Parlons jeu, parlons bien n°56 – « Spider-Man » [PS4]

Achetée pour Death Stranding, dont on parlait dans cet autre article, la PS4 n’est cependant pas si tardivement arrivée chez moi pour faire office d’attrape-poussière ensuite. Le jeu de Kojima terminé, il faut bien que la brave bête soit rentabilisée ! Aussi, j’ai commencé à me faire un petit stock de jeux qui m’ont fait de l’œil tout au long de la carrière de la console : God of WarThe Last of UsSpider-Man. Premiers arrivés d’une collection que j’espère voir grandir un peu plus dans les mois à venir, il s’agit sans doute là des trois jeux qui m’ont le plus fait hésiter à prendre une PS4 plus tôt que ce ne fut le cas. Et au sortir de l’éprouvant Death Stranding, j’avais envie d’un peu de légèreté. Aussi, c’est avec le Spider-Man d’Insomniac Games que j’ai poursuivi ma découverte des exclusivités de Sony.

Sorti en 2018, ce jeu Spider-Man arrive dans un contexte particulier pour l’Homme-Araignée. Spider-Man : Homecoming est sorti l’année précédente, avec un Tom Holland qui tient le rôle depuis 2016 (Civil War), le chipant donc à Andrew Garfield, dont la dernière incursion dans le costume rouge et bleu remonte à 2014. Pour le dire plus simplement : en l’espace de 2-3 ans, Spidey a connu du changement drastique. Rejoignant donc l’Univers Cinématographique Marvel (MCU pour faire court), on sent avant toute chose que Spider-Man est là pour être de nouveau mis sur le devant de la scène, appuyé par la machinerie de guerre de Marvel/Disney. Le coup est intelligent de toute façon : alors que l’on arrive presque au terme des aventures des héros jusqu’ici inclus dans le MCU, ramener dans le giron maternel celui qui est sans doute le super-héros le plus populaire du monde s’avère être des plus judicieux afin de préparer la suite. Bon, évidemment, les événements les plus récents nous auront finalement fait comprendre que l’affaire n’est pas si entendue que cela mais c’est un autre sujet et la question n’est pas là aujourd’hui.
Il aurait alors été peu surprenant, à l’annonce du projet de jeu vidéo, que ce dernier profite de cet engouement renouvelé par la magie du MCU pour proposer un titre qui se fasse en lien avec les films, mettant alors en scène le Spider-Man de Tom Holland dans une aventure vidéoludique solo. Cela n’aurait d’ailleurs pas manqué de rappeler cette douce époque où le moindre film SF/action/super-héroïque obtenait généralement une adaptation plus ou moins réussie en jeu par la suite. En l’occurrence, comment ne pas se souvenir du portage sur nos supports de jeu favoris du Spider-Man 2 de Sam Raimi ? Edité par Activision et sorti en 2004, ce soft n’était sans doute pas le plus grand jeu de tous les temps mais quel plaisir à l’époque d’évoluer en Spider-Man en voltigeant entre les gratte-ciels de Manhattan ! Tout le sel de ce jeu résidait d’ailleurs dans cette simple possibilité : être Spider-Man. En dehors de cela, le titre tâchait de faire suivre au joueur l’histoire du film tout en y adjoignant diverses quêtes supplémentaires dont une assez mémorable incluant Mystério.

