Parlons jeu, parlons bien n°54 – « Pokémon, version Bouclier » [Switch]

A l’instar d’un certain chanteur français, je vous parle d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître. Je ne sais pas si Montmartre en ce temps-là accrochait ses lilas jusque sous nos fenêtres mais je sais en revanche qu’il y a 20 ans tout pile, les gamins et gamines que nous étions découvrions Pokémon. Lancées en 1996 au Japon avec des versions Rouge et Verte, les bestioles de Game Freak débarquaient en France en 1999 avec les versions Rouge et Bleue, emportant tout sur leur passage. Il s’en est passé du temps depuis mais nous voilà en 2019, je n’ai plus 9 ans mais bientôt 30 et à part ça, rien n’a changé : je chasse toujours le Pokémon. Ne vous déplaise.

Et pour que cette fabuleuse activité soit encore d’actualité aujourd’hui, c’est à grand renfort de Pokémon Epée et Bouclier que Nintendo et Game Freak s’adressent à nous en cette fin d’année. Deux toutes nouvelles versions sorties sur Switch et qui marquent en cela un tournant dans la saga : ce sont les premiers épisodes canoniques de la licence Pokémon à paraître sur une console de salon. Un événement attendu depuis très longtemps, peut-être même depuis le début des aventures. Déjà, à l’époque où les premières versions faisaient fureur dans les cours de récré, quel dresseur ou quelle dresseuse n’a pas rêvé de quelque chose de plus grand sur Nintendo 64 par exemple ? Une envie renforcée encore par les publications successives de Pokémon Stadium et Pokémon Stadium 2 ou encore de Pokémon Snap, trois spin off de la série qui donnaient enfin à voir nos précieuses créatures en 3D. L’engouement et l’envie se renforcent encore à la génération suivante avec Pokémon Colosseum notamment, premier véritable jeu scénarisé de la licence à paraître sur une console de salon (GameCube en l’occurrence) même s’il ne faisait pas partie de la série principale. Je ne vais pas chercher à être exhaustif ici et il faut de toute façon admettre qu’en quelques titres mentionnés, on a déjà plus ou moins fait le tour de la question.

Let’s Go fut la première véritable aventure Pokémon « classique » sur console de salon.

Reste qu’après tout cela, le désir formulé timidement à la fin des années 1990 n’est toujours pas vraiment comblé. Toujours cantonnée aux consoles portables de Nintendo, la série canon de Pokémon n’a pas eu l’audace, pendant deux décennies, de se porter sur nos écrans de télévision et de nous laisser dans le confort de nos fauteuils et autres canapés. Jusqu’en 2018 ! L’an passé en effet, Nintendo nous dévoilait Pokémon Let’s Go, décliné encore et toujours en deux versions, titre qui se révélait être un remake de la version Jaune parue en 1998 au Japon puis en 2000 chez nous. Notez au passage, pour l’anecdote, qu’il aura fallu attendre les versions X et Y sur 3DS en 2013 (!) pour enfin voir Pokémon se doter d’une sortie mondiale et ne plus avoir à subir cet affreux décalage entre sortie nippone et sortie dans le reste du monde. Pour en revenir à Let’s Go, l’annonce du titre aura semé le doute à l’époque, une partie du public croyant dur comme fer que c’est là LE Pokémon Switch annoncé. Autant dire que la déception pointait le bout de son nez, d’autant qu’au moment où ces deux versions remakes sont dévoilées, la 3DS n’est pas encore enterrée et pouvait donc laisser croire que de nouveaux volets canoniques pouvaient encore y être accueillis, au grand dam d’une partie du public.
Fort heureusement, Let’s Go n’était là que pour deux choses finalement : accueillir les néophytes qui ont découvert la licence avec Pokémon GO sur la Switch d’une part et, d’autre part, effectuer un test grandeur nature du moteur qui servira, un an plus tard à Epée et Bouclier. Si ce dernier point n’a jamais vraiment été explicitement établi, n’importe quel observateur pourra néanmoins le deviner. Si ces deux petits épisodes s’avéraient globalement sympathiques, ils témoignaient cependant de plusieurs choses, à commencer par le classicisme exacerbé et assumé de Game Freak vis-à-vis de la série qui l’a rendu célèbre. Le studio livrait en effet ici un jeu qui empruntait tout aux Pokémon classiques (normal pour un remake pourrait-on penser) tout en saupoudrant la chose d’un peu de Pokémon GO : gameplay des captures, les bestioles qui apparaissent sur la route, etc… Notez que, pour ce dernier point, c’était quelque chose d’espéré depuis longtemps, le fait de voir les Pokémon gambader plutôt que de simplement subir des affrontements surprises dans les hautes herbes. Bref, à l’issue des Let’s Go, difficile de ne pas avoir de grandes attentes à l’égard d’Epée et Bouclier (d’ailleurs toujours pas annoncées à l’époque) tout en craignant objectivement qu’elles ne soient pas pleinement satisfaites.

