[Rétrospective] La Bataille de la Planète des Singes, Jack Lee Thompson, 1973

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La Bataille de la Planète des Singes, film de science-fiction de Jack Lee Thompson. Avec Roddy McDowall, Claude Akins, Austin Stoker, Natalie Trundy…
La note du Koala : 2,5/5

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Ce film est la suite de La Conquête de la Planète des Singes (Jack Lee Thompson, 1972).

Le pitch : Plusieurs années après la révolte simienne menée par César (R. McDowall), les singes dominent la Terre. Pacifique, César accueille auprès de lui et son espèce tous les humains qui souhaitent les rejoindre, sans pour autant réellement les considérer comme leurs égaux. Mais deux menaces apparaissent. D’abord le Général Aldo (C. Akins), un gorille qui veut prendre le pouvoir et exterminer les hommes. Ensuite, des humains mutants qui vivent cachés dans les vestige d’une ville ravagée par la bombe nucléaire et souhaitant refaire de la Terre la planète des hommes.

La critique : Cinq ans se sont écoulés depuis la sortie de La Planète des Singes et la saga arrive, en 1975, à son terme. Après être passée par des épisodes de qualité inégale, allant du médiocre Le Secret de la Planète des Singes au bien meilleur La Conquête de la Planète des Singes, cette franchise de science-fiction touche au but en abordant dans cet ultime épisode un moment décisif.

On aime toujours quand les sagas s’achèvent dans une apothéose sublimant tout le travail effectué et tout le parcours réalisé depuis les origines. On aime que le final soit grandiose, empli de grands moments qui resteront dans les mémoires comme étant ceux qui ont su apporter la touche finale à cette fresque que l’on a admiré, la cerise sur ce gâteau que l’on a dégusté avec envie. On aime quand ça finit bien, dans tous les sens du termes. Hélas, La Bataille de la Planète des Singes ne pourra pas se targuer d’avoir su nous apporter tout cela. Au lieu d’un ultime épisode consacrant le glorieux chemin parcouru, cette franchise s’achève sur un épisode en demi-teinte que je considère comme étant le deuxième moins bon du lot, juste derrière Le Secret de la Planète des Singes. Avec le recul, le principal défaut de ce film est sans aucun doute sa précipitation. Dès le début, on se rend compte que quelque chose ne va pas : tous les singes savent désormais parler et surtout penser, à l’image des hommes. Oh, il y a bien encore des classes pour leur apprendre toutes les subtilités de ces nouveaux modes de communication qu’ils ignoraient jusqu’alors mais tout de même, comment cela peut-il sembler crédible ? Alors que les différents épisodes de la saga avaient jusqu’ici su contourner de genre d’écueils en évitant justement de les croiser, La Bataille ne se prive pas de cette incohérence qui tient dans le simple fait qu’il semble parfaitement irréaliste que les singes puissent atteindre un tel degré d’évolution en seulement 25-30 ans (le temps qui sépare les événements de ce film de ceux du précédent). C’est un parti pris de base rendu nécessaire par les exigences du scénario mais qui se heurte malheureusement au bon sens. Et l’excuse qui consiste à rappeler sans cesse qu’il s’agit de science-fiction ne marchera pas car, avant « fiction », il y a « science ». Enfin, disons que l’on accepte cette idée… Reste que le scénario qui suit ce premier constat n’est tout de même pas à la hauteur de la saga. Et je ne parle pas ici du fond mais bien de sa construction. Reposant sur une rythmique éculée, ce film-ci à tout à envier à ses prédécesseurs. Calqué sur un schéma ultra-classique, le scénario de La Bataille reste l’un des moins originaux de la franchise. On voit les rebondissements et autres éléments perturbateurs arriver très nettement, empêchant tout effet de surprise, sans compter que l’histoire se déroule trop tranquillement et avec quelques longueurs. Pas réellement prenant, on regardera surtout ce chapitre final pour savoir enfin comment se termine tout cette histoire une fois que l’on a vu les quatre films précédent ! Les plus profanes pourront quant à eux passer leur chemin s’ils le veulent.

Aussi étonnant que cela puisse paraître, c'est un homme qui fait la classe aux singes. Mais c'est plus un prétexte qu'autre chose...

Bien que cela puisse paraître étonnant, c’est un homme qui fait la classe aux singes. Mais c’est plus un prétexte qu’autre chose…