Ah mes enfants, que de souvenirs…

Malgré cela, Insomniac n’en fait rien. Aucun accord n’est conclu en ce sens avec Marvel/Disney et le Spider-Man PS4 sera un jeu indépendant du MCU, évoluant dans son propre univers. A ce sujet, il est finalement intéressant de constater qu’en dépit de l’immense succès de cette folle franchise depuis 2008, l’univers ciné Marvel ne s’est que rarement décliné en jeux vidéo. On se souvient des adaptations des trois films Iron Man ou encore de celles de L’Incroyable HulkCaptain America et Thor mais rien de tout cela n’était à proprement parler mémorable. Le dernier jeu en date tiré du MCU n’est d’ailleurs rien d’autre qu’une énième variante des jeux LEGO avec LEGO Marvel’s Avengers, paru en 2016.
Ce n’est évidemment pas l’objet de cet article et je reviendrai juste après au sujet qui nous intéresse ici mais je reste encore aujourd’hui très surpris par cette absence d’investissement du MCU sur le marché vidéoludique. Pourtant, à bien y réfléchir, la chose n’est pas si étonnante que ça : les comics continuent bien pour leur grande majorité d’avancer sans se préoccuper des films (ou alors de manière plus ou moins anecdotique). Il y avait pourtant tout un pan à saisir côté jeux vidéo et Marvel a préféré le laisser en friche, au profit d’adaptations plus ou moins correctes de ses super-héros dans leur ensemble, sans réfléchir par le prisme de cet univers ciné. Derniers exemples en date de cet aspect, on pourra notamment citer Marvel Ultimate Alliance 3 ou le futur Avengers de Square Enix, émancipé du carcan du MCU.

Pas de lien net avec le MCU mais le costume de Homecoming est toutefois disponible, tout comme celui des films de Sam Raimi. Nulle trace de celui des Amazing Spider-Man cependant…

Et puis il y a ce Spider-Man donc, au sujet duquel je vous mentirais si je vous disais que je ne suis pas ravi de le voir évoluer loin de l’univers cinématographique. Cela fait en effet du bien d’avoir droit à une respiration au sein de cette déferlante super-héroïque permettant de proposer autre chose en termes d’approche d’un personnage. Cela fait d’autant plus de bien que si je ne suis pas totalement réfractaire à Tom Holland et son interprétation de Peter Parker, il demeure celui que j’aime le moins parmi tous ceux auxquels nous avons eu droit depuis Tobey Maguire. Au-delà même de ce seul aspect, c’est tout le traitement fait dans Homecoming puis Far From Home qui me déplaît. Là où j’aime le super-héros qui se débrouille avec les moyens du bord sans jamais se départir de son esprit cabotin, je me retrouve avec un jeune homme certes un peu gauche mais où tout lui tombe tout cuit dans la bouche grâce à un Tony Stark au paternalisme étonnant. Pire encore, le « friendly neighborhood Spider-Man » semble l’avoir bien oublié, son neighborhood (voisinage, pour les non anglophones qui liraient ces lignes)…

Le voisinage, justement, c’est exactement là où ce Spider-Man veut nous plonger. Reprenant pour l’essentiel les lignes classiques du « jeu vidéo Spider-Man« , cet opus-ci nous propose d’évoluer dans un Manhattan plus grand et ouvert que jamais. Un open world donc où le vaillant Spidey virevolte d’immeubles en immeubles pour sauver les citoyens des dangers qui les menacent, des simples malfrats de tous les jours à Wilson Fisk et autres vilains. Le voisinage constitue donc le cœur de l’aire de jeu de Spider-Man et c’est lui qui va le remplir. D’un simple trafic de drogue à démanteler à un accident de la route dont il faut sauver les blessés, Spidey se comporte bel et bien en « araignée sympa du quartier ». L’open world de ce jeu en devient alors rapidement sympathique, vivant et presque naturel.
On se plait à le parcourir de long en large pour profiter de son ambiance urbaine, certes pas révolutionnaire mais néanmoins plaisante. Son principal atout, c’est d’avoir su être sans cesse en mouvement. Pas dans le sens où l’aire de jeu se voit énormément chamboulée à mesure que l’on avance mais plutôt dans celui où, en constituant une ville, Insomniac a cherché à lui donner une vie digne de cela. Il y a toujours un détail, quelque chose qui fait que New-York ressemble à New-York. Un vieux qui nourrit des pigeons sur un banc, des jeunes qui jouent au basket, des gens qui marchent, d’autres qui font les boutiques, un couple qui s’embrasse… Prenez le temps d’observer ce qui vous entoure, descendez des cimes urbaines et vous verrez tout cela. Consciente jusqu’au bout de ramener l’esprit de quartier dans son jeu, l’équipe d’Insomniac a su lui donner une véritable saveur, une texture qui rend cette ville plus palpable que bien d’autres. C’est sans doute la chose la plus naturelle de ce jeu.