Pokémon Let’s Go était mignon tout plein mais ça s’arrête là.

Un an après, les deux nouvelles versions canoniques sont là, sorties en Novembre dernier, et l’heure est au bilan. Avant toute chose, je me dois d’être franc avec vous : je ne sais nullement par où commencer les prochains paragraphes. A l’issue de bien 25 heures de jeu, ma version Bouclier me laisse en tête plein de sentiments différents et finalement très confus. Car si le bilan est globalement positif au terme de ces sessions (que je vais d’ailleurs prolonger dans les jours et semaines à venir, pour tenter de compléter mon Pokédex), Bouclier me laisse malgré tout un drôle d’arrière-goût. Un peu comme un gâteau qu’on adore mais qui aurait perdu sa saveur à force de rester dans le placard trop longtemps : on est content d’y croquer à pleine dents mais il y a quand même un truc qui fait que ce n’est pas à la hauteur du souvenir qu’en ont nos papilles. La métaphore gustative faite, je vais tenter de résumer un peu l’ambivalence de ces sentiments.

Tout commence, comme d’habitude, dans le petit village d’où notre personnage part à l’aventure.

Le fait est, pour commencer, que ces Pokémon Epée et Bouclier sont des versions très classiques dans les grandes lignes. Incarnant un(e) gamin(e) à peine adolescent(e), nous voilà à arpenter la région du jeu en voyageant de ville en ville via des routes peu ouvertes et au gré desquelles nous rencontrons diverses espèces de Pokémon ainsi que moult adversaires prêts à en découdre. Une approche vue et revue et dont on aurait pu espérer que, 23 ans après la naissance officielle de la licence, on aurait cherché à totalement s’en défaire. Ce n’est pas le cas ici mais nous verrons plus tard que le jeu tâche cependant d’apporter pas mal de différences, ponctuelles ou flagrantes, pour se démarquer vis-à-vis de ses nombreux prédécesseurs. En attendant, je vais continuer sur ma lancée et souligner d’autres éléments qui me chagrinent encore alors que j’ai « fini » le jeu (comprenez par là que j’ai terminé le scénario principal et l’annexe proposée suite à la Ligue). Dans cet ordre d’idée, ce qui me vient immédiatement en tête, c’est le degré de facilité du titre. Bien entendu, les jeux Pokémon n’ont jamais été réputés pour leur difficulté et là n’est absolument pas leur objectif mais il y a toutefois une juste mesure à trouver entre un peu de challenge et son absence quasi totale. Au gré de mon parcours dans Galar, je n’ai douté de l’issue de mes combats qu’à trois reprises : contre un Champion, contre le Maître et contre le rival lors du tout dernier affrontement entre lui et moi. Trois fois où je me prends à devoir vraiment penser stratégiquement, c’est peu dans un RPG.
Pourquoi tant de facilité alors ? L’une des premières raisons, c’est selon moi cette façon dont tous les Pokémon de notre équipe gagnent de l’expérience à l’issue d’un combat, même s’ils n’y ont pas participé. Evidemment, les plus anciens d’entre nous se souviendront du Multi Exp des débuts, lequel permettait déjà de partager l’expérience avec un autre Pokémon (puis avec toute l’équipe) mais c’est ici désormais un état de fait avec lequel il faut composer, qu’on le veuille ou non. Car si le Multi Exp pouvait être désactivé en son temps, cette feature est ici indéboulonnable. De cela découle un avancement dans les niveaux qui se fait très vite et qui permet de ne pratiquement jamais être mis en difficulté par un quelconque adversaire. Alors oui, ce gain d’expérience généralisé permet un peu de couper court au farming (voire de s’en affranchir totalement), lequel pouvait être redondant dans les versions les plus anciennes mais si on en vient à dire que c’est un mal pour un bien, eh bien, ça reste un « mal » voyez-vous.

