[Rétrospective] « Mission: Impossible 2 », John Woo, 2000

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Mission: Impossible 2, film d’espionnage de John Woo. Avec Tom Cruise, Thandie Newton, Dougray Scott, Ving Rhames…

Le pitch : Le docteur Nekhorvich (R. Šerbedžija) est un brillant scientifique inquiet d’avoir été obligé par son employeur, Byocite Pharmaceuticals, de développer un terrible virus nommé « la Chimère ». L’objectif : faire des bénéfices en répandant ce virus puis en commercialisant son antidote. Conscient du danger, le scientifique contacte l’agent Ethan Hunt (T. Cruise) pour l’escorter jusqu’aux Etats-Unis et déjouer ce plan. Mais alors qu’il croit être sur le chemin avec l’espion, Nekhorvich découvre qu’il a été piégé et qu’il vient d’être enlevé par Sean Ambrose (D. Scott), un ex-agent de l’agence Mission: Impossible. Hunt est alors appelé par ses supérieurs pour retrouver Nekhorvich et, surtout, le Chimère qu’Ambrose s’apprête à lâcher sur le monde.

La critique : Après le succès du premier volet dont nous parlions il y a un mois maintenant, il semblait évident que Mission: Impossible allait revenir par la suite sur le grand écran. Ayant prouvé qu’elle pouvait rivaliser avec les James Bond, la toute nouvelle licence d’espionnage ne pouvait pas s’arrêter en si bon chemin. Et voilà donc, quatre ans après, la suite tant attendue ! Seul problème : c’est un désastre.

Tout semblait partir sous les meilleurs auspices. Fort du succès retentissant du premier opus, la licence Mission: Impossible avait devant elle un champ des possibles relativement conséquent pour continuer de s’imposer dans le paysage cinématographique d’espionnage de cette fin de XXème siècle. D’ailleurs, question genèse, tout se goupillerait presque comme en amont du premier volet. Par exemple, là où Syndey Pollack puis Brian De Palma avaient été approchés pour le film précédent, c’est ici Oliver Stone qui est attaché au projet dans les premiers temps de la préproduction. Niveau grand nom, on se pose encore une fois à un certain niveau. A l’époque en effet, la réputation du cinéaste n’est plus à faire et sa filmographie compte un grand nombre de films parfaitement cultes : Platoon, Wall Street, JFK, The Doors… Mieux encore, Stone et Cruise se connaissent étant donné qu’ils ont travaillé ensemble sur Né un 4 Juillet, dans lequel le premier dirigeait le second, pour le meilleur si l’on en croit le nombre de récompenses et nominations qu’a reçues le film après sa sortie. Malheureusement, Oliver Stone lâche l’affaire lorsqu’il apprend que Mission: Impossible 2 est mis en pause pour que Tom Cruise aille continuer de s’imposer comme un acteur incontournable en allant tourner Eyes Wide Shut avec Stanley Kubrick.

John Woo et Tom Cruise sur le tournage de Mission: Impossible 2.

Et c’est finalement à John Woo que la lourde tâche de succéder à Brian De Palma revient. Après une déjà longue carrière en Asie, où il a donné naissance à bien des films comme Le Syndicat du Crime et sa suite, The Killer ou encore Les Associés, Woo commence à l’époque à se faire un nom aux Etats-Unis et, par extension, en Occident. Et si le premier film américain du cinéaste n’a pas forcément marqué l’Histoire du cinéma (Chasse à l’Homme, avec Jean-Claude Van Damme), il s’est ensuite rapidement fait remarquer avec Broken Arrow en 1996 mais aussi et surtout avec un film incroyable pour les uns, nanardesque pour les autres mais culte sans aucun doute : Volte-Face, un thriller assez barré sorti en 1997, mettant en scène Nicolas Cage et John Travolta et dans lequel, je ne vous apprends certainement rien, leurs personnages respectifs échangent leurs visages. Bref, tout ça pour dire qu’à l’époque, la cote de John Woo commence à gentiment monté, le public étant a priori séduit par le style très iconoclaste du réalisateur, fait de grandiloquence et de combats très chorégraphiés. Un style qui interroge d’ailleurs sur la façon dont son Mission: Impossible 2 va faire suite à son prédécesseur, le cinéma de Woo étant assez radicalement éloigné de celui de De Palma.

