[Revenir au sommaire et préambule de cette rétrospective]
Harry Potter et les Reliques de la Mort – 2ème Partie, film fantastique de David Yates. Avec Daniel Radcliffe, Emma Watson, Rupert Grint, Ralph Fiennes…
La note du Koala : 3,5/5
Ce film est la suite de Harry Potter et les Reliques de la Mort – 1ère Partie (D. Yates, 2010).
Le pitch : Après avoir échappé une nouvelle fois à Voldemort (R. Fiennes) et à ses Mangemorts, Harry (D. Radcliffe), Ron (R. Grint) et Hermione (E. Watson) se remettent en recherche des Horcruxes. Bientôt, leur quête les amène à revenir à Poudlard, où l’un de ces objets serait caché. Mais surtout, c’est à l’école – désormais dirigée d’une main de fer par le professeur Rogue (A. Rickman) – que la bataille finale aura lieu.
La critique : Nous touchons enfin au but. Après sept films, la saga Harry Potter s’offre avec ce huitième épisode sa fin tant attendue. Cela aura été une chouette aventure que de suivre ainsi celles de Harry et ses amis dans leur monde de sorciers et cette deuxième partie des Reliques de la Mort s’annonce à qui s’apprête à le regarder pour la première fois comme l’épique conclusion d’une franchise qui aura clairement marqué les années 2000.
Que dire en ouverture d’une critique de cette deuxième partie ? Le caractère conjoint de ce film avec son prédécesseur limite en effet les possibilités, leur genèse étant bien entendu commune. Inutile donc de revenir sur le fait que David Yates est pour la quatrième fois consécutive derrière la caméra. Ou alors seulement pour dire que vu ce qu’il a fait sur la première partie, on s’attend ici à trouver au moins aussi bien, que ce soit en termes de découpage, de fond et de mise en scène. Le premier volet des Reliques de la Mort se voulait en effet assez exemplaire finalement de la façon dont une adaptation de Harry Potter peut (doit ?) être conçue : fidèle au roman tout en sachant faire les choix qui s’imposent sans dénaturer l’œuvre originale mais aussi esthétiquement chiadée et cohérente. Mais il y a a priori peu de choses à craindre de ce côté puisque l’intégralité de cette conclusion fut bien sûr tournée en une seule foulée et si l’on a apprécié la première partie, tout porte à croire que l’on appréciera la seconde. Sur le fond ensuite, ce deuxième temps des Reliques de la Mort s’annonce épique sur le papier. C’est en effet, a contrario de la première partie plus axée sur la quête des Horcruxes, celle où les événements les plus belliqueux vont avoir lieu. De bataille en bataille, ce tout dernier film promet d’être riche en dynamisme. Trop ? Peut-être car si cette succession de luttes permettait au roman (qui était en un seul volume lui) de s’offrir une fin idéalement calculée car offrant un regain considérable d’action dans ses derniers chapitres, il y a éventuellement à craindre ici que le tout étouffe le film, lequel n’a finalement plus « que » ça à donner.

David Yates, ici en plein tournage d’une scène de bataille à Poudlard, aura finalement réalisé la moitié de la saga.
Je me rends finalement compte à mesure que je réfléchis à ce que je vais vous dire ici que j’aurais peut-être mieux fait de faire un seul et même article pour l’ensemble des deux parties des Reliques de la Mort. Pourquoi ? Parce que je crains qu’il n’y ait des redites par rapport à la critique de la semaine dernière dans celle que je vous propose aujourd’hui. Tant pis, pour la peine je vais commencer par vous faire une liste de « confirmations », ces éléments qu’on voyait déjà dans la première partie et que l’on retrouve nettement ici. Pour ce qui est des nouvelles choses à dire, nous verrons cela ensuite. Car il y en a des choses qui font écho au précédent film ici. Comment ne pas penser à la mise en scène, laquelle repose essentiellement dans cette conclusion sur ce que David Yates développait juste avant lors des scènes d’action comme au Ministère de la Magie par exemple. On retrouve alors cette volonté d’offrir du grand spectacle soulignant la gravité et la dangerosité des péripéties auxquelles Harry et ses deux amis font face. Souhaitant leur donner encore plus d’intensité, le cinéaste ne lésine pas sur les moyens et n’hésite pas à user et abuser d’une débauche d’effets visuels dont la plupart sont tout bonnement excellents même s’il arrive parfois qu’ils envahissent trop l’écran. Je pense en particulier à ce que nous trouvons à chaque fois qu’un Horcruxe est détruit, à savoir une énorme déflagration ou un torrent d’eau déchaîné. C’est plutôt joli, assez bien conçu et ça en met plein les mirettes mais peut-être est-ce un chouïa trop. On pouvait d’ailleurs déjà penser cela dans la partie précédente lors de la destruction du médaillon. Autre effet que Yates emploie en vue d’intensifier ses scènes d’action, il ponctue ces dernières de ralentis sont la qualité est corrélée et inversement proportionnelle au nombre, suffisamment faible pour ne pas devenir lourd. A côté de cela, cet ultime film reprend les grandes bases qui ont fait le cinéma de David Yates sur la franchise, dont cette excellente habitude qu’est sa façon de relier fond et forme afin de donner au propos toute sa texture dans une mise en scène aux cadrages judicieusement choisis et à la colorimétrie encore une fois réfléchie. Il est intéressant d’ailleurs de constater comment, après trois films qui s’assombrissaient progressivement, on revient peu à peu vers quelque chose de bien plus lumineux avec celui-ci. Les plans marqués par une lumière vive comme l’on pouvait en retrouver aux insouciants temps de Harry Potter à l’Ecole des Sorciers reprennent enfin leur place, soulignant ainsi l’évolution de l’histoire et son cheminement dans ses derniers instants. Bref, ça donne le sentiment que la boucle est bouclée et c’est pas mal du tout.