Tournée générale !

Il faut cependant être honnête et reconnaître que le jeu a conscience de cet aspect et tente de le contrebalancer par des dresseurs et surtout des Pokémon sauvages qui suivent globalement cette progression facilitée. Il n’est alors pas rare, sur les dernières routes du jeu, de tomber sur des Pokémon ayant atteint le niveau 50 à un moment où notre équipe aura déjà atteint ou dépassé dans son ensemble ce même niveau. Cela ne m’empêchera toutefois pas de penser que j’aurais aisément pu terminer le jeu avec 5 Pokémon seulement. Je n’ai d’ailleurs encore aujourd’hui dans mon équipe que des bestioles capturées au début de l’aventure, à une exception près (j’ai remplacé mon Moumouflon par un Mistigrix afin d’avoir un Pokémon Psy, si vous voulez tout savoir) et sans jamais avoir ressenti le besoin de capturer telle ou telle bestiole pour être sûr et certain d’avoir l’avantage sur un adversaire donné.

Simplifier les choses a cependant aussi du bon parfois, comme dans l’interface de statistiques de nos Pokémon, autrement plus claire qu’autrefois.

Par ailleurs, le jeu guide énormément le joueur. Là où Pokémon se voulait être un jeu dont l’esprit reposait beaucoup sur le voyage, la découverte au risque de se perdre un peu, d’emprunter un chemin pour finalement revenir sur ses pas et en trouver un autre, Epée et Bouclier optent au contraire pour un fléchage constant. Cela se fait notamment par l’intermédiaire du « gentil rival », Nabil, à tel point que le jeu en oublie de laisser le plaisir aux joueurs et joueuses de se perdre donc, d’explorer et de chercher. Au lieu de cela, de cette plaisante frustration, il nous indique tout le temps où aller, comment y aller et pour quoi faire. Libre à nous de suivre ou non les indications qui nous sont données, bien sûr, mais la progression du scénario se fera systématiquement selon ce schéma, rappelant sans cesse à tout un chacun par où aller pour continuer.
Tout cela, additionné aux différents éléments de simplification que j’ai évoqués plus haut, il ne faut cependant pas croire que c’est nouveau. En réalité, c’est depuis les versions et Y que Pokémon est passé dans un moment de sa vie où les jeux qui en sont issus cherchent à rendre la vie plus facile aux joueurs. Mais la conjugaison de tous ces éléments devient trop lourde et ôte pour beaucoup les plaisirs qui étaient ressentis autrefois, en grande partie par une diminution certaine du challenge. Je ne peux m’empêcher de croire également que l’orientation prise ainsi par Epée et Bouclier n’est ni plus, ni moins qu’une manière de continuer d’accrocher les nouveaux joueurs et nouvelle joueuses initié(e)s par Pokémon GO et potentiellement fidélisé(e)s par Let’s Go. Un travail logique, stratégique même en un sens, mais qui prend le risque de se faire au détriment des plus anciens d’entre nous.

Toujours tout droit.

