Logan, film de super-héros de James Mangold. Avec Hugh Jackman, Patrick Stewart, Dafne Keen, Stephen Merchant…
La note du Koala : 4/5
Le pitch : En 2029, la plupart des mutants ont disparu. Seuls survivent encore Wolverine (H. Jackman), le professeur Charles Xavier (P. Stewart) et Caliban (S. Merchant), lesquels vivent reclus à la frontière mexicaine en attendant de pouvoir fuir en mer. Wolverine se fait vieux et malade et le professeur Xavier atteint les limites de son âge également. Mais un jour, le mutant aux griffes se trouve contacté par une jeune femme mexicaine pour protéger sa fille, Laura (D. Keen), et les emmener toutes les deux au Nord des Etats-Unis pour y être protégés. Logan refuse mais découvre bientôt toute l’importance que cette jeune fille revêt.
La critique : Wolverine au cinéma, c’est une histoire ambivalente qui a autant ses bons côtés avec les films X-Men à proprement parler (sauf le trois, jamais le trois…) que ses mauvais côtés avec un X-Men Origins : Wolverine d’un mauvais goût certain, un Wolverine : Le Combat de l’Immortel qui réhaussait le niveau sans pour autant nous faire crier au chef-d’œuvre et, en 2017, un Logan qui semble mettre tout le monde d’accord. Encensé comme aucun autre film estampillé X-Men, ce dernier né de l’univers des mutants Marvel se veut être la conclusion de l’aventure Wolverine sur grand écran et offrir, a priori, un final de haute volée après 17 ans de bons et loyaux services.
Pour en finir avec James « Logan » Howlett, c’est à James Mangold qu’on a fait appel. Ou plutôt qu’on a refait appel puisque c’est lui que l’on avait appelé à la rescousse en 2011 après un long jeu de chaises musicales dans lequel avaient pris part divers cinéastes tels que Darren Aronofsky, Antoine Fuqua, Matt Reeves, Kathryn Bigelow ou encore Tony Scott… Enfin peu importe, ce n’est pas le sujet. Reste qu’on a demandé à Mangold de rattraper le coup après un Origins d’une piètre qualité qui n’a jamais empêché les studios de penser à un n°2. Si les producteurs pensaient comme ça, on n’aurait jamais eu de Batman & Robin… Mangold donc sauve comme il le peut l’honneur en livrant un film somme toute très regardable, tant et si bien que c’est à lui qu’on a finalement confié le projet Logan. Tout ça pour mon plus grand plaisir, je ne vais pas vous mentir. Non seulement parce que j’aime bien le travail de Mangold en général (Wolverine 2 n’était pas si mal mais 3h10 pour Yuma était vachement bien, tout comme Walk the Line) mais aussi et surtout parce que ce qu’il a fait sur ce troisième film consacré à Wolverine est digne de louanges. En fait, le réalisateur est revenu à la base de ce qui fait le personnage de Wolverine selon moi dans les comics : un être brutal, sauvage et marqué. Tout cela, le film s’en empare notamment grâce au scénario de Michael Green et David James Kelly, lesquels décident de se rapprocher à tâtons d’Old Man Logan en vieillissant le personnage et en choisissant par ailleurs de l’affaiblir, tout malade qu’il est dès le début du film, sans pour autant oublier d’en faire ce qu’il a toujours été : un mutant puissant et violent.

So long, Logan…
En fait, sur ce second aspect, je dois dire que j’ai vu dans Logan ce que j’ai toujours attendu de Wolverine au cinéma sans jamais l’avoir réellement eu jusque là. On remerciera au passage le sillon ouvert par Deadpool question super-héros décomplexés au sujet de la violence. Car enfin (enfin !) Wolverine arrête de minauder (j’exagère, tu l’auras compris) et taille dans le vif. D’une vive brutalité, facilement violent, Logan offre à la franchise son meilleur X-Men sous son meilleur jour. Ou presque car, comme je le disais, c’est un Logan vieillissant et malade que l’on retrouve ici et cela vient cette fois-ci faire écho à ce penchant marqué du personnage. Wolverine en a ras-le-bol. Il en a trop vu, trop vécu et tout ce qu’il demande maintenant c’est se casser en mer avec le professeur Xavier, lequel n’est pas non plus au mieux de sa forme. En mettant ainsi en scène ces deux icônes de l’univers X-Men, ces deux mutants pourtant si puissants, dans un état proche de la précarité, Logan arrive ainsi à trouver le juste équilibre entre cette brutalité que j’évoquais et un côté beaucoup plus humain qui ne manquera pas de toucher le spectateur, et en particulier celui qui suit ces deux personnages depuis longtemps.

