« Daredevil », saison 3 : Red Dead Redemption

Depuis quelques semaines, ça va mal du côté des héros télévisés Marvel. Là où les projets s’enchaînent au cinéma à ne plus savoir où donner de la tête, voilà que les braves Luke Cage et Iron Fist ne connaîtront pas les honneurs d’une saison 3. La faute sans doute à l’arrivée imminente d’une plateforme de streaming Disney+ qui a déjà bien des projets de séries Marvel en chantier. C’est ainsi qu’aux côté de Jessica Jones et du Punisher, Daredevil fait un peu figure de survivant dans ce microcosme télévisuel. Enfin ça c’est ce que je pensais jusqu’à ce matin puisque Netflix a décidé d’annuler la série, qui ne connaîtra donc pas de quatrième saison… Le Démon de Hell’s Kitchen est néanmoins revenu cette année avec une troisième saison particulièrement attendue et dont je vais tâcher de vous parler un peu.

La dernière fois que nous avions vu Matt Murdock, c’était dans la mini-série Defenders, dont nous parlions justement dans cet autre article. A l’issue des huit épisodes de ce cross over, la situation du super-héros aveugle était tout à fait incertaine étant donné les événements qui se sont produits dans l’ultime épisode. Incertaine mais rendue suffisamment intrigante par un tout dernier plan qui n’a pu qu’allécher les fans de la série et, peut-être plus encore, les fans du comic d’origine. Mais si l’on s’intéresse à sa série propre, nous avions laissé Daredevil avec une saison 2 que j’avais à titre personnel particulièrement appréciée malgré ses deux visages : l’un centré sur l’intrigue liée à la Main, cette insupportable organisation qui a (de mon point de vue) largement contribué à plomber Iron Fist, l’autre tourné autour de l’intégration du personnage du Punisher dans ce petit univers télé. Cela avait donné à cette saison un côté doux-amer où la Main (comme toujours) alourdissait un peu le tout tandis que le Punisher venait apporter un bol d’air frais à cette suite.

Enfin bref, une nouvelle saison de Daredevil, c’est toujours une bonne nouvelle. Il faut dire que, toujours dans cet univers partagé Marvel/Netflix, cette série a pour elle de sortir du lot. Pour la faire courte : Iron Fist était insipide, Jessica Jones n’arrive pas à composer avec son atmosphère façon détective privée et Luke Cage n’a justement que son atmosphère pour elle (laquelle est au demeurant très cool). Bon en réalité j’exagère un peu pour cette dernière, dont j’avoue que je l’appréciais malgré ses défauts. Dans la seconde (et donc dernière) saison, j’avais notamment bien aimé le nouvel antagoniste qu’était le Bushmaster. Je trouvais qu’il amenait un je-ne-sais-quoi supplémentaire à cette série, suffisant pour relancer mon intérêt assez régulièrement. Mais le fait est qu’à côté de ces inégales productions, Daredevil a toujours fait figure de premier de la classe. Meilleure que le reste sur tous les plans, la série consacrée à Matt Murdock semble avoir toujours fait l’objet d’une attention toute particulière. Et si l’on pourrait légitimement se demander pourquoi lui plutôt que les trois autres, contentons-nous pour une fois de simplement apprécier la chose.

WIlson Fisk, jamais vraiment absent cela dit, fait son grand retour dans cette saison 3.

Et apprécions-la d’autant plus que cette saison 3 vient s’inscrire dans la parfaite lignée des deux précédentes. Je vous dirais bien que c’est le côté fanboy qui parle mais, aussi objectivement que possible, ces treize nouveaux épisodes n’ont rien à envier à ceux déjà regardés auparavant et viennent même, pour certains, relever encore un peu plus le niveau. Comment ? Franchement, c’est tout bête : avec un scénario. Il faut bien avouer que, même en 2018, un bon scénario ça fait quand même pas mal la différence. Et si Iron Fist et Jessica Jones en particulier ne semblent pas l’avoir compris (on se dit avec le recul que c’est un miracle que la saison 3 de JJ n’ait pas encore été annulée), Daredevil, lui, tâche de fonder tout son intérêt sur son scénario. Même s’il a pu être bien affaibli par le passé (la Main, encore et toujours…), il n’en demeure pas moins qu’il a toujours su faire preuve d’une qualité globale inégalée dans ces séries. Le scénario de la saison 3 répond aux mêmes exigences vraisemblablement formulées en amont, solide qu’il est sur l’intégralité de son cours. Mieux encore : arrivée à une sorte de maturité (dont elle ne manquait pourtant pas), la série réussit à tirer les leçons de son passé (Defenders inclus), ce qui va se concrétiser par deux choses. La première, son principe a été signé par la conclusion de Defenders justement : la Main, c’est terminé. Finis les ninjas, Madame Gao et tout le tremblement ! Enfin ! L’autre idée, c’est un retour cette fois-ci, celui de Wilson Fisk en grand méchant. Et quand je dis « grand méchant », je pèse finalement mes mots étant donnée l’évolution que connaît le personnage au cours de la saison. Je reviendrai plus tard sur la question des protagonistes mais gardons toutefois ce point en tête pour tenter de synthétiser ce à quoi ces deux éléments conduisent : le retour à la rue.

