Parlons jeu, parlons bien n°37 – « Sonic Mania » [Switch]

Autant le dire d’emblée : je n’ai jamais été un inconditionnel de Sonic. Pour tout dire, mon expérience avec le hérisson bleu se limite aux deux premiers opus sur Mega Drive et à Sonic Adventure 2 Battle sur GameCube. Pas grand-chose en somme. Néanmoins, j’ai toujours eu une sorte de fibre nostalgique pour les deux premiers de ce trio et l’annonce d’un épisode 2D a rapidement su l’éveiller de nouveau. Sonic Mania est donc arrivé le 15 Août dernier sur PS4, Xbox One et Nintendo Switch (puis quelques jours plus tard sur PC) et, sans trop que je m’en rende compte, la hype était déjà suffisamment forte autour de ce titre pour que je me l’offre le jour-même sur Switch.

Sonic, c’est depuis quelques années maintenant une histoire compliquée. Après une décennie de gloire dans les années 1990, la mascotte de Sega a progressivement sombré vers des jours plus troubles avec, récemment, des jeux comme les Sonic Boom (si décevants qu’on hésite même à la préciser tant ce terme les définit), Sonic : Lost Worlds (à peine vraiment plus intéressant) et d’autres un tantinet plus anciens qui ont rendu les apparitions de Sonic dans des softs comme les Mario & Sonic aux Jeux Olympiques, Super Smash Bros. ou les jeux de course Sonic and All-Star Racing presque à chaque fois plus savoureuses. Et quand un héros ne jouit d’une certaine affection que lorsqu’il perd son statut, c’est qu’il y a un problème.

Sonic Boom (développé par Big Red Button Entertainment) semblait être l’aveu d’un manque cruel d’idées au sein du microcosme Sonic…

Mais voilà, ces derniers temps on se demande si Sega n’a pas fini par s’en rendre compte (il serait temps). Un potentiel constat qu’on appuiera avec l’annonce simultanée en 2016 de Sonic Mania et Sonic Forces, lesquels posent des questions, notamment concernant ce Forces développé par l’indéboulonnable Sonic Team et qui semble vouloir faire en sorte que leur petit protégé reprenne du poil de la bête (mais nous en reparlerons ici le moment venu). Quant à Mania, il interroge sur l’éventuelle envie de Sega de confier son bébé à quelqu’un d’autre qu’une Sonic Team qui, non seulement occupée par Forces, a en plus pas mal échoué depuis quelque temps. Car non, la team n’est pas derrière cet épisode au si doux parfum de retrogaming, lequel a été mis entre les mains de Christian Whitehead, à qui l’on doit notamment les portages Android/iOS des deux premiers jeux de la licence, et de Headcannon et PagodaWest Games, deux entités choisies par Sega pour la qualité de leurs productions dans le petit monde des fangames aux couleurs du hérisson et pour leur influence au sein de cette communauté. En gros, on a demandé à des fans de faire un jeu sous licence officielle. Un pari que certains auront peut-être trouvé osé mais qui n’en demeure pas moins judicieux pour une bonne raison : qui de mieux placé que des fans pour offrir à leurs camarades un jeu à la hauteur de leurs attentes ?

Dès l’écran titre, le fan se sent chez lui, accueilli par les siens.

Et c’est bien à cela qu’on a droit justement : un jeu à la hauteur des attentes. Surfant sans vergogne sur la vague enthousiaste d’un retour aux sources des plus complets, Sonic Mania n’a d’autre ambition que d’offrir aux vieux de la vieille un jeu Sonic exemplaire. Reprenant à son compte tout ce qui faisait la recette inégalée des premiers opus de la franchise, ce jeu propose ainsi un retour dans divers niveaux tirés de Sonic the Hedgehog 1 à 3, de Sonic & Knuckles et de Sonic CD, lesquels sont tout bonnement les épisodes les plus emblématiques de la série. De l’ultra connue Green Hill Zone à l’Oil Ocean en passant par la Flying Battery, ce ne sont pas moins de 8 stages qui reviennent ainsi du passé, aux côtés cela étant de 4 zones inédites : Studiopolis, Press Garden, Mirage Saloon et Titanic Monarch.

