Tout le monde (ou presque) aime les volcans. Ils ont toujours entretenu quelque chose de grandiose et mystérieux qui, dans l’inconscient collectif, suscite autant l’admiration que la crainte. Sortes de titans naturels, les volcans sont des montagnes à part. Il fallait donc bien des êtres à part pour tacher de s’ériger au même niveau de légende que ces monstres de lave. Ces êtres, ce sont Maurice et Katia Krafft, deux volcanologues plus que passionnés, devenus célèbres dans les années 1970-1980 et qui font cette année l’objet d’un brillant documentaire proposé par National Geographic.

Volcano Devils
Si les volcans ont toujours suscité de l’intérêt et une sorte de fascination (en atteste la viralité de la récente et sublime photo de l’Etna en éruption par Giancarlo Tinè), il n’est pas non plus indécent de croire que la volcanologie en tant que tel ne mobilise pas tant les foules. Nombreuses sont les personnes qui aiment voir des images de volcans en éruption ou de flots de magma se déversant sur les flancs, certes, car ce sont là des phénomènes impressionnants et riches d’une beauté sans pareil. Mais de là à dire que sommeille en chacun(e) de nous un intérêt sincère pour la volcanologie, ce serait un peu exagéré. Pourtant, dans les années 1970-1980, un couple a tenté de mettre cette science sur le devant de la scène. Jusqu’alors, seul le nom d’Haroun Tazieff évoquait quelque chose aux oreilles du grand public mais il allait désormais falloir compter avec celui des Krafft, Maurice et Katia.
Lui est avant tout géologue, tandis qu’elle est géochimiste. Mais ce qui les unit avant tout, au-delà du seul amour qu’ils se portent l’un à l’autre, c’est cette passion commune pour les volcans. Une passion qui les emportera malheureusement en 1991, comme chacun(e) sait. C’est d’ailleurs ce qui a fini de les faire entrer dans une légende que les Krafft ont forgée à grands coups d’expéditions aussi spectaculaires que dangereuses. Je me souviens notamment d’un livre chez mes parents et si mes souvenirs sont trop flous pour me permettre d’affirmer que c’était un ouvrage des Krafft*, je garde toutefois en mémoire le fait qu’ils étaient dedans. Comment ne pas être impressionné alors, enfant que j’étais, par ces deux personnages posant presque nonchalamment devant des geysers de lave et ces cratères fumants ? Mais Maurice et Katia ne laissaient pas leur marque que dans l’esprit des plus jeunes. Ils ont été des personnages à part entière, s’installant confortablement dans la culture générale française et même internationale, eux qui furent surnommés par leurs homologues américains les volcano devils (les diables des volcans).
*On me signale dans l’oreillette que c’était vraisemblablement le cas

Katia et Maurice Krafft sur le volcan Kilauea (Hawaï), en 1990. Ils mourront l’année suivante, emportés par une nuée ardente sur le Mont Unzen (Japon).
Des personnages, oui, c’est exactement ce que sont devenus Maurice et Katia Krafft. Et c’est en parfaite conscience de cela que Sara Dosa nous livre Fire of Love cette année. Le documentaire s’est pourtant fait relativement discret en France, alors même que ses protagonistes ont été des figures emblématiques pendant une période. Sans doute la France de 2022-2023 a-t-elle un peu oublié les Krafft. Du reste, Fire of Love pourrait bien être l’occasion de recommencer à parler des volcans de la même manière qu’on le faisait avec les Krafft. Un couple qui, comme je le disais, sont devenus de véritables personnages, médiatiques mais pas seulement. Sara Dosa s’est donc réapproprié ces figures pour composer Fire of Love et le documentaire a été très bien accueilli lors du Festival de Sundance 2022, où il fut projeté en avant-première il y a plus d’un an maintenant. Il faudra cependant attendre de longs mois avant qu’il ne fasse parler de lui chez nous. A titre personnel, c’est à la faveur du sommaire du futur numéro 38 de Rockyrama que j’en entends parler pour la première fois. Le magazine n’étant cependant pas encore sorti au moment où je vous écris ces lignes, et n’ayant pas fouillé plus que cela, c’est même avec surprise que je découvre la mise en ligne du documentaire sur Disney+, courant Février. Ma curiosité ayant été titillée à plusieurs reprises durant les semaines précédentes, au gré d’extraits postés çà et là sur internet et sur lesquels je suis tombé par hasard à chaque fois, je n’ai pas hésité longtemps et me suis lancé dans le visionnage dès que j’ai découvert sa présence dans le catalogue de la plateforme.