La violence de Logan est jouissive, tant on l’a attendue depuis que les X-Men sont portés à l’écran !
Au-delà de louer l’approche qui a été choisie pour traiter les personnages et en particulier celui de Wolverine, il s’agit aussi de souligner d’une part les indéniables qualités de mise en scène de ce film et, d’autre part, son scénario. Dans le premier cas, James Mangold et son directeur de la photographie John Mathieson (Galdiator, Kingdom of Heaven, X-Men : Le Commencement…) offrent un très beau travail sur le plan visuel. Ensemble, ils donnent à Logan un côté particulièrement dur et âpre qui se concrétise dans la première partie du film par cette ambiance poussiéreuse de la frontière mexicaine, joli écho au fait que Wolverine, Charles Xavier, Caliban et finalement l’ensemble des mutants ne sont plus que de vieilles reliques d’un autre temps, vestiges d’une époque révolue sur le point de s’effondrer définitivement. Mais en plus de cela, le film fait preuve d’un réel travail sur les lumières et les cadres notamment qui arrive à lui faire prouver qu’on peut être un blockbuster super-héroïque sans pour autant oublier d’être un joli objet cinématographique.
Dans le cas enfin du scénario, il n’y a pas grand-chose à redire et le seul « reproche » (si c’en est un) que je pourrais faire à Logan c’est de donner au spectateur des pistes impossibles à remonter malgré toute la curiosité qu’elles suscitent. Que s’est-il passé au manoir des X-Men ? Alors que l’événement visiblement tragique qui s’y est déroulé est régulièrement remis sur le tapis, rien ne permettra d’y apporter une réponse claire. Mais cela n’est de mon point de vue qu’un détail au vu de l’ensemble de ce qui nous est raconté ici et il convient en fait plus de louer les jolies choses que cette histoire propose, de sa capacité à donner un rythme des plus efficaces au film à son aptitude à paradoxalement construire ses personnages en les déconstruisant chirurgicalement. Le professeur Xavier et Wolverine se voient alors offrir un nouveau souffle, certes éprouvé mais qui arrive à saisir le spectateur et à lui dire : « Regarde ce qu’on voit quand on brise la coquille » ! Et ce sont de beaux moments qui ponctuent alors Logan, capables de tirer quelques larmes et de faire s’émouvoir le spectateur comme jamais ou trop rarement devant un film de super-héros de cette envergure, imbriqués là entre deux phases d’une violence parfois inouïe mais toujours jouissive, libération tardive d’un sentiment de puissance et de brutalité trop longtemps refoulé dans cette licence.

Logan, c’est l’aboutissement le plus parfait d’une relation particulière qui unit Wolverine et Charles Xavier depuis le premier X-Men. Une des plus jolies choses que la licence ait pu nous offrir.
Mais ce dernier aspect là, s’il est aussi bon c’est aussi (et surtout ?) grâce aux acteurs concernés. Pour dire les choses comme elles sont, tant Hugh Jackman que Patrick Stewart sont au sommet de leur art avec ces deux personnages qu’ils côtoient ensemble depuis 17 ans. Logan, c’est le film de la maturité dans le développement de ces deux individus et de la relation qui les unit. Oh bien sûr, Jackman et Stewart sont déjà de très grands acteurs mais j’ai toujours trouvé que les X-Men n’avaient jamais pu leur permettre d’exploiter tout leur talent. Or, c’est exactement ce que James Mangold leur donne l’occasion de faire dans ce qui sera un des plus beaux ultimes barouds d’honneur qu’on ait pu voir dans ce genre de cas. A leurs côtés, Stephen Merchant et Boyd Holbrook offrent des seconds rôles de bonne facture (surtout Stephen Merchant, impeccable Caliban autant travaillé dans son jeu que dans son apparence) mais c’est surtout Dafne Keen que l’on retiendra. La jeune actrice s’offre le luxe d’en imposer dès son tout premier rôle au cinéma.
Je n’en ai pas parlé d’ailleurs mais le personnage de Laura est déjà très bien construit, en subtil écho à Wolverine qui trouve sa résonance dans le caractère de cochon, la violence et même les chorégraphies des combats, similaires mais jamais trop identiques ; mais en plus de cela, Dafne Keen lui donne toute une consistance qui rend le personnage directement prenant puis, progressivement, attachant, au point qu’on en regrette que ce Logan soit le dernier film de la série tout en espérant qu’on reverra Laura bientôt. Quant à Dafne Keen, je ne me fais pas de souci sur son compte : on la reverra bientôt.

Non seulement la petite Laura est un excellent personnage mais en plus de ça, Dafne Keen l’incarne à la perfection !
Quelle plus belle conclusion de l’ère Jackman de Wolverine que celle-là ? Dernier tour d’honneur dans lequel l’acteur et le personnage qu’il incarne donnent tout ce qu’ils ont, Logan est un excellent film, peut-être le meilleur de la série X-Men. Sans doute même. Intelligemment ambivalent, ce film mêle action et violence débridées à un temps de réflexion, une sorte de prise de recul sur ce que l’on a fait du film de super-héros, usant pour cela de temps morts qui n’en sont pas vraiment, bourrés d’émotion. James Mangold signe ici un au revoir impressionnant, merveilleux petit cadeau d’adieu aux fans du mutant aux griffes. J’en chialerais presque.
Le « Oh, au fait ! » :
Le personnage de Dents-de-Sabre aurait dû apparaître dans le film, une possibilité confirmée par l’intérêt de Liev Schriber de reprendre le rôle (qu’il tenait déjà dans X-Men Origins : Wolverine) et par Hugh Jackman lui-même. Finalement le personnage fut retiré du script définitif.
Le personnage de Caliban apparaissait déjà dans X-Men : Apocalypse sous les traits de Tómas Lemarquis, lequel avait été recruté après que Stephen Merchant ait été engagé pour Logan, ce qui explique ce changement d’interprète entre les deux films. (merci à Lord Darcky pour la précision !)
❤
Par contre une petite précision sur l'acteur jouant Caliban, il ne le remplace pas, le casting de Logan a été fait avant la sortie d'Apocalypse et aucun des réalisateurs des deux films ne savaient que l'autre allait utiliser Caliban dans son film c'est donc un pur hasard au final.
Ah je l’ignorais tiens ! Merci pour la précision amigo ! 😀
« Le cuir des meilleurs boucliers n’arrête pas les griffes du lion » disait Joseph Kessel.
Je ne sais pas trop où je veux en venir mais je suis sûr de pouvoir en faire une métaphore sur le personnage de Wolverine à travers ses adaptations solo au cinéma.
Enfin, j’ai hâte de voir ce film. J’espérais (à la vue du premier teaser) un film plus contemplatif et proche du post-apo cependant, mais j’ai quand même hâte de le voir.
You blow my mind.
Désolé :3
J’suis sûr que non.
J’avoue, non ^^
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