C’est finalement avant tout par son propos que La Bataille de la Planète des Singes gagne en intérêt. Construite dans la droite lignée de ce qui avait été dit dans le film précédent, la pensée développée ici poursuit le questionnement sur la valeur des différentes civilisations ? Et il n’est absolument pas hors de propos de se dire, en terminant le film : à quoi bon ? Après nous avoir mis en opposition au cours des quatre premiers films la société des singes et celle des hommes, cette conclusion vient nous proposer une troisième voie, celle que César envisage à la toute fin de La Conquête de la Planète des Singes : un monde où hommes et singes vivent en paix mais avec toujours un regard attentif sur le possible retour à un asservissement des simiens. Et dès lors, il est possible de pointer du doigt différents éléments qui font les thèmes fondateurs de cet épisode. A commencer par la volonté de certains d’en vouloir toujours plus, comme le gorille Aldo qui, loin des idéaux de César, souhaite simplement que les humains soient asservis, sinon exterminés. Quelles limites y a-t-il à la coexistence ? Telle est la question qui revient sans cesse sur le tapis au cours du film, ce dernier finissant par laisser entendre que le pouvoir appelle le pouvoir, jusque dans les extrémités (extrémismes) les plus sombres. C’est très pessimiste, je vous le concède mais c’est à l’image du film tout entier, qui assène plusieurs affirmations avec force : le choc (conflit ?) des civilisation est presque toujours inévitable, la coexistence pacifique entre groupes aux intérêts divergents est compromise dès le départ… Et tout ce pessimisme trouve sa synthèse dans ce plan final où, après avoir vu un singe maître enseigner à ses élèves humains et simiens comment la paix avait été trouvée entre leurs deux peuples et après l’avoir laissé dire que seuls les morts savent de quoi est fait l’avenir, [Léger spoil] nous voyons la statue de César pleurer [/Léger spoil] donnant ainsi le ton des événements que l’avenir réserve à cette paix dont on ne peut que se douter qu’elle est friable et susceptible d’être brisée à tout instant. Car nous en avons trop vu et entendu au cours de toute cette saga pour envisager un futur serein. Il plane donc au-dessus de ce film et de ses personnages une atmosphère sombre et pesante, faite de guerres, de querelles, de haine également. Un condensé de ce qui faisait les relations internationales dans les années 1970, le film faisant donc écho à la situation dans laquelle le monde se trouvait alors. Il est intéressant également de noter que le pessimisme de la fin du film n’est pas sans porter un regard particulièrement sombre sur l’issue que la Guerre Froide pouvait encore trouver à l’époque. On notera enfin et très rapidement le retour de la question du conflit nucléaire, partiellement évoqué à travers l’état dans lequel se trouve la ville.

Aussi amicale qu'elle soit, la relation entre MacDonald et César est le rappel constant de la difficulté du vivre-ensemble entre anciens oppresseurs et esclaves libérés.

Aussi amicale qu’elle soit, la relation entre MacDonald et César est le rappel constant de la difficulté du vivre-ensemble entre anciens oppresseurs et esclaves libérés.

Côté casting, j’ai du mal à trouver quoi vous dire en fait… Il faut dire aussi qu’en se retrouvant avec le même casting (ou presque) que dans les épisodes précédents, il est difficile de voir ce que l’on peut dire de neuf. Roddy McDowall est toujours aussi bon dans le rôle d’un César qui s’est assagi et ressemble désormais plus à son Cornélius de père. Austin Stoker, qui remplace donc Hari Rhodes, donne quant à lui toujours autant de contenance que son prédécesseur à son MacDonald, ce dernier constituant le lien qui unit tant qu’il peut les deux communautés. Claude Akins incarne ici le gorille belliqueux Aldo et le rend particulièrement brutal. Si sa diction tourne parfois à la caricature du militaire plus inspiré par la guerre que par sa propre culture, elle permet également de le rendre relativement angoissant lorsqu’il s’adresse à ses soldats et les appelle à prendre les armes contre les hommes. Un mot enfin sur Natalie Trundy qui, définitivement et malgré une place plus importante accordée à Lisa dans ce dernier film, n’arrivera pas à faire oublier toute la consistance que Kim Hunter avait su donner à Zira auparavant.

Ensuite, tout n’est pas nécessairement logique dans ce film et les réactions des personnages viennent parfois en contradiction avec ce à quoi on s’attendait. On les voit s’enrager quand ils pourraient rester calmes et ils restent parfois passifs alors qu’il faut agir… On appréciera toutefois la fin du film, toute en ironie avec ce discours pacifiste et égalitaire se concluant sur les larmes de la statue de César. Triste présage qui laisse entrevoir une fois de plus le contexte politique de l’époque.

Le « Oh, au fait ! » :
John Landis, entre autre réalisateur de The Blues Brothers et The Blues Brothers 2000 apparaît dans le film.

Plusieurs scènes supplémentaires existent dans la version télévisée du film, dont une où, au tout début du film, nous voyons les humains envisager d’utiliser la bombe atomique que nous avions auparavant vue dans Le Secret de la Planète des Singes.

Nous en arrivons donc à l’issue de cette rétrospective. Reste donc à aborder les différents thèmes de la saga plus en détail dans un dossier dédié mais qui, je vous le dis dès maintenant, ne sera publié que plus tard. Le temps ayant passé depuis mes derniers visionnages de ces films, je préfère les voir à nouveau pour être sûr de vous proposer un article qui soit le plus exact possible.

4 réflexions sur “[Rétrospective] La Bataille de la Planète des Singes, Jack Lee Thompson, 1973

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  3. Niveau histoire ça m’a l’air extrêmement intéressant, pour un profane comme moi qui n’ait connu cette saga qu’avec les derniers films.

    Le côté « vieux » dans les images des premiers films me dérange, mais peut-être que je pourrais me laisser tenter si je tombe sur de jolies éditions 🙂

    Je n’ai pas tout lu pour ne pas me spoiler mais tu m’as donné envie, merci !

    • Niveau spoil, tu peux y aller, je n’en ai mis qu’un ou deux dans toute la rétrospective et ils ne sont pas bien énormes. En plus, je les ai indiqués. 😉

      C’est vrai que la saga a vieilli mais elle reste à mon sens très regardable aujourd’hui. Je te recommande les Blu-Ray ou le coffret DVD intitulé « L’Héritage » si tu as envie de te procurer l’intégrale. 🙂
      Si je t’ai donné envie en tous cas, c’est déjà un objectif d’atteint ! \o/

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