Le romantisme des Krafft

Pour les Krafft, les volcans n’étaient absolument pas qu’un sujet d’étude et de recherche. C’était tout : leur maison, leur rêve, leur vie.
Quiconque connaît un peu l’histoire du couple Krafft sait que le visionnage de Fire of Love n’aura pas de happy ending. C’est allant une fois encore au plus près d’un volcan en éruption que Maurice et Katia ont perdu la vie en 1991. Dire cela, ce n’est pas spécialement spoiler, le documentaire s’ouvrant tout bonnement sur l’annonce de ce drame à venir. Fire of Love débute en effet sur une séquence qui résume à elle seule la vie des Krafft : une expédition difficile, mouvementée, une voiture qui tombe en panne, un accident de la route, tout ça pour s’approcher encore et encore, observer, toucher, sentir et ressentir le volcan. De cette introduction toute en prolepse et symbolique découle alors une question : « pourquoi ? ». Pourquoi Maurice et Katia Krafft faisaient-ils cela ? Pourquoi se mettaient-ils ainsi en danger ? Pourquoi enfin cette passion irraisonnée ? Pourquoi mourir pour cette dernière ?
C’est ce que Fire of Love vient nous raconter, cette vie à deux dont le dénominateur commun fut cet amour immodéré pour les volcans. Car plus encore que la volcanologie en tant que science, ce qui semble habiter et animer Maurice et Katia au plus profond d’eux-mêmes, c’est la seule existence de ces structures naturelles hors-normes et dont l’importance au regard du fonctionnement de la planète leur semblait bien trop sous-estimée.
En cela, Fire of Love n’est pas un documentaire sur les volcans à travers le prisme des Krafft. C’est bel et bien un documentaire sur ces derniers et sur eux seuls. Sara Dosa ne nous apprend au final que peu de choses sur le fonctionnement des volcans et sur la science qui les étudie mais va en revanche dessiner autour de Maurice et Katia une grande fresque dont les couleurs principales seront certes celles de la roche et du magma mais aussi et surtout celles de l’amour, de la passion et de deux personnalités éminemment fortes. Le sujet est là, dans cette passion commune qui a uni ces deux âmes dont l’amour réciproque n’était pas à prouver bien entendu mais qui était aussi et surtout nourri par cette fascination sans bornes. Dès lors, celui que l’on aurait pu prendre pour un documentaire purement scientifique révèle sa vraie nature, celle d’un film romantique, dans tous les sens du terme. Il l’est d’abord par le seul fait de nous raconter la vie de ce couple hors du commun, suffisamment amoureux l’un de l’autre pour se suivre sans hésiter dans un cratère déchaîné. Un couple marqué par un tempérament aussi explosif que son sujet d’étude fétiche. Ce dernier aspect ne sera cependant qu’évoqué, touché du doigt, que ce soit par les Krafft eux-mêmes via des vidéos où ils s’expriment face à la caméra, dans des citations de textes écrits par leur soin ou tout simplement à travers la voix de la narratrice du documentaire (Miranda July en VO, Jacqueline Berces en VF). Mais à ces moments de confrontation qu’on devine, Fire of Love préfère autre chose et recentre encore un peu plus son sujet. Sara Dosa fait le choix de parfois couper court à la métaphore constante qu’elle file entre le couple et leurs volcans adorés pour simplement parler d’une espèce d’amour aveugle qui les guide et les anime. C’est cela que l’on se plait à suivre en définitive.
