Le Prince de Sang-Mêlé m’a fait douter. Oh je ne reviendrai pas sur le pourquoi du comment, tout ayant déjà été dit dans les deux articles consacrés à ces films, mais il faut avoir cela en tête pour s’imaginer dans quel état d’esprit je me suis attaqué aux Reliques de la Mort à l’époque. J’avais évidemment le souvenir du roman encore frais en tête et je savais que cela pouvait donner une conclusion épique à la saga. D’un autre côté, je me rappelait que je me disais la même chose avant de découvrir Le Prince de Sang-Mêlé et que j’étais tombé des nues en raison de certains aspects. Entre nous, je ne savais plus trop à quoi m’attendre. Allais-je retrouver le Yates de L’Ordre du Phénix ou devoir me contenter tristement de ce lui du sixième volet ? La seule chose dont j’étais certain, c’était que le choix de scinder Harry Potter et les Reliques de la Mort en deux parties était le bon. Au-delà des simples aspects commerciaux qu’une telle opération représente (on ne va pas se mentir hein, c’est une machine à pognon qu’ils sont lancée en faisant ça), c’était surtout la quasi-assurance de voir une des meilleures adaptations de l’un des romans de la franchise grâce à un gain de temps (les deux parties représentent conjointement plus de 4h30) et donc une plus grande possibilité pour glisser des tas de choses qui auraient malheureusement sautées si on n’avait fait qu’un seul film. En bref, on s’épargne ainsi des choix de coupe qui auraient pu faire hurler les fans, lesquels étaient pour certains déjà lassés par les options scénaristiques prises au cours de la décennie.

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David Yates et ses comédiens sur le tournage du film.

Et je vous le dis de suite, j’ai trouvé que cette première partie des Reliques de la Mort est une réussite globale, à la hauteur des meilleurs épisodes jusqu’ici réalisés dans cette franchise. Dans son ensemble, je dois admettre que le film s’appuie en grande partie sur Le Prince de Sang-Mêlé dans ce sens où il en reprend grosso modo tous les bons aspects dont son esthétique, aboutissement enfin atteint d’une logique d’assombrissement entamée depuis un moment maintenant et que Yates avait poussée un cran plus loin avec L’Ordre du Phénix en 2007. Depuis lors, les films avaient vu leur apparence dirons-nous suivre avec une ingéniosité notable l’évolution du contexte, lequel devient de plus en plus lourd à mesure que la menace que fait peser Voldemort grandit. Héritée du cinquième film donc et puisant fortement dans ce qui fut l’un des excellents points du Prince de Sang-Mêlé, l’esthétique des Reliques de la Mort – 1ère Partie est non seulement louable dans le sens où elle est maîtrisée mais aussi dans le sens où elle se veut être un aboutissement aussi intelligent que le fut le cheminement qui y a conduit. Parmi les autres bons côtés du sixième film que l’on retrouve ici, il faut également penser à la mise en scène ainsi qu’au rythme et à la construction du récit. Ce dernier souffrait selon moi dans l’épisode précédent de choix malheureux choisissant d’accentuer des choses au détriment d’autres mais il ne manquait pour autant pas de rythme. Et ce film-ci peut jouir des mêmes éloges de ce point de vue là grâce notamment à sa capacité à prendre son temps sans s’appesantir. Cette première partie n’hésite par ailleurs pas à couper le rythme parfois pour solidifier son propos – ce qui est très bien – sans que cela ne devienne lassant pour le spectateur. Les passages plutôt orientés action succèdent ainsi très bien aux séquences plus calmes ou plus portées sur les échanges/dialogues. En parlant de cela, je pense notamment à la scène où Harry et Hermione dansent dans la tente. A ce propos, il est aussi intéressant de voir comment ce septième film se concentre sur le trio de héros en explorant ses relations fluctuantes dans la situation qui est la leur à ce moment de la saga. Amitié instable mais toujours présente, doutes, jalousie et même un soupçon d’amour… Tout ce cocktail est mis en scène d’une manière qui rappelle la façon dont on nous parlait de la relation entre Harry et Ginny dans le précédent opus : avec pertinence. Tout cela pour dire en tous cas qu’on observe dans Les Reliques de la Mort – 1ère Partie une maîtrise certaine et que je retrouve à titre personnel un équilibre et une maturité dont il me semblait que Le Prince de Sang-Mêlé les avait perdus. Au fond, on est ici très proche de ce que faisait L’Ordre du Phénix tout en piochant dans le film intermédiaire différents ingrédients de mise en scène et de contexte qui permettent de donner à ce film-ci tout son corps. Et tant mieux !

Les séquences dans la tente sont souvent l'occasion d'évoquer l'évolution de la relation entre Harry, Ron et Hermione, un élément important du film.

Les séquences dans la tente sont souvent l’occasion d’évoquer sans lasser l’évolution de la relation entre Harry, Ron et Hermione, un élément important du film.