A cette interrogation, une réponse très simple s’impose assez rapidement lorsque l’on visionne M:I2 : John Woo a décidé de faire fi de M:I1 et de proposer SA vision des choses pour cette licence. C’est audacieux. Passer après Brian De Palma en décidant de ne pas toujours tenir compte de son travail pour aller puiser dans ses propres envies et influences, c’est un choix qui imposerait presque le respect, le risque étant assez grand de perdre une partie du public si les styles diffèrent trop profondément. J’irais même jusqu’à dire que c’est louable de faire de choix, lequel semble finalement (avec la bénédiction de la production toujours menée par Tom Cruise) aller de pair avec l’envie de tout de suite renouveler une licence pourtant encore très jeune. Néanmoins, avec le recul, on comprendra très vite que les idées sont bien moins artistiques que guidées par une volonté de surprendre ou je ne sais quoi. Mais on en parlera un peu plus bas.

De « pas trop de fusillades » à « courses poursuites en moto et gunfights en même temps » en l’espace de deux films.

Pour ce M:I2, la production a pourtant de nouveau fait appel à Robert Towne, lequel avait très activement participé au scénario de David Koepp sur le premier film. Nous étions donc en droit d’attendre ici une histoire qui soit relativement du même tonneau que dans M:I1. Que nenni finalement puisque c’est en fait l’intégralité de l’essence-même du récit narré dans l’opus précédent qui est tout simplement oubliée. Pour dire les choses comme elles sont : M:I2 omet volontairement la quasi-totalité des codes insérés dans le film de De Palma, qui les tenait lui-même en très grande partie de la série d’origine. John Woo et Robert Towne se coupent complètement de cet héritage et décident d’aller gaiement faire leur soupe à leur façon. Et sur la base de ce choix, Mission: Impossible 2 tourne très vite à la négation de tout ce que proposait le précédent. Ainsi, c’est l’intégralité du style de M:I1 qui est ici abandonné au profit d’une approche qui va à l’exact opposé de ce que Brian De Palma avait formulé comme intentions de son propre opus. Là où l’homme derrière L’Impasse souhaitait réaliser un film d’action sans trop de fusillades, le cinéaste hongkongais décide de prendre le contre-pied complet de cette démarche. Et c’est de cette manière que M:I2 est devenu un blockbuster irréfléchi et, hélas, assez typique du film d’action hollywoodien du début des années 2000. Là où Mission: Impossible cherchait à nous en mettre plein la vue par un jeu d’ambiances, sa suite se donne pour tâche de le faire au sens littéral : l’objectif est d’épater vos mirettes par une débauche visuelle des plus débordantes ! Ce faisant, Woo zappe tout le travail proposé par De Palma avant lui et l’on en viendrait même à se demander s’il a regardé le premier Mission: Impossible avant de réaliser le 2…

« Mettez-moi des flammes partout ! »

Où est passée l’ambiance paranoïaque et inquiétante du premier volet ? Où est la mise en scène qui appuie cette ambiance lourde ? En prenant le relais derrière la caméra à l’aube des années 2000, John Woo impose son style, sa patte artistique propre et décide de totalement transformer l’œuvre à laquelle il s’attaque et ses codes, qu’ils soient relatifs au fond ou à la forme.

Les seules fois où John Woo essaie d’évoquer le travail mené précédemment, c’est en recyclant les idées de Brian De Palma.

L’on passe alors sans trop comprendre comment ni pourquoi du film d’espionnage assez respectueux du genre et de la série d’origine à un film d’action décomplexé où Woo s’en donne à cœur joie, le champ lui ayant été laissé vraisemblablement plus que libre afin qu’il y laisse son empreinte de manière très appuyée. En soi, je le répète, l’intention même de vouloir remodeler une série dès son deuxième volet n’a a priori rien de choquant. Cela a même pu donner d’excellentes surprises par le passé comme avec Aliens en 1986. Même si je regrette qu’on y perde toute l’ambiance du premier Alien de Ridley Scott, il n’en demeure pas moins que James Cameron a su pondre un film d’action plutôt réussi malgré sa différence vis-à-vis de l’original. L’analogie avec Mission: Impossible est d’ailleurs intéressante dans le sens où, dans les deux cas, on est passé d’un film misant essentiellement sur son atmosphère pesante à un autre qui place quant à lui ses billes sur de l’action pure et dure. Sauf que John Woo n’est pas James Cameron et que sa tentative de révolution avorte bien vite. Ou plutôt se fait-elle en vain. En voulant créer un divertissement explosif au possible (au propre comme au figuré), le réalisateur manque cruellement d’application, et son film de finition. Pêle-mêle, on notera ainsi une mise en scène parfois illisible, un film qui donne l’impression d’être intégralement au ralenti ainsi qu’une immense maladresse dans l’application de la symbolique habituelle du cinéma de John Woo avec notamment ses pigeons et autres colombes qui en deviennent malheureusement plus que ridicules.

