Le seul souvenir que j’ai de la saga Alien, c’est le premier film. N’ayant jamais vu entièrement les trois suites au Alien sorti en 1979, je me raccroche logiquement à cet épisode initial façonné par Ridley Scott et mettant évidemment en scène Sigourney Weaver dans le rôle d’Ellen Ripley, l’une des héroïnes les plus badass que je connaisse. Et je me souviens que j’avais quand même pas mal flippé devant Alien. Suffisamment pour en faire un des ces films que j’ai bien envie de revoir mais je n’ai pas encore osé relancer (il le faudra bien pourtant, je vous ai promis une rétrospective de la saga…). Un souvenir donc qui me laissait frémir devant Alien : Isolation sans même l’avoir lancé ou ne serait-ce qu’acheté. Et puis, un beau jour, il était à 4€99…
Pour vous la faire simple concernant les principes de base d’Alien : Isolation, le jeu est sorti en 2014 et met en scène Amanda Ripley, la fille d’Ellen. L’histoire se déroule 15 ans après les événements survenus à bord du Nostromo dans le premier Alien et nous raconte comment ladite Amanda se rend sur la station spatiale Sebastopol, où a été amenée la boite noire du Nostromo après que le vaisseau Anesidora l’a retrouvée. Sur place, Amanda découvre que la station a sombré dans le chaos et, surtout, qu’une créature plus que dangereuse rode dans l’ensemble de la structure. Comme sa mère 15 ans auparavant, Rippley va donc devoir faire face au Xenomorphe. Le jeu se propose alors d’être un mélange entre survival horror et infiltration avec des aspects venus des deux genres qui vont très régulièrement (sinon tout le temps) se croiser, s’entre-choquer et fonctionner ensemble. A nous donc de prendre en main Ripley Jr. pour l’aider à arpenter toute la station Sebastopol tout en évitant non seulement l’Alien mais également les différents survivants, lesquels peuvent s’avérer tout aussi dangereux. Le statioport a en effet sombré dans le chaos et une forme d’anarchie règne où chacun tente de sauver sa peau, quitte à trouer celle des autres. Un instinct de survie exacerbé par la raréfaction de toutes sortes de ressources dans l’installation et par conséquent la nécessité de protéger farouchement celles que l’on arrive à dénicher (tout du moins je vous dis cela mais ça concerne essentiellement les PNJ pour lesquels cet aspect-ci de toute l’affaire sert de prétexte à en faire des antagonistes). Ajoutez aussi à cela le fait que chacun voudrait bien surtout se tirer du chemin avant de se faire bouffer et que tout le monde sait pertinemment que les places sont limitées… Alien : Isolation part donc sur des bases très saines si l’on se place du point de vue du survival horror, n’est-ce pas ?

Chose appréciable pour les fans, Alien : Isolation reprend à son compte toute la charte esthétique du premier film, ce qui ne manque pas de lui donner un certain cachet.
Le survival horror d’ailleurs, ce n’est pourtant pas ma came à la base, pour la simple et bonne raison que je suis une petite flipette qui tressaille pour un rien. Ne serait-ce que Zombi U, qui n’est pourtant pas le plus grand jeu du genre (bien que très sympathique au demeurant) m’a flanqué des chocottes que je me serais bien épargnées. Il me faut peu de choses moi, vous comprenez. Et Alien : Isolation avait a priori tout pour me forcer à passer mon tour sur son cas pour les raisons évoquées plus haut. Fort heureusement, l’envie d’expérience a été le plus fort et j’ai quand même acheté et installé ce jeu sur ma Xbox One. Un choix dont je dirai sans exagérer qu’il fut on ne peut plus judicieux tant l’expérience justement a été belle. Enfin « belle »… Disons plutôt qu’elle fut riche et prenante. Je me suis surpris à entrer complètement dans Alien : Isolation et à le vivre corps et âme, grâce notamment à cette option que j’ai activée grâce à Kinect et qui permettait de prendre en compte le bruit que je faisais moi-même en tant que joueur manette en main dans mon appartement. Dès lors, il m’aura notamment suffi d’éternuer une fois sur mon canapé pour voir surgir l’alien tant redouté devant moi juste quelques secondes avant qu’il ne m’ouvre le bide… Ça n’a l’air de rien mais c’est foutrement bien. J’ai ainsi joué quelque temps enrhumé avec une pression supplémentaire à l’idée que la moindre petite incartade sonore pourrait m’être fatale. Quoi de mieux pour s’imprégner le plus possible de l’ambiance d’un jeu. Aussi seul dans mon studio que Ripley sur Sebastopol, je me suis senti menacé de A à Z en parcourant la station abandonnée. En fait, pour tout vous dire, je crois que je n’ai jamais autant flippé devant un jeu. Et il n’y avait pas besoin pour cela que l’alien soit là où qu’un androïde me cherche des noises (saloperies de synthétiques d’ailleurs…), l’ambiance générale du soft étant tout simplement impeccable. Silencieux et obscur, Alien : Isolation est à la limite d’être glauque par moments et le moindre petit bruit au loin pourra vous faire réfléchir à deux fois avant de vous aventurer dans tel ou tel couloir.