Question maîtrise, je trouve également que la façon dont les thèmes sont abordés fait très bien écho à la manière dont ils l’étaient par J.K. Rowling dans le roman d’origine. Yates insiste avec brio sur l’analogie faite entre la situation du Ministère de la Magie une fois tombé et, disons-le clairement, le IIIème Reich d’Adolf Hitler. Les rafles, les procès fantoches, l’ignoble concept de « race pure »… Tout est là pour créer ou plutôt recréer ce rapprochement et en cela David Yates respecte idéalement l’oeuvre de Rowling. Mais c’est à l’image du film tout entier en fait, lequel constitue certainement une des adaptations les plus fidèles de l’ensemble de la série tant par sa façon de traiter le propos que par sa capacité à être le plus complet possible, et l’on remerciera encore l’idée de faire une conclusion en deux parties. Le scénario s’épargne ainsi comme je le disais des choix de coupe malheureux et des oublis volontaires qui auraient pu être dommageables. Alors oui, on est maintenant assez loin du côté fantastique des premiers films de Chris Columbus mais cela marque finalement l’accomplissement d’une évolution dont je commençais à parler en évoquant Le Prisonnier d’Azkaban. Après deux opus initiaux emprunts d’une certaine légèreté et d’une côté finalement très enfantin, la saga Harry Potter a connu un tournant qui s’est étalé sur les trois films suivants, tournant au cours duquel le propos et le background ont évolué, allant progressivement vers plus de maturité. Le Prisonnier d’Azkaban et La Coupe de Feu illustrent assez bien cela puisqu’ils sont finalement très adolescents et en même temps marqué par les prémices de cette évolution dans le contexte de la série avec le retour progressif de Voldemort. Arrivée aux Reliques de la Mort, cette transition est achevée et l’on se retrouve face à un tableau dont les différentes étapes ont été apportées successivement par les six premiers épisodes. Et c’est finalement très agréable de sentir que l’on a assisté à tout ce cheminement et que son aboutissement semble (car on a encore une deuxième partie à voir) à la hauteur des espérances. En fait, j’irai jusqu’à dire que j’ai trouvé là un film très prenant même lorsqu’il s’attache à ralentir le récit (il le fait à bon escient cela dit) et qui se veut même assez émouvant. Je m’excuse mais Dobby quoi…

Signe que l'évolution du background est arrivée à son terme, il n'y a jamais eu autant de tension dans les précédents films, que ce soit de manière générale ou même entre les personnages.

Signe que l’évolution du background est arrivée à son terme, il n’y a jamais eu autant de tension dans les précédents films, que ce soit de manière générale ou même entre les personnages.

Sur le casting pour finir, j’aimerais revenir sur le jugement que je portais au sujet du trio de tête dans mon précédent article consacré au Prince de Sang-Mêlé. Je disais alors que les trois acteurs me semblaient avoir atteint leur maximum et être au mieux de ce qu’ils pouvaient donner à leurs personnages respectifs. Au temps pour moi en fait car j’ai le sentiment que cette première partie des Reliques de la Mort les a emmenés encore un peu plus loin. Oh il n’y a pas vraiment de grosse différence mais plutôt comme une confirmation, une complétion de ce qui manquait éventuellement. Daniel Radcliffe et Rupert Grint notamment ont à mon sens pris le pas sur Emma Watson et ont enfin porté à Harry et Ron le soupçon de maturité (en termes de jeu j’entends) qui leur manquait encore un peu. On trouvera toujours quelque chose à redire mais il n’y a pas à nier que Rupert Grint livre quelque chose de très intéressant en se détachant enfin totalement des codes du faire-valoir qu’il a entretenus jusque là. Quand à Daniel Radcliffe, sa palette d’émotions n’est toujours pas la plus incroyable qui soit mais les efforts qu’il a déployés depuis les premiers films offrent un résultat si flagrant dans ce film-ci qu’on ne peut que les saluer. Mais c’est clairement Emma Watson qui mène le jeu en ce sens qu’elle est sans doute la plus accomplie du lot. Son jeu est très calibré, une chose que l’on retrouvait vraiment dans Le Prince de Sang-Mêlé même déjà dans L’Ordre du Phénix. Elle rompt enfin avec les exagérations qui avaient selon moi fait sa marque de fabrique depuis L’Ecole des Sorciers, passages de sur-jeu qui avaient cependant très bien décru à mesure que les années passaient. A côté d’eux, le plaisir est évidemment là de retrouver David Thewlis, Ralph Fiennes ou encore Bonnie Wright dans leurs rôles respectifs de Remus Lupin, Voldemort et Ginny Weasley. A noter justement l’arrivée dans la distribution de l’excellent Rhys Ifans dans le rôle de Xenophilius Lovegood, le père de Luna, un personnage complètement barré auquel Ifans donne intelligemment toute son extravagance.

Cette première partie des Reliques de la Mort a donc de quoi satisfaire. Elle est rythmée, intelligemment menée, avec un scénario dont les choix sont franchement judicieux. C’est une excellente entrée en matière qui confirme encore une fois que la scission de cet opus final en deux parties était une bonne chose. Yates a toute latitude pour mener une conclusion plus que correcte et il en profite clairement au vu de ce film-ci. Après un Prince de Sang-Mêlé en demi-teinte, je suis comblé.

Le « Oh, au fait ! » :
Cette première partie (et théoriquement sa suite) aurait dû être également proposée en 3D dans les salles obscures (après traitement en post-production) mais l’idée fut abandonné quelques semaines avant la sortie du film. Cette version 3D est néanmoins disponible en Blu-Ray.

Après John Williams sur les trois premiers films, Patrick Doyle sur La Coupe de Feu et Nicolas Hooper sur les deux suivants, c’est le Français Alexandre Desplats qui composer la bande-originale de cette dernière aventure.

Aussi surprenant que cela puisse paraître, l’avant-première française de cette première partie des Reliques de la Mort n’a pas eu lieu à Paris ou une autre très grande ville du pays mais à Tours, qui fut choisie à la suite d’un concours organisé sur internet.

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