Le romantisme de Fire of Love est également à prendre dans son acception plus littéraire. Les Krafft en font énormément preuve, ébahis qu’ils sont par le déchaînement de ces monstres de lave, profondément humbles devant leur force et leur puissance destructrice. En cela, le documentaire renvoie à bien des œuvres composées au XIXème siècle, en France comme en Allemagne ou en Grande-Bretagne. Il évoque discrètement, plus par écho que par citation, les contemplations d’auteurs tels que Chateaubriant ou Byron. Pensez aussi à ce célèbre tableau de Friedrich, Le Voyageur Contemplant une Mer de Nuages, si souvent employé pour illustrer ce qu’est le romantisme en littérature et en art de manière générale. Imaginez-vous alors le couple Krafft à la place du voyageur et, au lieu d’une mer de nuages, d’épais volutes de fumées s’échappant d’un cratère.
Voilà ce que Maurice et Katia ont recherché, mis en image, et que Fire of Love nous transmet à son tour. Ils sont représentés ici tels qu’ils ont vécus, admiratifs de ces volcans qu’ils voulaient autant dompter que presque en faire partie, conscients du fait que leur passion pouvait causer leur perte. Une citation de Maurice Krafft dans le film va en ce sens d’ailleurs et peut être reliée encore une fois au romantisme, qui se marquait également par une vision à la croisée du ravissement, du sublime et du morbide, ce qui résume ma foi assez bien le regard porté par lui et son épouse sur les volcans. Ceux-là, ils ont voulu en faire leurs maisons et n’excluaient pas la possibilité de revenir à la terre par eux. Appuyé par des images sublimes d’éruptions et de coulées de lave, Fire of Love retranscrit cette impression avec brio, soulignant la façon dont, comme dans les grandes œuvres romantiques, le sentiment l’emporte sur la raison. L’amour l’un pour l’autre qui les emmène dans les cratères fumants et cette passion dévorante qui amènera Maurice à embarquer sur un lac d’acide, au grand dam de Katia…

Cette volonté de verser dans le romantisme est de toute évidence quelque chose qui dirige l’ensemble de cette production. Fire of Love, au-delà de seulement nous présenter ces deux scientifiques et leur parcours, vient se poser en véritable récit, narrant l’histoire de deux héros d’une d’aventure. La simple évocation de leur fin à venir en ouverture pose d’ailleurs un peu le ton d’entrée de jeu. En nous présentant cette séquence faite de multiples péripéties et en nous expliquant sans détour le dénouement de ces deux vies, Sara Dosa installe d’emblée un climat particulier, comme si la narratrice devenait automatiquement conteuse. L’avertissement se mue alors en une triste promesse, celle d’une histoire à venir faite de rebondissements et de sursauts, ponctuant le parcours de ses deux protagonistes d’autant d’étapes qu’il y en a dans une aventure de fiction telle qu’on en lit ou que l’on en voit au cinéma.

Ne fallait-il pas aimer ces volcans au-delà de la raison pour réaliser ce genre de choses ?
C’en est presque étonnant au demeurant et l’on a envie de se demander dans quelle mesure le documentaire se réapproprie les événements pour construire cette version quasi romanesque de la vie des Krafft. Mais le fait est qu’à mesure que l’on progresse dans le visionnage, on voit apparaître ce cheminement, presque similaire à celui des héros classiques du genre. Il y a d’abord la découverte et l’union des protagonistes autour de celle-ci, unis par une vision commune, une destinée même si l’on veut.