Ceci étant dit, il convient de souligner que Epée et Bouclier font toutefois l’effort d’apporter des éléments qui permettent de ne pas totalement se reposer sur les lauriers acquis par les précédentes versions de Pokémon. La principale nouveauté de cet opus, celle qui est en tous cas la plus mise en avant dans la communication autour du jeu, c’est le Gigamax. Le principe est bête comme chou : au cours du combat, votre Pokémon peut devenir gigantesque et lancer des attaques dévastatrices. Activable une seule fois par affrontement, l’effet dure trois tours ou jusqu’à ce que votre Pokémon soit mis KO. Sympathique sur le principe, cette feature s’avère néanmoins assez peu excitante in game. Contre les différents dresseurs du jeu aptes à faire appel à cette fonctionnalité, cette dernière est systématiquement déclenchée au même moment du combat (lorsque c’est leur dernier Pokémon qui entre en scène) et si l’on peut apprécier l’aspect dantesque que le Gigamax peut conférer à l’affrontement, il se révèle bien vite sans surprise. Ce n’est d’ailleurs, quand on y regarde de plus près, ni plus, ni moins que la conjonction de deux anciennes features : les Méga-évolutions de et Y et les Capacités Z de Soleil et Lune. Notez enfin que le Gigamax ne peut être invoqué qu’en certains lieux bien précis, la plupart du temps les stades dans lesquels nous affrontons les Champions.

Un raid peut se montrer un petit peu plus complexe que prévu, attention !

Le système Gigamax gagne cependant un peu en intérêt lors des Raids Dynamax, réalisables dans les fameuses Terres Sauvages de Galar, sur lesquelles je reviendrai un peu plus tard. Ici, il ne s’agit pas seulement de faire appel au Gigamax lors d’un affrontement lambda mais bien d’aller combattre, dans son antre, un Pokémon géant. Par groupe de 4 (avec vos ami(e)s ou des PNJ), nous descendons alors dans ces espaces sous-terrains et nous livrons à un combat en 4 contre 1 qui peut cette fois-ci se montrer un peu plus retors que lors des combats entre dresseurs. En effet, le Pokémon ciblé lors du raid va être bien plus costaud que la moyenne et va même pouvoir se munir d’une barrière de défense qu’il faudra détruire avant de pouvoir lui faire chuter ses points de vie. Disponibles aléatoirement en divers emplacements des Terres Sauvages, les raids développent à balle le plein potentiel du Gigamax, lequel prend ici tout son intérêt.

Je parlais donc plus haut de mécaniques globalement vues et revues mais, afin de nuancer mon propos, il faut bien admettre que ces versions Epée et Bouclier cherchent à les proposer avec un bon lot de différences. Ces dernières ne touchent pas spécifiquement les grands principes du jeu, ses règles en quelque sorte, mais plutôt la façon dont elles sont intégrées dans le jeu. En bref, la métamorphose se fait bien plus sur la forme que sur le fond.

Le frisson des stadiums hurlants !

