En France, on aime bien être en retard, ça fait un peu de notre charme je pense. Ou notre ridicule, au choix. Dans le plus grand des clichés, on arrive en retard à nos rencards, à la bourre au taf et on regarde des séries presque six mois après les autres. The Mandalorian n’échappe pas à la règle. Lancé en Novembre 2019 sur un Disney+ alors exclusif à l’Amérique du Nord, la nouvelle série dérivée Star Wars n’est logiquement arrivée dans l’Hexagone qu’au début du mois d’Avril. Et encore, on aurait pu avoir droit à la chose dès Mars si quelques concurrents n’avaient pas fait pression pour que le gouvernement repousse le lancement du service de streaming de Disney, initialement prévu pour la deuxième quinzaine de Mars. Reste que The Mandalorian était finalement là, au lancement de la bête en France et qu’on va enfin pouvoir en parler.
Enfin bref, digression mise à part, retrouvons notre sérénité et penchons-nous un peu sur ce Mandalorian tant attendu. Car oui, ce nouveau format est un peu un bel événement dans le vaste univers Star Wars. D’abord parce que c’est une nouveauté et la moindre production inédite estampillée Star Wars demeure un événement, quoi qu’il en soit. Ensuite, c’est une série qu’on pouvait également attendre pour le contexte dans lequel elle a choisi de placer son histoire. Contrairement à la très grande majorité des autres productions télévisuelles de la saga, The Mandalorian se situe en effet après l’épisode VI, Le Retour du Jedi. Jusqu’ici, seule Star Wars Resistance, série animée proposée sur Disney XD entre 2019 et 2020, proposait de s’intéressait à cette époque. Dans les deux cas, le choix s’explique bien entendu par le retour de la licence sur grand écran avec cette troisième trilogie qui fait suite à l’originale. Cela étant, Resistance ne connaîtra pas plus de deux saisons : d’ores et déjà terminée, la série laisse The Mandalorian seule pour poursuivre l’extension du « nouvel univers étendu » dans cette frange-là de la chronologie. Rappelons en effet que depuis le rachat de la licence par Disney, tout l’univers étendu préalablement établi par des années de romans, comics, jeux vidéo et autres œuvres a été purement et simplement effacé, laissant le champ libre à Mickey & co de développer son propre terrain de jeu.
En cela, The Mandalorian représente également un événement car c’est le premier grand dérivé purement made in Disney à voir le jour (j’exclus ici volontairement Resistance, qui n’aura donc jamais marqué les esprits). Enfin, l’événement réside aussi dans le fait que c’est la toute première série TV en live action de tout l’univers Star Wars. En effet, si divers téléfilms ont pu voir le jour auparavant, toutes les séries étaient jusqu’ici dans le domaine de l’animation. De Droïdes : Les Aventures de R2-D2 et C-3PO en 1985 à Resistance en 2019 donc, en passant par les deux séries Clone Wars, Star Wars Rebels ou les différentes itérations LEGO Star Wars, aucun de ces formats ne s’était écarté de l’animation. Il y a bien eu le projet Star Wars Underworld, annoncé en 2005, mais ce dernier fut abandonné sans jamais avoir vu le jour en 2016.
Mais avant de parler de la série en elle-même, un peu de contexte. Qu’est-ce qu’un Mandalorien dans l’univers Star Wars ? Alors qu’il est commun de penser qu’il s’agit d’une espèce ou d’un peuple à proprement parler, les Mandaloriens venant de la planète Mandalore, ces hommes et femmes en armures sont moins un groupe ethnique pur et dur qu’une organisation. Reconnus de tous temps pour leurs prouesses de combattants, qui poussa une très grande majorité d’entre eux à devenir mercenaires et chasseurs de primes, les Mandaloriens forment en quelque sorte un groupe militaire/para-militaire dont la principale caractéristique, qui permet de les identifier tout de suite, est sans conteste cette armure plus que résistante qu’on ne les verra jamais ôter. Le plus célèbre d’entre eux dans l’histoire de la saga est sans conteste Boba Fett, introduit dans L’Empire Contre-Attaque et que l’on retrouve enfant dans la Prélogie puisqu’il apparaît dans L’Attaque des Clones en compagnie de son père Jango.