Spider-Man appelle à la flânerie et cette dernière en devient un pan du jeu, certes accessoire, mais très agréable néanmoins. Cliché par Dehell Chouquette.

Tout Manhattan rien que pour soi ! Cliché par Dehell Chouquette.

Ceci étant dit, il faut bien avoir conscience que le seul fait d’incarner Spider-Man joue pour beaucoup dans cette appréciation. Prenez la même map tout en y mettant en scène n’importe quel autre personnage (Marvel ou non) et l’expérience n’est plus la même. Spidey, c’est la promesse d’une façon bien à lui d’explorer la ville, tout en voltiges et ascensions de buildings. C’est la possibilité de jouir d’une verticalité grisante faite de petits plaisirs comme une chute libre du haut du nouveau World Trade Center suivi d’un rattrapage in extremis pour mieux s’élancer à toute blinde dans les rues du Lower Manhattan. Impossible finalement de ne pas se rendre compte que c’était sans doute cela que l’on attendait le plus de ce titre. Bien entendu, d’autres espoirs auront légitimement pu être formulés tant en termes de game design que de scénario, mais on touche ici au cœur de ce que toute personne se lançant dans un jeu estampillé Spider-Man espère trouver. Sur cet aspect bien précis, Insomniac remplit le contrat sans faillir. Comment ne pas être conquis, d’autant que le gameplay se montre particulièrement aisé d’accès et complet, contribuant ainsi de manière notable à ce plaisir. En cela, Spider-Man ne manque pas de devenir la meilleure occasion qui nous ait été donnée d’incarner l’Homme-Araignée, ce dernier disposant d’une très large palette de mouvements qui le rend tout à fait fidèle aux comics d’origine.

Les meilleures choses dans la vie, ce sont aussi les plus simples.
Cliché par Neights.

L’affection pour Spider-Man et ses pouvoirs mise de côté, il faut maintenant regarder le jeu dans son ensemble. Globalement, ce monde ouvert repose sur des mécaniques classiques. Ne comptez pas sur Manhattan pour vous proposer une expérience de game design qui chamboule l’approche des open worlds : l’île regorge finalement des mêmes qualités et défauts que bon nombre d’autres maps de la même envergure. Pour dire les choses plus simplement encore : Spider-Man sur PS4 ressemble à s’y méprendre aux jeux Batman Arkham (exception faite d’Arkham Asylum, différent des trois autres). A peu de choses près, c’est exactement la même chose. Il y a même un moment dans le scénario du jeu où le tout tend sans rechigner vers les fondements-mêmes d’Arkham City, c’est assez incroyable. Mais on reviendra sur la question de l’histoire plus tard.
Concernant des aspects de jeu à proprement parler, Insomniac tire donc clairement son inspiration de chez Rocksteady. Leur soft se réapproprie le système de jeu des Arkham et s’emploie à fidèlement le reproduire. En conséquence, Spider-Man souffre des mêmes défauts que ces autres œuvres (redondance des objectifs annexes, quand ils ne sont pas anecdotiques) et jouit en parallèle de leurs mêmes qualités, notamment cet open world donc qui – nonobstant le plaisir d’y évoluer en tant que Spider-Man – s’avère plutôt joli (de bien beaux effets de lumière tout de même), relativement vaste et dans lequel on s’amuse à flâner. Sur ce dernier point, Spidey l’emporte clairement face à Batman pour les raisons que j’évoquais plus haut, encore une fois. Aussi cool que puisse être le Chevalier Noir de Gotham, se balancer d’immeubles en immeubles avec le dynamisme inhérent au personnage de Spider-Man et qu’Insomniac tâche donc avec succès de rendre ici, c’est autre chose que d’utiliser le bat-grappin ou de bat-planer de hauteurs en hauteurs. Finalement, c’est là le principal argument du jeu pour me convaincre de remplir ses quêtes annexes et autres objectifs de collection. En d’autres circonstances, je passe systématiquement mon tour sur ce genre de choses mais si cela me donne l’occasion comme c’est le cas ici de voltiger dans tous les sens, l’affaire est entendue : je voltigerai.

