J’y aurais mis le temps mais il fallait bien que je revienne avec un article. Mais avec mon emploi du temps surchargé (hum hum…), j’ai du mal à trouver le temps/la motivation à consacrer à l’écriture sur ce blog. Je réfléchis en tous cas à la nouvelle périodicité à donner à mes publications mais n’est rien n’est bien défini dans ma tête pour le moment. Enfin bref…
Fut un temps, Daredevil était un de mes super-héros favoris, aux côtés de Batman. Et c’est assez étrange finalement parce que je le connais excessivement mal (c’est aujourd’hui encore le cas je pense). Je n’ai pas lu et ne lis toujours pas les comics dans lesquels il apparaît et mon seul véritable contact avec lui eut lieu avec l’innommable Daredevil de Mark Steven Johnson et dans lequel Ben Affleck campait le justicier aveugle. Mais il y avait quand même un truc, un je ne sais quoi qui m’intéressait profondément avec ce personnage. Sa cécité et son aptitude à passer outre y est sans doute pour quelque chose, sa façon de concevoir et rendre la justice également. Cette série de Netflix était donc l’occasion rêvée de me frotter à nouveau à ce héros et c’est alors que la saison 2 débarquait sur le service que je me suis fait l’intégralité des 26 épisodes actuellement disponibles.
C’est pour Daredevil que je me suis mis à Netflix, il faut bien l’avouer. Tanné que je l’ai été par mes camarades de Twitter qui insistaient depuis plusieurs mois pour que je prenne un abonnement, j’ai finalement cédé aux sirènes du diffuseur pour retrouver le démon de Hell’s Kitchen. Au final, ce fut une bonne chose puisque je me suis depuis mis à tout plein d’autres trucs. Trop, sans doute mais là n’est pas la question… Je ne connaissais strictement rien à l’univers télévisuel Marvel, ce penchant pour le petit écran que le studio a mis en place pour accompagner son univers cinématographique déjà bien assez dense (trop ?), si ce n’est l’inégale série Agents of SHIELD que j’ai laissée en stand by à l’issue d’une première saison que j’ai déjà eu bien assez de mal à terminer. Si le sujet n’est pas là, sachez que je l’ai trouvée peu inspirée, peu entrainante et au final peu intéressante, si ce n’est dans quelques épisodes épars. Sans doute lui redonnerai-je sa chance un jour, d’autant qu’elle est…sur Netflix. Enfin bref, même si j’en avais de bons échos de manière générale, je ne savais pas trop ce qu’il allait en être de Daredevil, d’autant que Jessica Jones (autre série Marvel lancée plus tardivement) avait divisé et que j’étais peut-être passé à côté des commentaires les moins élogieux concernant le démon de Hell’s Kitchen. Je me suis néanmoins surpris à me lancer dans le premier épisode avec un envie non feinte, chose plutôt rare quand j’attaque une série dont je ne sais quasiment rien.
Et finalement, à l’issue des deux premières saisons de cette série qui en comptera bientôt une troisième ainsi qu’un spin off dédié au Punisher (intégré dans la série lors de la saison 2), comment ne pas être conquis ? Déjà, Daredevil est loin d’être une série lambda sans saveur ni intérêt. Bien au contraire, sur ses deux saisons, elle fait l’effort de proposer un contenu qui soit à la hauteur d’une production Marvel. Entendez par là, à la hauteur d’une production qui coûte de l’argent, qui fait énormément de promesses, et qui doit rapporter beaucoup derrière tout en respectant au mieux ses promesses, ce que l’UCM (Univers Cinématographique Marvel) réussit peu ou prou à faire selon les films et les phases auxquels on va s’intéresser. Avec Daredevil, rien de bien méchant à redire, la série assurant le job au mieux et réussissant le pari d’apporter un œil neuf sur ce que Marvel propose de manière générale depuis près de 8 ans maintenant avec le premier Iron Man de Jon Favreau. Tout ce qu’on pourrait éventuellement lui reprocher un peu c’est d’avoir un côté parfois un peu trop Law & Order chez les super-héros. La série se compose en effet autour de deux axes, le premier étant bien entendu celui de la lutte de Matt Murdock sous le masque de Daredevil et le second celui de celle qu’il mène dans son costume d’avocat aux côtés de son ami Foggy Nelson. Et sur ce deuxième axe, on pourra parfois dire de Daredevil qu’elle prend trop son temps ou qu’elle cherche éventuellement à trop en faire. Alors que sur tout ce qui touche à Daredevil en tant que héros, je n’ai strictement rien à reprocher, vraiment. La façon dont le personnage est traité sur l’ensemble des deux saisons et la façon dont il évolue sur les 26 épisodes qui les composent me laissent séduit, pour ne pas dire admiratif.