Et puisque l’on parle du fameux Boba, il est à préciser que The Mandalorian est finalement l’aboutissement de longues rumeurs autour du personnage. Lorsque Disney rachète Lucasfilms et relance la machine Star Wars sur grand écran, l’entreprise ne cache pas son envie de réaliser des spin offs. Deux ont d’ores et déjà vu le jour, Rogue One puis Solo, mais celui que les fans appelaient de leurs vœux (en plus d’éventuels films sur Yoda et Obi-Wan Kenobi) était bien entendu le spin off centré sur l’emblématique chasseur de primes. Malheureusement pour les fans hardcore de Boba Fett, le projet n’a jamais vu le jour et il n’est a priori pas prêt d’arriver puisque Disney a annoncé l’an dernier mettre un coup d’arrêt à la production des spin offs (tout bonnement pas assez rentables, peut-être parce que pas assez bons…).
Enfin bref, exit Boba Fett mais l’idée de mettre en scène un Mandalorien n’est pas morte pour autant et conduit donc à la mise en chantier de cette série, prévue pour accompagner le lancement de Disney+. Aux manettes, c’est Jon Favreau que nous retrouvons. Je ne m’avancerai pas sur les raisons de ce partenariat mais je me dis que Disney a peut-être bien pensé que si Favreau a su mettre sur pied les bases initiales de l’Univers Marvel avec ses deux Iron Man, il ferait sans doute un excellent choix pour lancer un autre gros dossier dans l’univers Star Wars cette fois-ci. Favreau a de toutes façons un petit passif avec Star Wars puisqu’il a notamment prêté sa voix à Pre Vizla dans la série The Clone Wars puis à Rio Durant dans Solo. C’est d’ailleurs lors de l’avant-première mondiale du film que Favreau confirme l’existence du projet The Mandalorian, qu’il crée, écrit, produit et réalise en partie. A l’heure actuelle, sachez d’ailleurs que le monsieur a confirmé avoir fini d’écrire la saison 2 (prévue pour l’automne prochain) et qu’il planche d’ores et déjà sur le scénario de la saison 3.
Trêve de mises en situation, venons-en au fait. Une fois ravalée la frustration de ne rien voir aboutir spécifiquement sur Boba Fett, que valent les aventures de cet autre Mandalorien ? Autant vous le dire de but en blanc : je craignais que ça ne tienne pas la route. Sans trop me pencher sur la question, je l’admets, j’avais un peu peur avant qu’elle ne soit lancée, que cette série ne soit qu’une roue de secours à un projet avorté sur Fett et n’arrive pas à mettre en scène un personnage à la hauteur de celui que nous espérions retrouver. Et fort heureusement, je n’ai pas eu le nez creux : The Mandalorian est une excellente surprise, et ce sous de multiples aspects !
La première chose qui me ravit avec cette série concerne essentiellement la forme et surtout le très agréable format qui est le sien. Avec seulement huit épisodes d’environ 35 minutes chacun (sauf le dernier), une saison de The Mandalorian se regarde toute seule et très rapidement. Cela permet surtout à la série d’être tout sauf envahissante : ça se regarde vite et cela permet d’éviter de trop tirer sur la longueur. C’était pourtant un risque en proposant une série dans un univers aussi riche et ouvert à la création que Star Wars (même sous l’ère Disney). Il aurait ainsi été tentant pour n’importe quel showrunner de développer une série longue et dense, permettant d’établir un univers qui lui soit propre tout en étant bien approfondi, quitte à étirer la chose et la rendre potentiellement indigeste. Cela étant, il apparaît que la vision de Jon Favreau était toute autre. Semblant vouloir laisser le loisir des longues histoires aux films, il a mis sur pied une série qui, dans chacun de ses chapitres, va laisser le récit aller à l’essentiel, sans fioritures. C’est finalement un choix audacieux s’il en est et si une partie du public regrettera peut-être un manque de profondeur sur certains aspects, je trouve au contraire que cela permet de se concentrer sur les éléments les plus importants et intéressants de l’intrigue. The Mandalorian ne se disperse alors pas en voulant aborder trop en détail des choses qui se révéleraient anecdotiques et reprend finalement en cela le format établi notamment avec les séries animées Star Wars Rebels et, surtout, The Clone Wars. Un format qui, tout bonnement, permet à la série de conserver l’attention du public tout du long de chaque épisode en ne l’envoyant pas trop se balader narrativement parlant. Mieux encore, par le rythme que cela impose, voilà The Mandalorian qui crée de l’attente, sans efforts.