A trop forcer sur ses propres clichés, John Woo en vient à se caricaturer lui-même.

Tout est cliché dans Mission: Impossible 2, sans véritable exception. Mise en scène donc mais aussi chorégraphie des combats, courses poursuites… Rien ne va droit pendant plus de cinq secondes, c’en devient affolant. Comment ne pas lever les yeux au ciel en voyant le niveau de kitsch de certaines séquences (même pour l’époque) ? Je pense notamment à ce face à face en moto entre Hunt et Ambrose où les deux ennemis la jouent à la dégonfle pour mieux se sauter dessus en marche. On pourra aussi ajouter parmi les exemples ce fameux coup de pied dans le flingue caché par le sable d’une plage, permettant de l’envoyer en l’air pour mieux l’attraper à la volée, pivoter et tirer en plein dans le mille… Tout est trop gros, tout le temps.
Et il en va de même pour les combats, si grossièrement chorégraphiés qu’ils en deviennent outranciers et finalement risibles. Ça virevolte dans tous les sens, on se demande si Hunt n’a pas suivi un stage intensif de capoeira avant de venir. Attention hein, je n’ai rien contre les combats plein de voltiges de base mais encore faut-il qu’ils soient bien faits. Ici, Ethan Hunt va de roulade en acrobatie tout le long du film (et la plupart du temps au ralenti comme je le disais) : c’est souvent inutile, tout le temps épuisant.

C’est éreintant…

Pour vous alléger un peu la dose de sel que je glisse pas très subtilement dans cet article, je vous passerai mon long couplet sur le côté ultra vieillot de M:I2 (même pour l’époque). Car au-delà de sa mise en scène plus que bancale et de ses chorégraphies martiales outrancièrement ridicules, il faudrait aussi évoquer les effets spéciaux assez moches dans leur grande majorité. Les moments où Hunt ou Ambrose enlèvent leurs masques par exemple feraient faire des nuits blanches aux enfants tant ils sont laids. D’ailleurs, on notera qu’à défaut d’autre chose visiblement, John Woo a ici fait du masque LE seul et unique élément de rebondissement et de retournement de situation de son film. Presque tous les moments où le scénario pivote un peu pour prendre le spectateur de court sont basés sur l’usage des masques, lequel devient alors plus qu’un simple élément d’identité de la licence. C’est dans Mission: Impossible 2 une roue de secours indispensable pour un scénario en cruel manque d’ingéniosité. Je reconnais néanmoins à certains passages reposant sur ce pied de nez un côté assez fin mais ils sont trop peu nombreux à être aussi bien intégrés au reste du film pour que ça puisse prétendre être remarquable.
Ce que je regrette profondément aussi dans ce film, c’est la grande incapacité de John Woo à faire des choix corrects sur l’ensemble de son oeuvre. Niveau ambiance, atmosphère, saisie du spectateur, il y a toujours tout à faire dans un Mission: Impossible, une sorte de champ des possibles interminable où fleurissent les bonnes idées. Hélas, cent fois hélas, ce cinéaste-ci n’a vraisemblablement que faire de ce champ-là. Souvenez-vous comment Brian De Palma en ramassait chacun des pétales dans le premier film : John Woo fait l’exact inverse.

Le silence bon sang, il fallait garder le silence !

L’exemple le plus flagrant demeure dans la gestion des silences en faveur du suspense ou tout du moins de la tension. Comme je le disais le mois dernier, De Palma a réussi un grand coup dans Mission: Impossible premier du nom avec cette fameuse séquence au siège de la CIA, laquelle se déroule dans un silence absolu, non seulement justifié par le scénario mais également par l’intention du réalisateur. D’entrée de jeu, M:I2 pouvait réaliser quelque chose du même genre. En introduction du film en effet, après la mise en place des principaux éléments de l’intrigue, nous retrouvons Ethan Hunt en pleine séance d’escalade de haute voltige. Reprenant à son compte le côté grand spectacle assumé du premier film et cherchant même à le pousser encore un tout petit peu plus loin, John Woo nous livre ainsi une séquence riche en tension puisque l’agent secret se livre ici à une varappe sans filet ni rien pour le soutenir. Une scène qui est à mon sens une des meilleures de tout le film, dans ce sens également où elle a apporté un petit plus à Mission: Impossible en tant que licence avec ce parti pris de livrer à chaque fois LA séquence où Hunt réalise des exploits à la limite du sur-humain, lui conférant une sorte d’aura super-héroïque qu’on lui retrouvera dans tous les films suivants. C’est ici la seule et unique chose que l’épisode réalisé par John Woo aura apporté à Mission: Impossible. Mais pour en revenir à la séquence dont je parlais, tout semblait bien partir et voilà qu’il dévisse complètement. Le silence eut été une gageure pour cette scène mais voilà que l’on préfère nous caler une petite chanson, Iko-Iko de Zap Mama, histoire de bien tout gâcher…