Spidey l’emporte également dans les combats. Moins brutasse que son collègue de Gotham, le personnage mise évidemment sur la rapidité pour des affrontements tout en toiles aussi vifs que prenants. Cliché par Neights.

Pour autant, aussi content que je puisse être en allant ramasser les anciens sacs à dos de Peter Parker un peu partout dans New York, le fait est là : je vais ramasser des sacs à dos. Ou des pigeons… Insomniac remplit en effet son monde ouvert de ces petits objets à trouver n’importe où en vue de « cent-pour-centifier » chaque quartier. Un nombre prédéterminé de ces petits trucs à trouver est ainsi établi pour chaque district puis, zou, on passe au suivant. Ce n’est pas exceptionnel, c’est peu inventif et assez feignant même quand on y pense. Et puis c’est mal équilibré. Il y aura trop de l’un et pas assez de l’autre. Trop de sacs à dos à trouver (dans lesquels se cachent divers objets inutilisables mais étoffant le lore) là où le coup d’aller prendre des photos aurait été intéressant à développer plus en-avant !

La tour des Avengers est évidemment le plus emblématique du lot mais Manhattan regorge de lieux associés à divers super-héros. Cliché par Neights.

C’est peut-être peu créatif que de mettre une mini-quête où l’on recherche des lieux précis dans une ville pour les photographier mais, ici, ça fait sens à plus d’un titre. D’une part, cela fait écho au passé de photographe de Peter Parker pour le Daily Bugle (ce qu’il n’est plus au moment où se déroule le jeu). Ensuite, cela permet de glisser des tas de références à d’autres héros du roster Marvel sans trop se fouler mais qui font toujours plaisir : la maison de Dr. Strange, la tour des Avengers, le bureau de Jessica Jones… New York regorge de tas et de tas d’endroits qui peuvent permettre d’évoquer de près ou de loin un super-héros de la Maison des Idées alors autant en profiter. Enfin, cette quête photographique permet surtout de profiter de l’environnement urbain qui nous est proposé. C’est l’occasion idéale de l’appréhender mieux que jamais, d’en découvrir les passages incontournables et les cheminements plus discrets, le tout au gré d’allées et venues qui profitent donc des éléments que je mentionnais précédemment. Dommage donc que ceci ne fasse l’objet que d’un petit tour au collectibles et rien de plus conséquent…
De tout cela découle finalement un jeu dont la grande sympathie se retrouve lésée par une générosité de façade, bien incapable de prendre idéalement forme dans ce si bel écrin qu’on lui sert pourtant. Le plaisir simple et efficace d’incarner Spider-Man est contrebalancé par des quêtes suintant le classicisme, qu’elles soient principales ou secondaires. Quelques missions annexes permettront de couper court à la routine imposée par le scénario mais elles sont hélas trop peu nombreuses. De ce scénario enfin, Spider-Man en tant que jeu a clairement du mal à s’en éloigner. Même lorsqu’au terme d’un chapitre donné, ils nous est concrètement proposer de faire un tour en ville pour réaliser quelques objectifs secondaires, il suffira bien souvent de ne s’occuper que d’un seul pour que le récit revienne à la charge et nous ramène dans son cadre. Libre à nous bien entendu de le suivre ou non et d’éventuellement continuer nos errances urbaines mais ce serait vite prendre le risque de vider Manahattan de ses petits à-côtés et de se retrouver sans rien de plus que l’histoire qui nous est narrée pour nous amuser.