Si l’ensemble de la mise en scène et de la photographie reste louable, il n’en demeure pas moins que certains plans – comme celui-ci – sont assez éculés.
Mais si cette seconde partie des Reliques de la Mort s’inscrit finalement très bien dans la continuité de la franchise et en assure un achèvement plus que correct, il y a quand même deux ou trois choses qui en font un moins bon film que son prédécesseur. Oh ça ne veut pas pour autant dire que celui-ci n’est pas bon, bien au contraire, mais je dois avouer que je le trouve moins équilibré. Cette question d’équilibre justement, c’est quelque chose que j’évoquais dans l’article précédent où j’estimais que la première partie jouissait finalement d’un traitement remarquable en ce sens qu’il savait très bien se faire succéder les scènes d’action et celles moins intenses, offrant ainsi une rythmique certes usitée mais néanmoins efficace, en particulier dans le contexte de ce dernier opus de la franchise, lequel se veut être (je parle ici du roman) le plus complet à mon goût. J.K. Rowling livrait en effet dans le roman d’origine un contenu qui oscillait très bien entre l’action inhérente à toute conclusion épique mais aussi quelque chose de plus réfléchi qui faisait assez bien écho à la façon dont elle avait tourné le roman Harry Potter et le Prince de Sang-Mêlé. Seulement voilà, comme je l’envisageais rapidement quelques paragraphes plus haut, cette deuxième partie voit son contenu devenir à la fois une force et une faiblesse. C’est un atout dans le sens où c’est de l’action quasiment non-stop du début à la fin. Entre Gringotts, l’arrivée à Pré-au-Lard et la succession d’événements dantesques qui se déroulent à Poudlard, on en prend plein les yeux tout du long. Et c’est assez bien foutu pour qu’on ne rechigne pas à cette débauche de batailles et duels qui faisait tout le sel de la fin du roman. Le souci, c’est que cela devient une faiblesse dans le sens cette fois-ci où cette deuxième partie n’a – comme je le disais – plus que ça à offrir. Et c’est dommage au final car ça en deviendrait presque trop lourd. Exit alors la question de la relation entre Ron et Hermione par exemple (ou tout du moins n’est-elle traitée que brièvement) ou la situation de Poudlard sous l’ère Rogue. En fait, je pense que cette deuxième partie des Reliques de la Mort manque essentiellement de respirations qui permettent d’aérer un peu le film entre deux séquences d’action. Et si l’on ne peut pas mettre ça sur le dos de l’adaptation en tant que telle (après tout, c’est ce qu’il restait à traiter qui l’est ici), cela questionnera chez certain le choix d’un découpage en deux parties. Si je pense encore et toujours à titre personnel qu’il s’agissait d’une bonne solution, sinon de la meilleure, je ne peux nier que cela a induit une forme d’inégalité somme toute très relative entre les deux opus conclusifs de cette saga. Reste que ce tout dernier épisode ne manque pas de quelques-unes de ces respirations à mon sens trop peu nombreuses mais qui sont pour le coup très appréciables. Rappelons-nous en particulier de la dernière apparition de Severus Rogue, de la séquence dans les souvenirs de ce dernier ou encore de la dernière discussion entre Harry et Dumbledore, trois scènes qui auront su éveiller en moi une émotion certaine.

Seule l’ouverture du film – avec ses scène sincluant Gripsec et Ollivander – peut prétendre lui offrir une respiration avant une succession d’événements intenses sur toute la durée de l’oeuvre.