Mais le gros souci avec Mission: Impossible 2, c’est que le risque de ne pas y accrocher est immense en raison de partis pris excessivement forts. Ceux-là sont d’une part la conséquence d’une vision très personnelle de la chose. M:I2 est un film marqué par le style Woo à 100 % (et peut-être même un peu plus tant il en fait des caisses). Qu’on aime ou non ce qu’il en a fait, il est indéniable que John Woo s’est emparé de Mission: Impossible et l’a fait à son image, quitte à briser des espoirs, décevoir des fans du premier épisode et finalement prendre la quasi intégralité du public à contre-pied. Et si je déteste ce film (ne mâchons pas nos mots), ce n’est pas plus la faute de Woo que la mienne, qui suis parfaitement imperméable à ce style, à cette façon de faire qui ne me parle pas.
Reste qu’il ne faut pas non plus totalement dédouaner le cinéaste. Car aussi personnel que le projet puisse être sur le papier, le produit fini n’en demeure pas moins hyper formaté. Mission: Impossible 2 est un pur produit de l’industrie du blockbuster hollywoodien du début des années 2000, dans les moindres recoins. Gonflé en action jusqu’à l’étouffement, il est là pour attirer dans la nasse de la licence un public jeune et avide de grosses scènes d’action, de testostérone dégoulinante, d’explosions en veux-tu en voilà et de ce genre de choses où la forme prime grandement sur le fond. Et finalement, le film est presque victime de ce cinéma dans lequel il cherche à s’insérer et qu’il tâche peut-être même de rendre encore plus gros à l’époque. M:I2 est tel qu’il est parce que c’est ce qu’Hollywood produisait à l’époque en matière de film d’action. Ce n’est pas pour rien si la carrière de Michael Bay a explosé à cette époque, un peu dans la continuité de celle qu’a connue Roland Emmerich entre 1995 et 2000 avec notamment Independence Day ou Godzilla

Le côté irréprochable et parfait des héros est une autre particularité de ces films d’action de l’époque, ce qui les a fait vieillir prématurément.

Le scénario, comme dans une grande partie des œuvres des deux autres réalisateurs que je viens de mentionner, est d’ailleurs bancal à l’extrême et sert beaucoup plus souvent de prétexte à des scènes ébouriffantes qu’autre chose. Aucune psychologie des personnages, aucun travail sur le background, aucun souci de l’ambiance, M:I2 est là pour décoiffer qui le regarde, rien de plus. Pire, il ne cherche même pas à faire preuve d’originalité et se contente d’assembler les pièces d’un puzzle dont le titre serait « Le retour sur investissement ». Ou peut-être « Si ça marche ailleurs, pourquoi pas chez nous ? »…

Si ça a plu avec James Bond, pourquoi pas avec Ethan Hunt ?

Car quand on y regarde de plus près, et sans aller comme certains à parler de plagiat à proprement parler, le scénario de ce Mission: Impossible 2 se paie le luxe d’être non seulement insipide car très mal cousu, mal conçu dans ses tenants et aboutissants et mal porté par des personnages à l’écriture fade, mais en plus, il apparaît comme ayant un tantinet pompé GoldenEye dans les grandes lignes. Evidemment, le déroulé de l’histoire (si l’on considère qu’il y en a une) n’a pas grand chose à voir, mais l’inspiration semble bien là, dans quelques détails : l’ex-agent devenu méchant qui se retrouve à combattre son ancien collègue/ami/rival/on ne sait pas trop ; la scène de course-poursuite en bagnole entre le héros et la caution féminine du film ; l’ouverture sur un exploit du héros (ici l’escalade, dans GoldenEye le saut du haut du barrage)… M:I2 regorge ainsi d’éléments qui, plus que des clins d’œil, semblent avoir été adaptés des points-clés de son illustre homologue estampillé 007. Le tout réuni dans le premier, sans les qualités du second.