Question univers, justement, Spider-Man évolue en dilettante vis-à-vis des autres productions le concernant actuellement. Sans lien avec le MCU, ni avec la série principale de comics donc, le titre d’Insomniac cherche avant tout à créer sa propre version de l’Homme-Araignée. La chose s’explique par l’accord passé à l’aube du projet entre Marvel Games, Sony et le studio, accord qui donnait carte-blanche aux développeurs pour composer leur itération personnelle du héros et, plus agréable encore, de choisir le personnage de leur choix dans le vaste catalogue Marvel. Nous avons donc eu droit à Spider-Man mais rien ne dit qu’Iron Man, Captain America ou Wolverine n’auraient pas pu être envisagés ! Enfin bref, c’était surtout pour l’anecdote, le principal étant que tandis que Marvel Studios planchait sur Homecoming, Marvel Games supervisait donc un épisode qui lui serait propre. Là encore, je continue de m’interroger sur le pourquoi du comment de cette non-filiation. Envie (louable, le cas échéant) de ne pas uniquement évoluer avec le MCU ? Souhait de ne pas court-circuiter en quelque sorte Homecoming avec un jeu qui lui serait lié ? Ou bien est-ce le résultat de la leçon apprise avec le succès plus que mitigé des précédents titres parus en lien avec le MCU ? Je n’en sais strictement rien…

Mary-Jane, toujours prompte à se mettre dans le pétrin, se voit offrir un rôle certain au sein de l’intrigue.

L’essentiel, c’est que Spider-Man par Insomniac partait dès le départ avec le champ libre pour se construire comme il l’entendait. Le jeu propose donc sa vision de Spider-Man et de son alter ego Peter Parker. Ce dernier n’est plus photographe à la petite semaine pour le Bugle mais travaille auprès du docteur Otto Octavius suite à ses études scientifiques. Mary-Jane en revanche est devenue reporter pour l’ancien journal de J.J. Jameson, lequel présente désormais une émission de radio, toujours avec la verve et le verbe qu’on lui connait. Harry Osborne est quant à lui absent physiquement du jeu bien qu’il lui soit fait référence à de nombreuses reprises. Son père est quant à lui maire de New York. Je ne vous fais pas le tour complet des personnages du jeu mais cela vous permet de voir que, même avec de petits détails, Insomniac a cherché à proposer quelque chose qui lui soit personnel, sinon original. Reste que tout ceci, le rôle qu’occupe chaque protagoniste, n’a finalement que peu d’importance : l’essentiel demeure ailleurs, dans l’esprit insufflé au titre.

Sur ce plan-ci, ce dernier s’avère très satisfaisant pour l’amateur de Spider-Man (mais pas fin connaisseur non plus) que je suis. Le jeu se raccroche très bien aux comics originaux par son ambiance et donne à mettre en scène une aventure de Spider-Man telle qu’on pourrait légitimement en attendre en ouvrant une BD dont il serait le héros. Cela rejoint ce dont je parlais plus haut concernant l’approche à l’échelle du quartier mais cela touche aussi à la façon de composer les personnages qui y sont intégrés. Le jeu s’en sort très bien sur ce plan, rendant ses protagonistes très appréciables dans leur grande majorité.
Si l’on parle de Peter Parker/Spider-Man, cette itération du jeune homme et de son alter ego masqué colle en effet très bien à sa version papier et se rapproche à mon sens pas mal de l’interprétation qu’en faisait Andrew Garfield dans les deux Amazing Spider-Man. Si les films n’étaient pas spécialement exceptionnels, cette version ciné du héros reste à mon sens la plus proche du comics (et par extension ma favorite), d’autant que si le Spider-Man était très cool, le Peter Parker ne déméritait pas non plus. C’est un peu ce que l’on retrouve ici, avec ce Spidey qui se montre volontiers blagueur, espiègle, sinon insolent à l’égard de ses ennemis mais toujours avec cet esprit de dérision qui caractérise le personnage depuis les tous débuts de ses aventures. Tout cela sans omettre d’évoquer cette thématique chère aux comics dans lesquels il apparaît, à savoir le poids des responsabilités et la difficulté de lier vie personnelle et vie de super-héros. Si Spider-Man sur PS4 n’apporte pas de grande pierre à l’édifice, il mérite au moins d’être salué pour avoir pensé à cela. Et, entre nous, la VF assurée par Donald Reignoux accompagne idéalement le personnage.

Quel cabotin. Cliché par Dehell Chouquette.