Parce que même si on n’en parle pas énormément, c’est bien le concept qui est censé régir les séries Marvel/Netflix : là où l’UCM nous donne à voir des héros à l’échelle planétaire et même cosmique, ces quatre séries ont quant à elles pour vocation de nous ramener les pieds sur terre. Au gigantisme des Iron Man, Captain America et autres Gardiens de la Galaxie, l’on oppose les ruelles sombres et humides de Hell’s Kitchen ou les rades chauds de Harlem. Un principe qui avait été très bien appliqué dans la première saison de Daredevil mais qui avait un peu pris du plomb dans l’aile avec la Main (encore et toujours), laquelle nous emmenait vers des intrigues un peu plus farfelues et moins estampillées « justicier local », si vous voyez ce que je veux dire. Defenders avait d’ailleurs poussé cela un peu plus loin, ne faisant plus de New York que le théâtre des affrontements, comme il a pu l’être dans Avengers et d’autres films de la franchise. Reste donc que cette saison 3 de Daredevil s’attache à revenir aux racines du projet, à savoir un héros/justicier qui opère à l’échelle du quartier, sinon de la ville. Les enjeux s’y font certes moins flamboyants qu’une invasion de Chitauris ou l’attaque d’un titan déchaîné et déterminé à raser la moitié de l’univers, mais ils ne manquent pas de saisir pour autant. Car c’est au final moins l’idée que son exécution qui viendra captiver.

Loin des délires cosmiques de l’UCM, ici on se tape dans les parkings souterrains.

Et, justement, ce retour à la rue se veut fondamental dans l’exécution. En plaçant l’intrigue à l’échelle du quartier, Daredevil réussit à nous parler directement. Car cette échelle, nous la pratiquons au quotidien, c’est celle dans laquelle nous évoluons tous les jours avec nos points de repères, nos ancrages plus ou moins forts, nos voisins et toutes les personnes qui coexistent et cohabitent avec nous. Cette idée de proximité, je trouve justement que Daredevil s’en saisit plutôt bien en appliquant dans cette troisième saison quelque chose qui n’avait été qu’esquissé au cours des deux précédentes : créer du liant. Ou plutôt que du liant, une consistance. Il se dégage vraiment de cette saison 3, je trouve, l’impression que l’on connaît ces lieux, ceux qui qui y habitent, etc…
Peut-être est-ce parce que 26 épisodes sont déjà passés par là mais je crois qu’il y a aussi ici un travail tout particulier mené sur cette idée du quartier. C’est comme si, par le retour de Wilson Fisk, Hell’s Kitchen redevenait pleinement une entité à part entière dans laquelle la série est censée nous plonger. Que ce soit par l’impact que cela va avoir sur le Bulletin (journal certes à l’échelle de la ville mais duquel se dégage néanmoins un côté ultra-local) ou sur les habitants du quartier, les enjeux sont replacés à ce niveau et c’est au final à l’échelle cette fois-ci du personnage que les impacts se font entendre de la manière la plus retentissante. Cela se confirme avec les péripéties tournées autour de Foggy ainsi que de sa famille ou celles qui vont s’abattre sur le journal justement… En touchant à ces sphères plus réduites, Daredevil ramène dans cette saison 3 toute l’attention sur les conséquences personnelles, un peu comme si l’on nous disait que c’est bien beau de voir Matt, Foggy ou Karen comme les « héros » de la série mais qu’il ne faut pas oublier que ce sont des personnes avant tout. Et qu’en tant que tel, s’attaquer au quartier, y placer un pion noir (Fisk), cela ne peut que se répercuter sur eux, directement ou non.