Face à ce déluge de ratés et d’erreurs, on aurait au moins pu espérer que la distribution sauve les meubles. Hélas, malgré un Tom Cruise qui avait su se montrer très convaincant dans le premier opus, malgré un cameo de Sir Anthony Hopkins, le navire prend l’eau de ce côté également. Hopkins pour commencer, est un immense acteur mais il a souvent connu des égarements avec des rôles de plus ou moins grande envergure dont on n’a toujours pas compris ce qu’il était aller faire dans cette galère. Dans cette liste, il y a InstinctTranformers : The Lasr Knight et Mission: Impossible 2

Thandie « Monolithe » Newton

Enfin bref, ce n’est qu’une petite apparition. Ce n’est pas comme pour Thandie Newton, une des trois têtes d’affiche de cet épisode. L’actrice livre dans l’intégralité de ses scènes une interprétation digne des meilleures séries B. Incapable de développer les bonnes émotions au bon moment et de ne pas se livrer à un sur-jeu caricatural, elle finit de rendre son personnage de Nyah ridicule, elle qui n’avait déjà pas besoin de cela vu la façon dont elle est écrite. Mais le pire reste encore la prestation de Dougray Scott, qui frise bon la série Z pour le coup. Le pauvre est risible du début à la fin du film, appliquant avec une minutie incroyable tout ce qui ne va pas dans l’acting des méchants de films d’action de cette époque. Grossissant grossièrement le trait à chacune de ses apparitions, il est clairement ce qu’il y a de pire dans ce film. Je n’irais pas jusqu’à parler de honte, mais on n’en est pas bien loin.

Individuellement ce n’est déjà pas terrible mais alors les deux ensemble…

Et puis il y a Tom Cruise. Lui dont je vantais tant les mérites quand il s’agissait d’évoquer M:I1 le mois dernier, que je défendais autant que possible, voilà que je le trouve invraisemblablement à côté de la plaque ici. A côté des calamités Newton et Scott, Cruise oublie son Ethan Hunt et fait n’importe quoi. Et si la direction d’acteurs peut être à accuser, il n’en demeure pas moins que l’on a ici affaire à un délire un peu particulier du comédien. En fait, si le film semble très personnel quand on voit comment John Woo l’a façonné, il semble l’être aussi pour son interprète principal, lequel se livre en gros à un immense ego trip. Présent dans tous les plans du film ou presque (même certains où son personnage n’est pas là, c’est dire), Cruise se montre plus qu’il ne vient jouer son rôle. Ce n’est plus Ethan Hunt que j’ai en face de moi, c’est Tom Cruise jouant avec le personnage qui a fini de le propulser. Il en fait son pantin, le détourne dans les tous les sens. Après tout, quitte à tout changer, pourquoi ne pas dénaturer Mission: Impossible jusqu’à son personnage central ?

Le scénario impose à Tom Cruise de jouer sur un tout autre registre en de fugaces instants. Mais bon, voilà ce que ça donne quoi…

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Je me doute qu’il y en aura un certain nombre pour être d’accord avec tout ce que je viens de vous dire mais je n’en doute pas moins que celles et ceux qui estiment que j’ai faux sur toute la ligne sont peut-être aussi nombreux. Un film aussi franc dans sa façon d’être, aussi tranché et, allez, radical même ne peut qu’avoir ses profonds détracteurs et ses invétérés défenseurs. Mais au-delà de la scission qu’il entraînera dans le public, Mission: Impossible 2 demeure une étape marquante dans l’histoire de cette licence, faite de la perte d’un certain nombre de repères au profit de la recherche de bien d’autres qui resteront ou non (la majorité aura dégagé dès l’épisode suivant). C’est un cas à part, le genre de film qu’on adore ou qu’on déteste et dont une petite partie seulement n’arrivera pas à savoir ce qu’elle en pense. Dans tous les cas, on y reviendra quand même, soit pour reprendre sa dose, soit pour essayer de comprendre ce qui a bien pu se passer.
De notre côté, on a fini d’en parler dans le cadre de cette rétrospective et on se retrouve le mois prochain, le 21 Novembre exactement, pour parler d’une autre grande étape dans la série Mission: Impossible avec M:I3 !

3 réflexions sur “[Rétrospective] « Mission: Impossible 2 », John Woo, 2000

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