Viennent ensuite les premiers instants du voyage, à la limite d’être proprement initiatiques. Puis la péripétie qui change tout et en particulier le sens donné au périple, à la mission que les deux personnages se sont confiée. Souhaitant d’abord « seulement » s’approcher au plus près des volcans pour mieux les connaître et les comprendre, tels deux chevaliers partis affronter des dragons, ils apprennent sans cesse, de montagne en montagne, et finissent par découvrir le véritable sens de leur vocation. Car comme dans toute aventure, il y aussi la révélation. Ici, elle viendra avec l’éruption du Mont St Helens en 1980. Un drame d’immense ampleur qui fera passer l’ambition des Krafft sous un nouveau jour. Et eux de continuer leur aventure, guidés par ce nouveau sens donné à leur vocation, jusqu’au chapitre final en 1991.
Sans doute est-ce là la plus grand réussite de Fire of Love en définitive. D’avoir su saisir l’essence de ces figures iconiques et de les avoir mises en scène de manière à souligner la façon dont ils se sont progressivement mués en véritables personnages. Plus que des scientifiques, Maurice et Katia Krafft étaient des êtres brillants, iconoclastes et, n’ayons pas peur des mots, exceptionnels. Sara Dosa relate tout cela avec une grande tendresse et compose de la sorte un documentaire particulièrement touchant. Parce qu’en tant que public, on se prend au jeu de découvrir le parcours de cet ardent tandem, on suit leur épopée comme on se trouve captivé par une histoire bien racontée. Par la force des mots, des paroles et des images que Katia et Maurice nous ont légués, ce récit se trouve par ailleurs enrichi d’un naturel déconcertant. Sans jamais perdre de vue que ce n’est pas le cas, on se prend parfois à avoir l’impression de plonger dans un journal intime (il arrive que certains textes soient extraits des journaux du couple). Ainsi, par la tendresse dont elle fait preuve dans sa façon de nous conter les Krafft, Sara Dosa réussit habilement à se faire oublier derrière ces figures. Fire of Love est élégant, tout simplement.

Imager la passion
On suit donc ce documentaire avec l’assiduité qu’on voue généralement aux belles aventures. Maurice et Katia se révèlent à nous sous ce nouveau jour : de scientifiques passionnés, ils sont devenus aventuriers chevronnées, héros acharnés totalement dévoués à leur cause. Ces Krafft-là, on ne les connaissait peut-être pas si bien que cela. Car si leur héritage a laissé dans l’esprit des gens (en particulier en France) l’image de deux volcanologues un tant soit peu hors-normes, peut-être n’avions nous pas encore assisté à la prise de recul nécessaire sur le couple pour en capter toute la dimension romanesque. C’est ce que réalise Fire of Love avec talent. Et, sans doute un peu paradoxalement, c’est en replaçant les Krafft dans cette posture d’aventuriers que Sara Dosa nous les rend finalement profondément humains. Ils ne sont plus seulement ces personnages aux armures étonnantes sur des photos impressionnantes ou ces visages que l’on a pu découvrir dans des extraits d’émissions passées.
Ils sont Maurice et Katia, un homme et une femme portés par leur inébranlable dévotion et dont la part d’humanité surgit ici telle une éruption justement. Elle nous explose au visage et se laisse couler tout au long du documentaire, apportant à chaque épisode de leur vie, à chaque bout d’archive, une dimension personnelle, intime même, tout à fait inédite. Le documentaire raconte alors la passion, le plaisir pris face au mystère qu’on cherche à comprendre, mais aussi la peur parfois, l’interrogation et le doute, sans que jamais aucun de ces trois sentiments ne vienne entraver la quête de savoir et de compréhension dans laquelle le couple est lancé. Et tout cela de s’exprimer autant avec force qu’avec délicatesse, faisant ainsi se jouxter les séquences où c’est l’engagement sans borne des Krafft qui s’exprime avec des instants de plus grande tendresse, sinon de mélancolie, qui rappellent qu’au fond, si fous aient-ils pu sembler, Maurice et Katia n’étaient « que » des humains épris de l’un pour l’autre et de leur volcans adorés, vénérés presque.