Born Again est la pierre fondatrice du scénario de cette saison.

Et finalement, pour construire un récit qui apporte ces éléments, quoi de mieux que se baser sur le travail de Frank Miller ? La rue et ses chemins de traverse, il connaît bien cela et il suffit de lire ne serait-ce que son Batman : Year One pour s’en convaincre. Mais l’ombre de Miller a toujours plané sur la série Netflix. C’est bien lui après tout qui a intégré Wilson Fisk comme ennemi juré de Daredevil, lui qui a créé Stick et Elektra, lui encore qui a redéfini la personnalité du super-héros en accentuant ses névroses. Et l’adaptation par Netflix du comic baigne dans ces travaux depuis le début. Mais c’est à mon sens clairement dans cette saison 3 que les idées de Miller se font le plus sentir. Cela passe notamment par un traitement fort des personnages bien précis de Murdock et Fisk, ainsi que de leur relation. Cette saison 3, plus encore que les précédentes, insiste sur tous les aspects retors des deux personnages, ainsi que leurs névroses. Le scénario est à ce titre particulièrement bien composé. Construit en partie sur l’arc Born Again (que Miller a réalisé avec son comparse de Year One David Mazzucchelli) tout en y insérant de nombreux éléments du reste du travail de l’auteur sur ces personnages, le script amène justement ces derniers dans des situations finement intégrées à l’ensemble et qui imposent des choix, notamment moraux, particulièrement forts sinon violents. Le tout prend alors place dans une intrigue générale rondement menée, rythmée et intelligente, qui jouit d’une atmosphère inquiétante et même relativement sordide.
Je reprocherais toutefois à cette saison d’avoir fini de rendre le personnage de Karen imbuvable. Enchaînant bévue sur bévue, elle ne fait que des mauvais choix au cours de cette saison où d’autres préféreront dire cela de Matt. Je leur répondrais qu’à mon sens, Murdock ne fait au contraire que passer son temps à rattraper les erreurs des autres et en particulier de la pauvre Karen, dont même l’espèce d’origin story qu’on nous propose n’arrive pas à renouveler l’empathie à son égard. Tous les défauts dont elle fait preuve auraient pu être bien intégrés dans l’histoire mais il apparaît malheureusement de manière flagrante que tout ceci ne sert qu’à proposer différents ressorts scénaristiques en vue de mettre Daredevil dans des situations données. Et aussi satisfaisante que puisse être la façon dont les choses se déroulent à partir du moment où le justicier passe à l’action, il reste bien dommage de voir le personnage de Karen s’enfoncer dans un tel niveau de stupidité, sinon de médiocrité. Fort heureusement, le tout est sauvé par d’autres personnages bien mieux composés comme Murdock et Fisk donc, imposants, mais aussi l’agent Nadeem dans une certaine mesure et surtout Poindexter, qui m’a très agréablement surpris.

L’épisode spécial origin story de Karen ne réussit pas à rendre le personnage plus attachant.

Mais le meilleur reste encore que cette intrigue générale arrive à parfaitement composer avec la symbolique que l’on a distillée à l’intérieur. Celle-ci avait été annoncée en quelque sorte par différents teasers avant la diffusion de la saison et repose donc en grande partie sur la question de dualité, la principale étant celle qui oppose le bon et le mauvais côté de Matt Murdock, sa part de démon quand il devient Daredevil et sa foi (religieuse et en la justice).

Daredevil est mis face à une version déformée de lui-même mais suffisamment proche de ce qu’il est pour le faire douter.