L’irremplaçable Green Hill Zone est évidemment de retour dans Sonic Mania.

Dans l’ensemble, on a finalement un sentiment de Sonic Maxi best-of en jouant à Mania et c’est peut-être bien tout ce qu’on en espérait. Cela peut sembler paradoxal aujourd’hui, alors que l’on regrette bien souvent le manque d’initiative d’une industrie excessivement tournée vers les remakesreboots et autres suites et spin-off en tous genres. Pourquoi accorder à Sonic ce que l’on reprochait à Super Mario quand on nous a pondu moult itérations des New Super Mario Bros. ? Sans doute est-ce tout simplement parce que le hérisson est passé par bien trop d’échecs depuis l’abandon de la 2D, tentant d’explorer de nouvelles choses comme le platformer d’aventures avec Sonic Adventure et sa suite, la course pure et simple avec Sonic Drift et Sonic Riders, quitte à bien trop s’éloigner de ce qui en faisait l’essence à l’origine. Et c’est ce que Sonic Mania veut amener aux joueurs, ni plus ni moins : un trip rétro.

Le côté rétro de cet opus est si bien tenu que même les niveaux inédits (ici Studiopolis) se fondent dans cette jolie ambiance so 90’s.

Il n’y a donc avec le recul rien de réellement nouveau dans cet opus. Les niveaux sont pour l’essentiel tirés d’anciens jeux, les items disséminés dans chaque zone sont ceux que l’on connaissait auparavant, les niveaux bonus sont les mêmes que dans Sonic 3 et Sonic CD… Mais ça ne pose aucun problème, c’est ce qu’on voulait. On n’attendait que de voir Sonic aller vite dans des niveaux plus ou moins alambiqués, regorgeant de secrets et de cheminements alternatifs et c’est ce qu’on a eu. En attendant un Sonic Forces qui tâchera lui d’offrir une autre expérience, Sonic Mania n’est là que pour entretenir la flamme des fans, celle-là même qui commençait à s’éteindre (quand ce n’était pas déjà le cas depuis longtemps chez certains). Mais vous savez, le mieux dans tout ça, c’est que ça fonctionne de la meilleure des manières. Sonic Mania est beau, fin, intelligent, fluide, référencé… Il a tout pour lui ce jeu bon sang !

A noter que la vitesse n’effraie en rien la Switch, Sonic Mania tournant parfaitement sur la petite console de Nintendo.

Maîtrisé de bout en bout, il offre une expérience de jeu des plus complètes qui saura non seulement ravir les anciens fans mais aussi faire découvrir aux joueurs les plus jeunes ce qu’est un jeu Sonic à l’ancienne. Avec une difficulté croissante, Mania se veut être des plus accessibles, à la façon d’un Sonic the Hedgehog premier du nom. L’apprentissage (ou le réapprentissage selon les cas) se fait petit à petit, d’une Green Hill Zone introductive aussi plaisante que pédagogue à des stages bien plus corsés comme l’Oil Ocean Zone, sur laquelle j’ai eu beaucoup de mal (notamment avec son son bosse final), ou l’impardonnable Metallic Madness Zone, où chaque faux pas est un péril imminent. Le caractère punitif des mondes les plus avancés du jeu n’est finalement qu’un juste retour des choses quand on voit comment Mania nous guide peu à peu et à mesure que l’on avance. Alors qu’il nous tient fermement la main dans les premières zones, il nous lâche progressivement afin que nous, joueurs, puissions appliquer ce que l’on a appris. Et si certains actes peuvent sembler trop punitif, s’assimilant même parfois à un véritable die & retry (c’est clairement mon ressenti sur la Metallic Madness Zone), ce n’est que pour mieux nous forcer à faire attention et à apprendre. Sonic Mania est pédagogue du début à la fin, c’est seulement sa méthode d’enseignement du gameplay qui change. Et c’est une excellente chose !

La difficulté de Sonic Mania augmente à mesure que l’on avance et le jeu devient peu à peu punitif.
Et arriver à ce stade de l’Oil Ocean Zone procure alors un vrai sentiment de satisfaction, croyez-moi !