Ainsi en va-t-il par exemple du tour des arènes, revu et corrigé.
L’inspiration britannique de Galar ne s’arrête en effet pas à de seuls aspects géographiques et va, comme toujours, s’attacher à tirer parti des pans culturels du pays ainsi revisité par les équipes de Game Freak. Sur ce point bien précis des arènes, c’est la passion d’outre-Manche pour le football qui va le plus impacter le procédé. Il ne s’agit plus ici de « simplement » passer de ville en ville pour vaincre le Champion local et passer à la suite : la chose prend désormais de véritables allures de championnat sportif, à l’image en l’occurrence de la Premier League, le très réputé championnat anglais. Le défi des arènes de Galar va alors énormément ressembler à une grande compétition rassemblant de nombreux compétiteurs et compétitrices ainsi qu’un vaste public dans des stades immenses et remplis à ras bord d’une ferveur des plus enthousiasmantes. On notera au passage que l’arrivée face au Champion passe également par une épreuve préliminaire qui, si elle ne révolutionne pas la recette elle non plus, a au moins le mérite d’offrir une séquence de jeu agréable à parcourir.
Mais pour en revenir à ce que je disais juste avant, le processus est intéressant dans le sens où cela créé du contexte, bien plus qu’à l’accoutumée (même si Soleil et Lune, à leur façon, tentaient déjà l’expérience). Avec notre petit maillot sur le dos et cet aspect éminemment sportif, l’enthousiasme grandit et je dois bien avouer que je me suis bien plus senti investi qu’auparavant. La ferveur d’un stade a toujours cela pour elle qu’elle déteint généralement sur ceux qui y jouent. Enfin, grâce à ce principe tout bête, le tour des arènes (ou plutôt des stades) prend en tous cas des allures bien plus denses en conséquence. Si le sentiment de compétition avec d’autres dresseurs et dresseuses en course ne se fait pas trop ressentir, les formes allouées à ce grand championnat rendent l’aventure un peu plus longue et sensiblement plus amusante. Car après avoir défait les huit Champions de Galar, c’est une phase de play-offs qui prend place où les ultimes compétiteurs s’affrontent pour déterminer lequel remporte cette première phase de la compétition. Suite à cela, un ultime mini tournoi est enfin mis en place pour déterminer qui, de notre personnage ou d’une sélection de Champions, aura l’insigne honneur d’affronter le Maître, lequel constituera la conclusion de ce vaste programme compétitif.

Sans être exceptionnelles, les épreuves d’arènes restent des moments amusants.

Cette contextualisation, c’est quelque chose que l’on retrouve au final dans plusieurs aspects du jeu, lequel tâche de voir au-delà du seul et banal principe du gamin/de la gamine qui veut trôner au sommet des dresseurs de sa région. De la même manière donc, Epée et Bouclier vont proposer le système dit des Poké-Services. Accessibles depuis l’ordinateur des centres Pokémon, il s’agit de missions « professionnelles » où divers employeurs cherchent à recruter des bestioles selon certains critères (la plupart du temps liés au type). A nous alors de proposer les Pokémon qui nous semblent le plus à-même de remplir la mission sélectionnée : ces derniers partent alors travailler pour une durée que nous pouvons également choisir (24 heures maximum) puis nous reviennent riches de points d’expérience qui leur permettront, en toute logique, de passer les niveaux sans que nous ayons à les faire combattre. Vous l’aurez compris, c’est un peu le même principe que la pension (également présente dans ces deux versions), la reproduction en moins et à la différence près que c’est toute une armada de Pokémon que l’on va ainsi pouvoir faire progresser.

Au boulot !

En conséquence, et même si je ne me suis pas montré franchement exhaustif, il y a de quoi se dire avec Epée et Bouclier que malgré tout, ces deux versions tâchent d’en donner autant que possible aux joueurs et joueuses. Il se dégage de ces opus un sentiment, certes un peu timide, de générosité qui fait tout même plaisir à voir. Cette générosité, elle est aussi visuelle et esthétique, passant notamment par la direction artistique appliquée à ces épisodes (et reprise de Let’s Go). Loin d’être aussi dégueulasse que ce que quelques petits malins avaient cru bon de dénoncer alors même qu’ils jouaient au jeu avant sa sortie officielle (j’en ai même vu un faire un comparo complètement pété entre sa version Epée et un jeu Harry Potter sur PS1…), cette nouvelle étape dans la carrière déjà longue de Pokémon est jolie comme tout. Alors oui, il y a effectivement un peu de clipping par moments, mais c’est tout sauf contraignant ou rédhibitoire. Cet effet s’observe notamment dans les plus grosses villes ou dans les Terres Sauvages, ces dernières subissant tout particulièrement ce petit défaut si vous jouez avec votre connexion internet activée. Dans ce cas là en effet, de nombreux avatars d’autres dresseurs et dresseuses arpentent également ces grands espaces, provoquant clipping donc mais aussi un peu de lag. Un défaut plus difficile à apprécier cette fois-ci…

L’idée la plus plaisante qu’un jeu Pokémon ait pu avoir depuis pas mal de temps.