Aussi éculé que puisse être ce thème, il n’en demeure pas moins assez bien abordé ici puisqu’il va grandement nourrir la façon dont le personnage de Murdock est écrit. Moins lisse, moins manichéen, le démon de Hell’s Kitchen est sans cesse tiraillé entre un lourd désir de vengeance personnelle et les préceptes qu’il s’est fixés en choisissant d’endosser ce costume rouge. Appuyé dans sa démarche par une scénographie venant donner sa part de visuel à cette idée, le scénario développe alors un personnage plus ambigu que jamais. Cette dualité, certes fondatrice pour Daredevil, se trouve par ailleurs renforcée dans cette saison par les personnages de Fisk et de Bullseye, qui fait donc son entrée dans l’univers télévisuel Marvel. Au fil des épisodes, Daredevil se retrouve ainsi opposé à son antithèse, son antéchrist même si l’on voulait poursuivre dans la métaphore, un personnage à l’exact inverse de toutes ses valeurs et ambitions en tant que héros mais qui, pourtant, lui ressemble par certains aspects. Entre les deux, Wilson Fisk s’amuse à jouer ce jeu de miroirs déformants, usant de stratagèmes et manipulations. Notons d’ailleurs que ce dernier  devient officiellement le Caïd dans cette saison, terminant  ainsi son ascension en qualité d’ennemi juré. Et de fil en aiguille, mis dans une situation d’opposition symbolique, toute la dualité de Murdock s’en trouve exacerbée. Le héros doute sur les réactions à avoir, sur les certitudes à entretenir et même sur la nécessité ou non de confiner sa part de démon pour réussir à vaincre. Par la prise de conscience de cette situation complexe pour lui, nous l’observons alors réaliser son difficile chemin de croix et, finalement, accomplir sa rédemption. Cette dernière devient même progressivement la principale finalité de cette saison.

Comme toujours ensuite, Daredevil brille également par la qualité de sa mise en scène, cette troisième saison ne dérogeant pas à la règle. S’imposant encore et toujours comme la mieux maîtrisée des séries Marvel/Netflix sur ce plan (même si je dois admettre que la photo de Luke Cage ne me laisse pas totalement de marbre), elle regorge de qualité esthétiques. Cela peut-être un plan bien précis, pris à tel ou tel instant et qui s’apparenterait presque à un tableau où rien n’est laissé au hasard. Mais il peut également s’agir de séquences entières où les lumières, les couleurs ou la mise en scène apportent ce truc en plus que Jessica Jones, Iron Fist ou Luke Cage (et même The Punisher qui n’est pourtant pas totalement en reste) ont toujours peiné à approcher. Mais c’est certainement par ses combats que cette troisième saison s’illustre un peu plus encore. Certes inégaux une fois mis les uns en face des autres, aucun n’est fade pour autant. Les affrontements dans les locaux du Bulletin ou à l’église sont ainsi assez différents dans leur approche mais n’en demeurent pas moins d’excellents moments d’intensité relativement égale. Je confesse néanmoins une petite préférence pour la séquence du journal mais peu importe, l’idée est là. L’équilibre reste quand même parfois à trouver, comme lors de cet affrontement final dont la brutalité et le côté un peu jouissif (car très attendu) se retrouve contrebalancé par une issue un peu abrupte, limite bâclée. Je n’en dis pas plus pour ne pas révéler l’issue de la saison mais ça va excessivement vite et l’on y verra un moyen peut-être un peu facile de terminer l’affaire. On en retiendra néanmoins un Daredevil mémorable.

Ce plan est brillant.

Et puis il y a évidemment le plan-séquence. Devenu une indéboulonnable nécessité dans cette série (il y en a eu un par saison, pour ceux qui ne suivraient l’affaire que de loin ), il s’agit du moment à la fois attendu et craint car à en espérer toujours un grand moment, on prend évidemment le risque d’être déçu. Mais heureusement, il ne déçoit pas. Conscients que c’était clairement LE passage à ne surtout pas rater, les équipes derrière la caméra ont réalisé un excellent boulot, d’autant que ce plan-séquence là dénote un tout petit peu par rapport aux précédents. Car là où les deux premiers nous offraient des séquences de combat vives, c’est quelque chose de plus brut qui nous est ici donné, moins grandiloquent dans les échanges de coups qui sont envoyés. Ce n’est de toute façon pas pour rien si c’est sous les traits de Matt Murdock que ce dernier se livre à la bagarre dans ce passage. Après s’être prêté à l’exercice en costume noir dans la saison 1 (Daredevil se cherche encore) puis en costume rouge dans la suivante (Daredevil est dans la place), c’est ici l’alter ego civil du super-héros qui se retrouve pris dans cette violence, rappel encore une fois que le retour de Fisk à Hell’s Kitchen dans cette troisième saison a des conséquences bien plus fortes sur les personnages en tant qu’individus et que le Caïd a compris que pour faire chuter Daredevil, il fallait également (surtout !) briser Murdock. C’est donc lui que l’on voit à l’œuvre ici et si la chose semble plus difficile qu’à l’accoutumée, c’est évidemment en raison des événements récents dans la série (qui font que le garçon n’est plus trop en grande forme) mais cela peut également être une bonne porte d’entrée pour se demander où commence Daredevil et où s’arrête Matt Murdock. En mettant le masque, qu’il soit noir ou rouge, Murdock arrive-t-il a se dépasser, à devenir un autre capable de plus grandes prouesses ? Car s’il se défend honorablement dans cette séquence, il n’en demeure pas moins en bien plus grande difficulté qu’auparavant. C’est alors toute la question du rapport entre l’homme et son alter ego super-héroïque, essentielle, qui ressurgit ainsi que celle de la dualité que j’évoquais précédemment.