D’ailleurs, puisqu’on parle de gameplay, profitons-en pour affirmer qu’il n’y a pas grand-chose à en redire. Le mode Mania (aka le mode de jeu principal, l’aventure solo) propose tout d’abord de choisir son personnage, le joueur pouvant alors jouer avec Sonic, Tails, Knuckles ou bien les deux premiers ensemble. Ce dernier choix s’apparente au final à un mode facile puisque Tails (sous forme d’IA) permettra à Sonic (mis entre les mains du joueur) de se tirer de certaines embûches. Jouer avec Sonic seul ensuite, c’est l’expérience « de base » de Mania si je puis dire. L’on retrouve en effet tout ce qui faisait le sel des Sonic d’origine et la seule nouveauté à noter est la possibilité de repartir en tourbillon à la fin d’un saut. Quant à Knuckles et Tails, le premier peut planer et escalader les parois tandis que le second est capable de voler et de nager. Chacun fera alors son run (c’est le cas de le dire) à sa sauce et, mieux encore, pourra s’essayer à recommencer le jeu dans chacune de ces configurations pour l’explorer de fond en comble.

Trois modes de jeu sont donc disponibles mais c’est sur le mode principal Mania que l’on ira le plus souvent.

A côté de cela, on notera la présence d’un mode compétitif local à deux joueurs ainsi qu’un mode contre-la-montre mais je dois bien avouer que ceci n’étant pas spécialement ce que j’attendais le plus, je ne m’y suis intéressé que d’assez loin. Plutôt que de parler de cela donc, je reviendrai simplement sur l’immense qualité du level design. Chaque acte de chaque niveau est d’une qualité qui n’a d’égale que son panel de couleurs si chatoyant ! Mention spéciale aux 4 nouveaux stages, lesquels arrivent à parfaitement entrer dans les critères de ce que doit être, dans l’absolu, un monde de Sonic. J’ai à titre personnel particulièrement apprécié l’acte 1 de la zone Mirage Saloon avec ses séquences en avion qui renouvellent astucieusement le gameplay du jeu le temps d’un niveau.

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En guise de conclusion, je résumerai ma pensée en quelques mots : Sonic Mania est le meilleur Sonic depuis belle lurette. Oui, « belle lurette » ! Dégagé d’une Sonic Team qui plombe sa poule aux œufs d’or depuis bien longtemps, Mania jouit de l’enthousiasme visible des fans entre les mains desquels son développement a été mis. Un enthousiasme qui transpire en chaque instant dans cet excellent jeu et qui s’exprime par une qualité qui témoigne de tout le soin qu’on y a apporté en amont. Un soin destiné au jeu en lui-même bien entendu mais aussi et surtout aux joueurs et aux fans.
Sonic Mania réussit le pari d’être un fan game sous licence qui peut, je le crois fermement, s’imposer comme un incontournable de sa franchise. Qu’on se le dise, c’est fort. C’est même très fort et on espère que ce genre d’initiative sera renouvelé par la suite. On l’espère autant qu’on espère que Sonic Forces, prévu pour le 7 Novembre prochain, saura être le fruit d’une Sonic Team enfin réveillée !

6 réflexions sur “Parlons jeu, parlons bien n°37 – « Sonic Mania » [Switch]

  1. Ma première console: La Sega. Mon premier jeu: Sonic. J’avais 7 ans et j’y ai joué des heures durant! Merci pour ce retour bien nostalgique 😉

    • Je suis ravi d’avoir pu éveiller ta fibre nostalgique et je te recommande alors d’autant plus de jouer à « Sonic Mania », qui le fera encore mieux ! 🙂

  2. Je suis né avec un pad de MegaDrive II dans les mains, Sonic 2 dans la console donc cet opus me ravie.

    Bon texte, juste une petite faute : Sonic Boom ce n’est pas la Sonic Team, le développeur c’est Big Red Button Entertainment. La Sonic Team fait de mauvais jeux depuis plusieurs années mais pas à ce point ^^

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