En dépit de ces dernières qualités, le scénario n’est cependant pas le plus exceptionnel qui soit. Dans une aventure où un étrange « méchant qui n’est pas celui qu’on croit » décide de foutre le boxon dans la Grosse Pomme, Spider-Man mène l’enquête dans une histoire qui ne casse pas trois pattes à un canard. Si quelques séquences resteront dans les mémoires pour leurs quelques idées de mise en scène ou leurs éventuels retournements de situation, le récit ne cherche pas spécialement à faire dans l’extravagant. Assez court même, ce scénario n’est pas de haute volée mais va plutôt servir de prétexte à l’ensemble. Avec le recul, je me dis que ce n’est pas forcément plus mal. Spider-Man en devient un de ces jeux « pop-corn » où la forme prime sur le fond. Si cela peut être dommageable dans certains cas, le jeu s’en tire ici à bon compte étant donné le plaisir, une dernière fois, que l’on a à incarner le Tisseur. Au final je me prends à suivre l’histoire de ce jeu de la même manière que celles développées dans certains comics sans grande prétention. On en tourne les pages avec le plaisir de voir notre héros préféré se dépêtrer comme il peut de ses ennuis et c’est tout ce qu’on en demande.

Le principal ennemi du jeu est Mister Negative, un antagoniste moins connu du grand public que d’autres. L’idée n’est pas si bête de ne pas toujours miser sur les mêmes têtes.

Ce que je trouve plus dommage cependant, c’est que le récit ici narré est particulièrement court, conférant par extension une durée de vie plutôt faible au jeu si l’on s’en tient uniquement à son histoire principale. Les différents collectibles viendront ajouter de quoi faire mais cela reste un remplissage d’espace et de temps assez artificiel, hélas. On comptera alors sur les DLC pour prolonger le plaisir. Je les ai d’ailleurs achetés récemment mais en n’ayant terminé que le premier des trois chapitres, je m’abstiendrai bien de tout commentaire définitif. Cela ressemble en tous cas pour beaucoup à ce qui était déjà proposé dans le contenu de base, ni plus, ni moins. On appréciera enfin brièvement l’idée de parfois nous faire incarner d’autres personnages que Peter Parker mais ces séquences sont à la fois rares et peu ambitieuses. Elles ont beau essayer à chaque fois de proposer une autre approche en changeant de point de vue ainsi qu’en apportant une suggestion nouvelle de gameplay, le travail sur ces quelques passages est limité au strict minimum et n’apporte finalement que très peu de choses à l’ensemble…

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Spider-Man n’est donc pas à proprement parler un excellent jeu mais il n’en est pas un mauvais non plus. Il est standard quoi. Standard dans la catégorie des titres en monde ouvert qui n’ont pas d’ambition plus grande que d’être un titre en monde ouvert. Ce n’est pas un chef-d’oeuvre en soi mais a-t-on besoin que chaque jeu en soit un finalement ? Il est bon aussi, parfois, de se plonger dans un jeu comme celui-ci. Un soft qui sache se révéler sans prétention mais pas sans amusement. Insomniac Games propose ainsi un jeu qui mise davantage sur le plaisir de jeu tout bête que sur l’expérience profonde mais c’est aussi quelque chose d’appréciable. Evidemment, on préférera toujours les grandes œuvres ou celles qui apprennent à mieux appréhender leur open world que cela, à en offrir une autre proposition, mais Spider-Man sur PS4 ne démérite pas pour autant. Et s’il fait preuve de faiblesses sur certains points, impossible de ne pas ressentir le plaisir grisant de ces escapades new-yorkaises en volant de toile en toile. Un jeu « pop corn » donc, aussi classique que sucré.

Pour toujours plus de photos des talentueux Neights et Dehell, voici les liens vers leurs albums respectifs !
Neights : https://www.flickr.com/photos/153143207@N03/albums/72157697916994222
Dehell : https://www.flickr.com/photos/146767996@N07/albums/72157671147238277

2 réflexions sur “Parlons jeu, parlons bien n°56 – « Spider-Man » [PS4]

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