J’ai beaucoup aimé cette idée de progression entre les premières nuits en costume noir fait maison de Daredevil jusqu’à son apothéose concrétisée par son costume rouge.
Mais n’est-ce pas une bonne chose finalement que faire le choix de se démarquer ainsi du reste des œuvres Marvel ? Depuis Iron Man, c’est un peu toujours la même sauce qu’on nous sert à chaque nouveau film. Daredevil au contraire s’oriente dans une toute autre direction, non seulement avec la façon dont le récit est construit mais aussi avec la manière dont le personnage du super-héros (en tant qu’archétype) est traité. Daredevil n’est ni Iron Man, ni Captain America, ni Hulk… Il est à part, sa vision de la justice lui étant totalement propre et celle-ci est brutale, rapide, partiale parfois… Daredevil se démarque autant de ses collègues super-héroïques que cette série vis-à-vis de ce que Marvel a produit jusque là. A l’image de son héros, cette production Netflix est violente et rapide, s’autorisant ce que les formats cinématographiques se refusent à faire depuis toujours dans l’UCM. Qu’on se comprenne (et sans que cela ne soit réellement du spoil), voir Wilson Fisk littéralement réduire en bouillie la tête d’un mec avec la portière de sa voiture (bruitages et hémoglobine à la clé), ce n’est pas quelque chose que l’on attend de Marvel. Ou plutôt si, on aimerait que Marvel fasse cela plus souvent mais il n’y a finalement que Daredevil pour nous offrir ce genre de séquences, celle-ci n’était qu’un exemple parmi d’autres. Au rayon des choses que la série fait et pas les films, on pourra aussi évoquer ce souci de la mise en scène, et notamment ces deux plans séquences (un par saison) qui, bien que montés (et cela se remarque surtout dans celui de la saison 2), n’en demeurent pas moins des pépites visuelles comme on n’en trouve que trop rarement dans les aventures de Tony Stark et compagnie.

Et puis ce générique, oh là là !
Mais ce qui marque le plus les esprits selon moi dans Daredevil, ce sont ses personnages. Oh bien sûr, on pourrait passer des heures à parler de Matt Murdock et de son alter ego justicier, dire à quel point il est intéressant et flamboyant, etc… On pourrait aussi prendre le temps de souligner l’interprétation de Charlie Cox dans ce rôle, pas impeccable certes mais néanmoins réussie et qui a le mérite de s’améliorer sans cesse à mesure que les épisodes passent. Mais trop de choses très correctes ont été dites à son sujet et je préfère (parce que ça sera plus rapide comme ça, faut bien le dire aussi…) parler plutôt de mes réels coups de cœur comme Wilson Fisk justement, aka le Caïd, ce milliardaire a l’ego aussi démesuré que le portefeuille et qui se veut être l’idéal colosse face à l’avocat infirme (j’adore d’ailleurs comme Daredevil devient la passerelle entre les deux, ce moyen d’équilibrer les rapports de force, comme si l’idée d’une justice équilibrée trouvait toute sa personnification dans ce personnage et dans la façon dont il lie Murdock et Fisk). Dans cette série, Wilson Fisk est un personnage ambivalent, aussi doux avec ses proches qu’ultra-violent avec ses ennemis. Il n’y a pas de juste milieu chez lui, il est un extrême et son opposé et Vincent D’Onofrio réussit à rendre grâce à la complexité du personnage par sa capacité à passer lui aussi d’un extrême à l’autre, un peu comme il le faisait déjà avec son rôle de Léonard Lawrence (aka Baleine ou Gomer Pyle en VO) dans Full Metal Jack de Stanley Kubrick à l’époque. Mais Fisk n’est pas le seul personnage de cette trempe dans Daredevil et ce serait une erreur de ne pas mentionner le Punisher, incarné dans la saison 2 par l’incroyable Jon Bernthal. Le Punisher est quelque part entre Fisk et Daredevil, sorte de penchant négatif et sombre de ce dernier qui n’hésite pas à appliquer les méthodes du premier. Bernthal en donne d’ailleurs un parfaite interprétation, rude, âpre et solide. Sorte de Robert de Niro d’aujourd’hui, l’acteur fait preuve d’une emprise complète sur son personnage et je n’ai qu’une hâte, c’est de découvrir ce que le spin off qui va être consacré au Punisher sorte enfin ! Aux côtés de ceux-là, j’ai également apprécié Elden Henson dans le rôle de Foggy Nelson, lequel oscille entre sa bonhommie et tout le sérieux que le personnage implique, sorte de véritable faire-valoir au sens propre et littéraire du terme. J’ai également été plutôt ravi par les interprétations de Rosario Dawson et de Deborah Ann Woll, lesquelles tirent admirablement leur épingle du jeu. J’ai en revanche été plus refroidi par Elodie Yung en Elektra dans la saison 2, l’actrice m’ayant semblé vouloir trop en faire pour finalement ne pas faire grand-chose…

J’ai lu quelque part que l’interprétation de Charlie Cox était trop lisse mais je la trouve au contraire très appropriée, passant de la retenue de Matt Murdock à la brutalité de Daredevil.
Daredevil fut donc une excellente surprise, un de ces séries dont on entend beaucoup parler avant, pendant et après sa diffusion et à raison. Exemplaire dans sa mise en scène, intelligente dans son récit, elle offre au justicier rouge un joli retour en grâce après être tombé dans les limbes de Marvel (pour ce qui est de ses passages à l’écran j’entends). Servie par un casting globalement de choix, Daredevil se veut différente de ce que Marvel justement a l’habitude de proposer depuis l’ouverture de son univers cinématographique et c’est sans doute pour cela qu’on l’apprécie autant. Parce qu’elle va chercher des aspects des comics (dont leur violence) que le cinéma a choisi d’édulcorer au profit d’un grand spectacle parfois sans profondeur. Au contraire de tout cela, Daredevil est sombre, rude et violente, ce qui ne l’empêche pour autant pas d’être un régal visuel. Vivement la suite !
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