Autre point fort : tout en étant pleinement inscrite dans un « esprit Star Wars » qui permet d’assurer une filiation sans faille entre cette production et l’ensemble des films, on ne peut qu’apprécier la façon dont cette série tâche de se créer sa propre approche de cet univers. Dans un style général qui rappelle avec plaisir la trilogie originale, ce traitement appliqué sur The Mandalorian passe essentiellement par un côté très western sur le fond. Un choix qui permet ainsi de développer toute une atmosphère qui plane sur l’ensemble de la saison et lui confère une identité propre et marquée, non seulement au regard de la saga dans laquelle elle s’inscrit mais aussi de manière plus générale en tant que produit télévisuel. Une approche qui, comme je le disais, se fait beaucoup sur le fond mais bien moins sur la forme cependant.
N’allons cependant pas voir en cette nuance un souci, attention. Bien au contraire, cela permet à la série de multiplier non pas les références (qu’on aurait pu imaginer en clins d’œil visuels et autres choses du genre) mais plutôt les procédés et les mécaniques narratives qui ont fait du western un genre à part. Sur la forme en tous cas, si l’on notera quelques idées empruntées plus volontiers au western américain et à John Ford qu’à son pendant spaghetti (nous avons droit à nos grand espaces contemplatifs Fordiens mais pas aux gros plans Leonesques), on sent clairement une volonté de se départir de tout ce que le western a su proposer, de s’en affranchir autant que possible pour ne pas tomber dans le cliché. Mais les ingrédients essentiels au récit typique des films de cow-boys sont bien là, indéniablement : chasseurs de primes retors et autres renégats, personnages reclus mais importants, anti-héros solitaire… Tout l’inverse de ce que Solo tentait bien maladroitement de faire en gros (alors que pour le coup, ce dernier avait tout à gagner à être un vrai gros western spatial sur la forme)…
Le scénario, en tant que récit à proprement parler, contribue pour beaucoup à ce travail de fond et réussit à éviter bon nombre d’écueils au passage. A titre d’exemple, la série n’impose pas de personnage secondaire relativement inutile, lequel aurait pu remplir le rôle d’un faire-valoir pour le héros, le tout avec une dimension comique. C’est pourtant le genre de choses qu’il aurait été là aussi très simple d’insérer dans l’ensemble et nous n’en aurions pas été vraiment surpris. J’ai même cru, lors du deuxième épisode, que le droïde IG-11 allait se voir attribuer cette fonction. Il n’en fut cependant rien et je dois bien vous avouer que c’est un soulagement tant ce genre de protagoniste aurait pu dénoter par rapport au ton adopté dans la série.
Au lieu de cela, The Mandalorian préfère se concentrer sur son héros. Un personnage peu loquace mais auquel on s’attache néanmoins sans trop de difficulté, preuve en étant que ce n’est pas toujours dans les répliques que sa cache la saveur d’un personnage. Avec celui-ci, c’est en fait toute l’ombre de Boba Fett justement qui plane sur lui. Fett était un personnage globalement mutique et assez mystérieux, ce qui a grandement contribué à son aura (laquelle a explosé dans les œuvres tirées de l’univers étendu originel de la saga). Il pourra alors sembler un peu facile d’apposer sur notre Mando des caractéristiques aussi similaires mais on ne va pas se voiler la face : ça lui donne un charisme immédiat. D’autant que le Mandalorien n’est pas Boba Fett trait pour trait, loin de là. Il suffit d’observer les choix que Mando fait dans les différents épisodes, ses réactions tant face aux alliés qu’aux antagonistes, pour le constater.

L’Enfant est un immense atout pour la série, tant pour ce côté mignon (sans surenchère poussive d’ailleurs) que pour la façon dont il permet de relancer les événements avec régularité. Le mystère l’entourant constitue d’ailleurs un facteur d’attente pour les prochaines saisons.