A côté de cela, tout ce que l’on pourrait réellement reprocher à ces dernières versions, c’est peut-être de manquer un peu de vie dans les villes. Sur les routes en revanche, comment ne pas apprécier le retour de la glorieuse idée consistant à rendre presque tous les Pokémon sauvages visibles ? Un point qui trouve son apogée dans les Terres Sauvages (nous y venons enfin), zone ouverte à explorer tout autour de la ville de Motorby et où les bestioles gambadent gaiement.
Malheureusement, c’est là aussi un peu vide… Que la zone soit « sauvage » et qu’il n’y ait pas masse d’activité humaine, ça, je ne peux que le comprendre mais que les bestioles soient au final si peu nombreuses, c’est plus regrettable. Oh bien sûr, c’est un point de vue qui mériterait sans doute d’être nuancé et il si l’on se contente de compter les différents Pokémon que l’on croise, on pourra sans doute dire que, tout au contraire, il y en a plein. Mais si on réfléchit en terme de densité de population, l’équation est toute autre et amène à un résultat plus faible. J’y vois à titre personnel deux choses. D’une part, c’est l’aveu d’une faiblesse du moteur employé, sans doute inapte à calculer un trop grand nombre d’objets en même temps, surtout s’ils sont animés. Le clipping ne vient de toute façon pas de nulle part… D’autre part, c’est aussi un constat qui se dresse à l’aune de quelque chose que je mentionnais en tout début d’article : les attentes. Cela fait si longtemps que l’on fantasme sur un Pokémon sur console de salon, en potentiel monde ouvert, que la proposition faite ici ne peut fatalement être qu’en-deçà des espérances. Il convient donc de reconnaître les faiblesses inhérentes au titre mais également de faire preuve de tempérance : ce n’est pas parce que ce n’est pas à la hauteur de nos rêves les plus fous que c’est forcément mauvais. Bien au contraire, les Terres Sauvages sont malgré tout un endroit très plaisant, parfois retors et où les Pokémon peuvent vite s’avérer redoutables si l’on n’y fait pas trop attention. On se plait forcément à visiter cette assez vaste zone, à y chercher les bestioles et y dénicher les différentes espèces présentes. C’est clairement le Parc Safari en beaucoup plus grand et bien moins contraignant qu’on a là et c’est franchement un régal.

Qu’il est appréciable de flâner dans les Terres Sauvages !

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On les aura attendues longtemps, elles sont là : les premières versions de Pokémon sur console de salon. Un pas qui est tout sauf anodin au regard de la carrière de la licence et qui, je crois, doit être vu comme le début d’une nouvelle étape. Si Epée et Bouclier ne changent en rien la formule habituelle dans ses fondations les plus anciennes et les plus solides, elles n’en demeurent pas moins deux très agréables versions, riches de plus de 20 ans d’évolution. Evidemment, tout ne peut pas plaire quand on livre un jeu qui cherche à la fois à finir de convaincre les nouveaux venus et à plaire aux vieux de la vieille dont je suis mais, sans pour autant tout accepter bêtement, il faut savoir faire des compromis. L’un des plus grands consistera à accepter que non, Epée/Bouclier ne forment pas le Pokémon en monde ouvert tant attendu. Un autre sera de bien vouloir comprendre que, non, le Pokédex de ces deux versions n’incluent pas TOUS les Pokémon jusqu’ici apparus dans les différentes versions : 890 bestioles, c’est énorme, alors 400, c’est déjà pas si mal hein. Il faut savoir avancer et laisser derrière soit des choses que l’on pensait acquises parfois. Epée et Bouclier tentent de le faire. Peut-être ne font-elles pas les meilleurs choix possibles mais je crois qu’il faut se dire que ce n’est qu’un début.

Une réflexion sur “Parlons jeu, parlons bien n°54 – « Pokémon, version Bouclier » [Switch]

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