Ces deux faces, l’une passionnée et conquérante, l’autre humaine et humble, le documentaire les illustre à merveille à travers sa bande originale – composée avec des titres de Air, Ennio Morricone ou encore Brian Eno – mais aussi et surtout, on aurait presque oublié d’en parler, avec les images spectaculaires que les Krafft ont laissées derrière eux. Là encore, c’est cette palette d’émotions qui se met en scène devant nous : émerveillement devant les geysers de magma, inquiétude face aux épais nuages d’un volcan gris, étonnement quand Katia ou Maurice se retrouvent à mettre les pieds là où personne de sensé n’oserait mettre un orteil… Mais toujours, ce qui domine c’est bien la modestie devant ces géants qu’on ne peut, ni ne veut maîtriser.
Du reste, si Sara Dosa réussit à nous offrir pareil spectacle, c’est bien aux Krafft eux-mêmes que nous le devons. Car les deux volcanologues avaient également pour eux un goût prononcé de la mise en scène, de la recherche d’images sans cesse plus saisissantes. Sara Dosa aborde d’ailleurs très bien le sujet dans Fire of Love, évoquant la préférence de Katia pour la photographie du détail tandis que Maurice semble favoriser une captation vidéo remettant l’homme à sa place face au volcan : petit, presque insignifiant. Ce goût de l’image, qui leur aura valu une poignée de critiques – d’aucuns n’y voyaient qu’un certain sens de l’auto-satisfaction, sinon de l’esbrouffe -, il se ressent quand on découvre qu’un plan donné d’une de leurs vidéos a été filmé en deux, trois prises, ou plus parfois. Il y a cette recherche constante du moment qui saisira le mieux la façon dont les Krafft abordaient les volcans. Evidemment, l’idée était aussi de trouver la manière la plus parlante de sensibiliser les publics et les autorités quant au danger des volcans, un travail qui deviendra un de leurs grands chevaux de bataille dès les années 1980. Mais il demeure amusant de les voir ainsi construire de véritables films de leurs expéditions, ce qui servira grandement à Sara Dosa pour faire des Krafft ces personnages que j’évoquais plus haut. On se dit cependant en visionnant tout cela que le travail remonte à bien plus longtemps que cela et que Maurice et Katia eux-mêmes avaient sans doute – sciemment ou non – l’envie de laisser leur empreinte de cette manière. De devenir ces étranges êtres vêtus de leurs combinaisons de protection grises et dansant sur les rebords d’un cratère en éruption, tels deux aliens humanoïdes ou explorateurs spatiaux tirés d’un films de SF des années 1970. Il est au final appréciable de voir que Sara Dosa a su saisir avec Fire of Love l’occasion parfaite d’enfin faire des Krafft ces protagonistes hors-normes.
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J’avoue n’avoir pas grand-chose à vous dire de plus au moment de conclure cet article. Gardons finalement en tête que Fire of Love est un exceptionnel documentaire. Il l’est par ses images impressionnantes, par la fascination qu’il fait naître à l’égard de la vie de ces deux scientifiques ou encore par ses immenses qualités narratives et de montage. Mais ce qu’il réussit de mieux, c’est peut-être sa façon de se caler sur cette brèche qui sépare fiction et réalité. Sara Dosa arrive en effet à raconter une histoire strictement vraie mais exceptionnelle, à la documenter et à la mettre en scène avec un tel brio qu’on se surprend parfois à oublier que tout ceci s’est réellement déroulé. Fire of Love prend volontiers les allures d’un film d’aventure étonnant, bourré d’émotions, et c’est sûrement ce qu’il fallait faire pour rendre honneur de la façon la plus adéquate qui soit à un couple aussi brûlant que celui formé par Maurice et Katia Krafft.