Faut être con quand même pour éternuer dans un moment pareil…
Au-delà de ça, Alien : Isolation pourrait servir de modèle à bien des jeux tant il est intelligemment construit. Je ne suis pas certain qu’on puisse dire de lui que c’est un summum absolu, tant en termes de gameplay que de graphismes par exemple mais il a néanmoins tout ce qu’il faut là où il faut. Le gameplay par exemple n’invente pas grand-chose mais repose sur une mécanique qui s’applique parfaitement à ce jeu. Reprenant aux Silent Hill et autres Resident Evil quelques codes du genre, il n’hésite pas à piocher également dans la vaste et floue sphère des Metroidvanias avec notamment cette idée de de nous faire faire quelques allers et retours au gré des découvertes de tel ou tel accessoire ou matériel. Le joueur est en effet régulièrement amené à faire face à des portes closes dont l’ouverture nécessitera un équipement qui n’est pas encore à sa disposition. Contrairement à un Metroid cependant, Alien : Isolation imposera progressivement de passer à de nouvelles zones sans jamais vraiment revenir aux précédentes. Mais est-ce bien grave ? Pas vraiment car ce jeu n’a pas vocation à être un Metroidvania de plus. Au lieu de cela, Alien : Isolation s’inspire de différents modèles puisés dans différents genres et recoupe les différents ingrédients ainsi récupérés pour en faire une popotte à sa sauce et qui fonctionne parfaitement bien. Et si au fond, il n’invente du coup pas grand-chose (sinon rien), il réussit à offrir une expérience qui, par la multiplicité de ses aspects, deviendrait presque unique. Sans compter que tout ceci prend place dans une map qui se veut être exemplaire à mon sens en termes de level design. Labyrinthique, la station Sebastopol est incroyable à parcourir et regorge de coins et surtout de recoins auxquels on ne s’attend pas. Mieux que ça, elle s’apprivoise progressivement par l’erreur. Vous n’aviez pas vu cette trappe au plafond par laquelle l’alien vous a bondi dessus ? Vous penserez désormais à vérifier aussi au-dessus de votre tête en avançant. Je suis même à peu près certain qu’en ayant terminé le jeu, il y a encore des passages, des raccourcis, des cheminements que je n’ai pas suivis, voire même pas soupçonnés l’espace d’un instant.
En bref, cet Alien : Isolation fut une vraie bonne surprise, sous plusieurs aspects. D’abord parce que je ne m’attendais pas à trouver un jeu d’une telle trempe. Solide sur bien des plans, celui qu’on nous avait plus ou moins vendu à l’époque comme « le petit jeu » de The Creative Assembly et de Sega en impose pas mal. Pas réellement inventif, Alien : Isolation fait néanmoins preuve d’une intelligence certaine en allant puiser dans différentes sources pour offrir un résultat de très bonne facture. Le surival horror y passe bien entendu mais aussi l’exploration, l’infiltration, l’action… On a finalement droit à un très chouette pot-pourri auquel il ne manque pas grand-chose, si ce n’est un rapide peaufinage du scénario, lequel passe rapidement au second plan face à l’enjeu conjoint majeur que forment la fuite de la station et la survie face au Xénomorphe.
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Il me semble que j’ai vu un gameplay sur le jeu Alien: Isolation sur YouTube. Je trouve qu’ils ont essayé autant que possible de garder le même esprit que le film.
C’est tout à fait ça, on se croirait dans une suite idéale au tout premier Alien. 🙂
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