J’apprécie ensuite beaucoup la manière dont cette saison ne repose pas exclusivement sur son fil rouge en matière de développement narratif mais s’en sert plutôt pour conduire les épisodes, leur trame générale, et les amener à proposer autour de ce fil plusieurs histoires aux personnages et péripéties variés, de la même façon que le faisait The Clone Wars justement, que je mentionnais plus haut. Comprenez par là que le récit de l’épisode 3 ne sera pas la suite pure et simple de l’épisode 2, qui n’est pas lui-même celle de l’épisode 1…
Initié dès le tout premier chapitre et pleinement mis sur pied à partir du deuxième, tout l’arc autour de l’Enfant (qu’internet a un peu trop vite baptisé Baby Yoda) sera donc ce fil rouge, cette ligne directrice générale mais servira donc plus d’écrin que de véritable intrigue principale pour chacun des épisodes et autour de laquelle ne graviteraient que des intrigues secondaires aussi vite vues qu’oubliées. Au lieu de cela, et si la résolution de cet arc majeur constitue évidemment le but ultime de la saison/de la série malgré tout, les sous-intrigues narrées dans chacun des huit épisodes vont venir prendre le pas sur ce dernier et devenir le centre d’attention temporaire mais néanmoins principal de chacun des chapitres. Au sein de ce système narratif, l’arc de l’Enfant servira donc presque plus de tremplin vers lequel on revient régulièrement que de réel point de départ pour chaque élément raconté. Par exemple, lorsque dans l’épisode 5 le Mandalorien aide un village à combattre des pillards (je n’en dis pas plus), c’est bien cet enjeu-là qui sera le cœur de l’histoire le temps de ces 35 minutes. L’Enfant, bien qu’omniprésent, n’en devient plus qu’un élément de relance constante de l’intrigue principale de la série, laquelle s’est élégamment mise en retrait sans pour autant se faire oublier, le tout enfin avec une rythmique certes classique mais malgré tout efficace.
Ce système, qui permet donc aux intrigues secondaires de devenir principales, chacune le temps d’un épisode, a pour grand avantage d’apporter une certaine fraîcheur au format. Un constat bienvenu pour permettre à la série de régulièrement renouveler l’attention des spectateurs mais qui l’est d’autant plus que – dans le contexte actuel de la production télé générale – il aurait été parfaitement envisageable de voir arriver une série au format 50 minutes avec un ton et une construction beaucoup plus sérieux, sinon convenus. Game of Thrones et Breaking Bad, toutes qualités inhérentes de ces deux séries mises de côté, ont eu cet effet sur les séries actuelles de créer une tendance au récit sérieux et dantesque, quitte à voir l’idée se démultiplier ad nauseam ces dernières années, ôtant un peu de son charme. The Mandalorian de son côté s’offre le luxe de ne pas suivre cette mouvance, laquelle l’aurait sans doute conduite à ne tourner qu’autour de l’Enfant, et donc de joliment se démarquer. Une mise à part d’autant plus réjouissante que le travail sur l’ensemble de la série, ou en tous cas de cette première saison, est tout à fait louable.
Pour tout dire, il n’y a guère qu’un épisode qui m’a moins emballé que les autres : le sixième. Sans en dévoiler le pourquoi du comment, histoire de ne pas vous spoiler malencontreusement, sachez que cet avis concerne moins l’histoire racontée dans ce chapitre que ses atours. Car si l’intrigue n’est pas vraiment pour me déplaire sur le papier, les personnages introduits au cours de ces 35 minutes me sont parus tout ce qu’il y a de plus insupportables ! Un problème qui tient à mon sens autant de leur écriture bancale que de la toute aussi piètre qualité de jeu de leurs interprètes respectifs. Bill Burr semble apprendre à jouer tandis que Natalia Tena (puis Ismael Cruz Cordova) misent sur un sur-jeu outrancier et par conséquent ridicule. Même le fameux Clancy Brown n’arrive à rien. Seul le personnage du droïde, doublé par l’excellent Richard Ayoade (Moss dans IT Crowd !), s’en sort avec les honneurs. Enfin bref, seule véritable faiblesse au sein de cette saison, ce lot de protagonistes m’a au final donné l’impression d’être devant un truc dont la direction d’acteurs aurait été confiée à un Luc Besson qui aurait décidé de reproduire les mêmes bêtises que dans Le Cinquième Elément, ce qui n’est en aucun cas vendeur en ce qui me concerne…
Fort heureusement, le reste de la série vole largement au-dessus de cet écart de conduite et offre finalement une saison d’une qualité tout à fait respectable. Je parlais plus haut de la façon dont le tout s’apparente souvent au western sur le fond mais pas sur la forme et, sur cette dernière, il convient cependant de souligner le très bon travail effectué sur la mise en scène comme sur la photographie ou les effets spéciaux. Loin d’être une « série Disney un peu kitsch », The Mandalorian s’offre un univers visuel certes évidemment lié à Star Wars dans sa globalité mais qui sait aussi et surtout se rendre intéressant. Sans tout le temps jouer sur la référence ou la redite de ce que la saga a su donner à voir jusqu’ici mais tout en gardant quelques éléments emblématiques de son identité, la série de Jon Favreau réussit à composer sur un double tableau. Celui d’une fidélité à l’oeuvre originale d’une part et d’une envie sincère d’émancipation de l’autre. Sans crier au génie ou à la révolution toutefois, The Mandalorian remporte le pari, comme je l’évoquais rapidement plus haut, de se construire une identité marquée qui lui permet de parfaitement se distinguer dans ce vaste univers étendu qui compose la licence.