Sur la distribution, je vais faire court car il n’y franchement pas grand-chose à ajouter vis-à-vis de ce que je disais dans l’article sur la première partie. Je continue ainsi de croire que le trio Radcliffe/Grint/Watson a atteint son maximum sur ces films-ci, avec Emma Watson en tête de file pour tout vous dire, l’actrice livrant en effet dans ces deux derniers films ses meilleures prestations de l’ensemble de la saga, elle qui a quasiment toujours dominé de la tête et des épaules le jeu de ses deux petits camarades (lesquels se sont néanmoins également bonifiés avec le temps). Ralph Fiennes quant à lui excelle toujours autant dans le rôle de Voldemort et a finalement apporté quelque chose de vraiment intéressant à ce personnage dont j’avoue que j’avais toujours eu du mal à me faire une image de lui en lisant les livres originaux. Le comédien rend cet illustre méchant particulièrement charismatique et effroyable à la fois, ce qui constitue une mélange que j’apprécie particulièrement. Un mot rapide pour évoquer Matthew Lewis, lequel a su au fil des films faire évoluer son Neville Londubat dans la bonne direction, le rendant progressivement de plus en plus important même sans que l’on s’en rende compte. Le personnage, grâce au travail de celui qui l’incarne, trouve ici lui aussi son aboutissement complet, un peu comme Ginny Weasley, campée par Bonnie Wright. Mais c’est surtout sur Alan Rickman que j’aimerais revenir. Profitant des révélations faites autour de son personnage de Severus Rogue dans cet opus, l’inoubliable interprète de Hans Gruber dans le premier Die Hard se voit enfin donner l’occasion d’étaler son talent en allant surprendre le spectateur – lequel pouvait potentiellement déjà être surpris par Rogue s’il ne connaissait pas l’histoire avant de voir le film – grâce à un jeu qui, dans les derniers instants et au cours d’une séquence quasiment parfaite, va plus loin que jamais. Rickman débarrasse Rogue de tout ce qui avait fait le personnage au cours de la décennie écoulée et le réinvente carrément en saisissant chaque opportunité qui lui est donnée en seulement cinq minutes. Un travail admirable qui finit d’installer Alan Rickman dans le haut du panier des meilleurs comédiens de la saga.

Alan Rickman livre une excellente dernière prestation dans cette deuxième partie des Reliques de la Mort.
Bien. On en est arrivé au bout je crois. Ça aura été une belle conclusion que celle de la saga Harry Potter au cinéma. Servie par des adaptations très globalement de qualité, la franchise s’achève ainsi de la meilleure des façons avec un double dernier épisode de haute volée quoi que relativement inégal. On en garde néanmoins un excellent souvenir. A titre personnel, je sors de cette rétrospective avec le sentiment que Harry Potter est sans aucun doute LA franchise des années 2000, devant Le Seigneur des Anneaux ou devant Star Wars. En dix ans, cette série de huit films aura été un rendez-vous incontournable auquel j’ai toujours assisté avec le plus grand plaisir (même malgré Le Prince de Sang-Mêlé). Et le fait d’avoir ainsi revu l’intégralité de ces adaptations sur un temps finalement assez court me revoie à l’émerveillement ressenti en découvrant L’Ecole des Sorciers, au ravissement devant le renouveau apporté par Le Prisonnier d’Azkaban et à l’intensité des dernières aventures de Harry, Ron et Hermione. Le fait d’avoir suivi ces trois-là sur la longueur et d’avoir pu ainsi observer leur évolution et celle de leur univers en si peu de temps m’a beaucoup plu et aura su réveiller en moi quelques émotions rendues – je le pense – plus fortes encore par le simple fait que j’ai revu les films les uns à la suite des autres, pour ainsi dire dans une seule et même foulée. Nul doute que je renouvellerai l’expérience à l’avenir ! C’était vachement bien.
Le « Oh, au fait ! » :
Bill Weasley, le frère éleveur de dragons de Ron, est incarné dans les deux parties des Reliques de la Mort par Domnhall Gleeson qui n’est autre que le fils de Brendan Gleeson, lequel campe Maugrey Fol’Œil depuis La Coupe de Feu.
Cette deuxième partie des Reliques de la Mort est le plus gros succès de la licence au box office et constitue même le 7ème plus gros succès de tous les temps.
Contrairement à la première partie, cette suite fut directement exploitée en 3D en salles.
Pingback: [Rétrospective] Harry Potter et les Reliques de la Mort – 1ère Partie, David Yates, 2010 | Dans mon Eucalyptus perché
Pingback: Rétrospective « Harry Potter – Préambule | «Dans mon Eucalyptus perché