Les deux se fondent la plupart du temps mais Daredevil et Matt Murdock apparaissent plus que jamais dans cette saison comme deux entités distinctes.

Cox et D’Onofrio sont des valeurs sûres.

Ne reste donc plus qu’à évoquer, aussi rapidement que possible, la distribution. Je commencerai donc par Charlie Cox, qui reprend son rôle de justicier aveugle et le fait à merveille. Je fais en effet partie de ceux qui, contrairement à une partie du public le jugeant encore et toujours trop lisse, apprécie l’interprétation que Cox fait de son Murdock. Je le trouve bien plus intéressant que bien d’autres membres de la distribution de cette saison et des précédentes, et peut-être même plus encore dans cette troisième fournée où il me semble avoir définitivement fait sien ce personnage qu’il incarne ici avec une sorte de conviction plaisante. Mais le mieux reste encore celui qui lui fait face, à savoir Vincent D’Onofrio. Retrouvant une place de premier plan au sein de cette production, l’acteur peut à nouveau s’imposer sur l’écran. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il le fait avec l’art et la manière. A l’instar de Cox, D’Onofrio semble avoir fini de s’approprier le personnage, le rendant presque indissociable de sa prestation (plus que le regretté Michael Clarke Duncan en tous cas, c’est certain). Géant dans tous les sens du terme, le comédien livre une prestation à l’image de cette saison : brute, dure et inquiétante. D’Onofrio puise dans ce qu’il sait faire de mieux, son personnage évoquant presque parfois une version surdouée et calculatrice du Baleine de Full Metal Jacket, rôle qui reste pour moi l’alpha et l’oméga de ce dont cet immense acteur est capable.
A leurs côtés, Wilson Bethel livre un Bullseye très appréciable. Je n’ai pas spécialement détaillé le cas de ce personnage dans cet article mais le fait est qu’il est l’un des piliers essentiels de cette saison et notamment de son ambiance. Que ce soit pour la dualité que j’évoquais plus haut ou simplement pour l’ambiance générale, Bullseye s’avère être un rouage sur lequel bon nombre d’éléments distinctifs de la saison 3 vont reposer. L’aura inquiétante qui se dégage du personnage est notamment renforcée par Wilson Bethel, qui joue admirablement avec cette idée. L’annulation de la série par Netflix me fait d’ailleurs grandement regretter de ne vraisemblablement plus avoir l’occasion de voir l’acteur endosser ce rôle, sauf si Disney+ vient reprendre l’affaire pour son compte… Un mot rapide enfin pour évoquer Elden Henson, toujours aussi bien dans le rôle de Foggy Nelson et enfin Deborah Ann Woll, définitivement aussi insupportable que son personnage, hélas…

Wilson Bethel fut une très bonne surprise.

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Daredevil saison 3 a donc réussi le pari de maintenir le niveau de qualité de cette série, voire même de le réhausser. Libérée des plombs que représentaient certains éléments d’intrigue des deux premières saisons, la série arrive en effet à recentrer son propos sur son héros et les enjeux qui pèsent tant sur lui que sur ceux qui l’entourent. La saison 3 prend alors plus la forme d’un thriller super-héroïque où plane sans cesse une menace aussi visible que difficile à saisir. Le scénario ne s’y trompe d’ailleurs pas et livre un récit qui va crescendo jusqu’à un final aussi appréciable que trop rapide, laissant le spectateur ravi de ce qu’il a vu et en même temps un peu frustré que les choses se concluent aussi vite. Pleine de bonnes idées, on regrettera finalement que la série n’ait plus l’opportunité désormais de les développer dans une suite qui ne verra donc pas le jour. Restons quand même sur une vision positive des choses : quitte à être finie, autant qu’elle s’achève sur cette troisième saison qui est sans doute la meilleure du lot.

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