Il y a, même si elle n’est pas suffisamment mise en avant pour le moment, une véritable patte qui s’applique sur l’ensemble de cette première saison et l’on ne peut qu’espérer que les deux prochaines sauront l’approfondir encore et encore pour faire de The Mandalorian une production immédiatement reconnaissable. On saluera au passage les compositions musicales de Ludwig Göransson. Auteur et producteur sur trois albums de Childish Gambino, Göransson est surtout connu dans le monde du petit comme du grand écran pour les musiques qu’il a apportées à des œuvres variées comme les séries New Girl et Community ou encore les films Creed (1 et 2), Venom ou encore Black Panther. Ici, le compositeur offre un panel de musiques aussi discrètes qu’efficaces et dont on retiendra surtout le thème principal, bien entendu, tout à fait dans l’esprit de la saga mais avec toujours cette volonté de proposer quelque chose qui s’en démarque.
Sur le cast enfin, je dois bien admettre que la question est assez amusante. C’en est même au point où je ne vois pas trop quoi vous dire. La première raison tient à Pedro Pascal, dans le rôle du Mandalorien. Omniprésent forcément, l’acteur n’est cependant jamais à l’écran sans son casque – logique vu le personnage – et s’avère en plus particulièrement mutique. Il faudra bien qu’il cause de temps en temps mais les répliques de Mando s’en tiennent au strict minimum : une question, une indication, une injonction… Le chasseur de primes n’est pas là pour briller par ses aptitudes d’orateur, loin de là. Il n’en demeure pas moins qu’il en ressort tout de même un certain magnétisme chez ce Mandalorien. Sans doute est-ce là l’impact de l’aura forgée avant lui par Boba Fett mais il serait idiot d’omettre la part jouée par Pedro Pascal dans cette équation. Peu loquace, certes, le personnage ne prête pas à s’illustrer par le verbe mais l’acteur saisit néanmoins l’opportunité de le construire à la fois grâce et malgré cela. En appuyant du mieux qu’il peut chaque parole prononcée par Mando, Pascal réussit à optimiser chacun de ses mots tout en les enrobant dans cette présence là encore magnétique. Le comédien arrive sans difficulté à tirer parti de ce qui aurait été un bel obstacle pour bien d’autres et impose son Mandalorien sans aucun souci.
L’autre point amusant, c’est que la série s’est entourée d’une distribution prestigieuse dans bien des épisodes. En vrac, citons les participations de Nick Nolte, Taika Waititi, Giancarlo Esposito, Amy Sedaris ou encore Mark Boone Junior… Mais aussi classes à afficher au générique que puissent être ces noms, voilà que chacun d’entre eux n’incarnera qu’un personnage secondaire, le temps d’un épisode. Et puis plus rien. Alors on notera l’inégalité des rôles et des interprétations mais, malgré cela, il ressort de cette approche quelque chose de sympathique. Un peu comme si Favreau s’était dit : « Ok, on va rassembler des gens bien mais juste comme ça, pour le plaisir ». Chacune de ces apparitions (ou presque) apparaît alors comme un petit bonbon qui attendait là et ravit le plus souvent le spectateur en offrant à un personnage peu important au regard de la saison toute entière son moment de gloire, en grande partie grâce à ces acteurs et actrices qui se sont prêté(e)s au jeu.

J’oubliais presque de la mentionner mais Cara Dune est un excellent personnage, bien badass comme on aime.
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J’en suis donc le premier ravi : The Mandalorian est une bien belle surprise. Là où j’attendais une série qui aurait plus fait office de VRP pour Disney+ qu’autre chose, je me suis retrouvé avec une saison riche et bien menée, portée en grande partie par la très bonne écriture de chacun de ses épisodes (à peu de choses près). Jon Favreau a su livrer un format prenant et enthousiasmant, assez éloigné des standards actuels des « grosses » séries et qui prouve formidablement bien qu’il ne faut pas nécessairement faire dans la grandiloquence pour offrir quelque chose de captivant et même touchant pour le public. The Mandalorian se trouve alors guidée par cette vision des choses et arrive sans aucun souci à conduire son fil principal tout du long de la saison mais en laissant la part belle dans chaque chapitre aux intrigues et personnages secondaires, essentiels au développement de l’ensemble et de son personnage principal. On n’aura pas eu Boba Fett mais ce Mandalorien là n’a rien à lui envier.
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