La Mission, western de Paul Greengrass. Avec Tom Hanks, Helena Zengel, Michael Angelo Covino, Ray McKinnon…

Le pitch : Dans le Sud des Etats-Unis et alors que le pays se relève encore de la Guerre de Sécession, le capitaine Jefferson Kyle Kidd (T. Hanks) s’est confié pour mission de voyager de ville en ville pour y lire les nouvelles aux travailleurs et travailleuses qui n’ont pas le temps de lire les journaux. Un jour, sur la route, il tombe sur les restes d’une attaque : chariot renversé, corps pendu dans un arbre…et surtout une petite fille (H. Zengel), seule survivante, vêtue comme une indienne et ne s’exprimant qu’en Kiowa. Le capitaine Kidd se trouve alors une nouvelle mission : tout en continuant son labeur, retrouver la famille de la petite et la ramener auprès des siens.

La critique : A l’aube de cette année 2021, les perspectives ressemblent hélas au bilan qu’on aura dressé en 2020 : qu’il va être difficile de se rassasier de cinéma dans les mois à venir… A titre personnel, j’ai cessé de compter les films que j’attendais tout particulièrement et qui ont été reportés ou ont vu leurs canaux de diffusion passer de nos bons vieux cinémas à une quelconque plateforme de streaming, quand d’autres encore n’arrivent même pas à se décider sur le moindre des maux à choisir… Il convient donc de se rabattre sur ce que Netflix, OCS ou encore Disney+ ont à offrir et là, la curation est complexe. Entre navets assumés et grandes œuvres vues mille fois, ou encore pépites méconnues et invisibilisées par les algorithmes et petits films sans prétention ni grande qualité, il est compliqué de trier le bon grain de l’ivraie. Pourtant, en de brefs instants, l’illumination se fait et de la même manière que des films comme Le Diable Tout le TempsLes 7 de Chicago ou Mudbound ont réussi à se mettre en avant, La Mission a su sortir du lot.

Paul Greengrass, réalisateur du film

Adapté du roman éponyme de Paulette Jiles, le film de Paul Greengrass aurait d’ailleurs très bien pu connaître un destin lui aussi compliqué. Etant donné le contexte actuel et le grand flou qui entoure l’éventuelle réouverture des cinémas, il aurait été facile pour Universal de laisser voir venir les choses avant de lancer son film où que ce soit. Néanmoins, La Mission sort dans un premier temps dans les salles de cinéma américaines dès le 25 Décembre 2020. Un mois plus tôt cependant, Netflix avait d’ores et déjà acquis les droits de diffusion à l’international. Un coup d’avance que l’on doit sans doute à la fermeture des salles obscures dans encore pas mal de pays, dont le nôtre malheureusement. Et quand on voit qu’au moment où Netflix diffuse le film en France pour la première fois, le sort des cinémas (et de tant d’autres lieux de culture) n’est absolument pas acté, on ne peut s’empêcher de penser que certains ont eu du pif en laissant la plateforme de streaming s’emparer de la distribution du projet. Parallèlement, et avec le recul, on se demande aussi si Universal n’a pas eu le nez creux sur cette affaire, au-delà des questions de crise sanitaire : le film n’a pas spécialement bien marché outre-Atlantique… Avec des entrées assez faibles et en diminution constante ainsi que des recettes bien inférieures aux attentes, La Mission a carrément fini son parcours sur une plateforme de VOD sans autre forme de procès. Vite projeté, vite expédié, allez hop.

Bien que content d’avoir un film avec Tom Hanks à regarder, vous pensez, j’attaque en tous cas mon visionnage avec une espèce de circonspection, faisant donc le choix de ne surtout pas m’attendre à un quelconque chef-d’œuvre. Au mieux, c’en était un et j’aurais été ravi. L’emploi du conditionnel vous met sans doute la puce à l’oreille toutefois et, non, La Mission n’est pas un chef-d’œuvre. Cela ne signifie pas que c’est un raté, pas du tout, mais on n’est clairement pas devant un film exceptionnel.
Ce dernier est même en fait plutôt classique sur la forme pour commencer. Un constat un peu délicat qui renvoie assez automatiquement à la filmographie de Paul Greengrass. Car si le réalisateur a su nourrir une partie de ses productions d’une patte indéniable (je pense en particulier à Bloody Sunday ou La Mémoire dans la Peau), d’autres œuvres tirées de son CV ont beau être respectables, on ne pouvait qu’y noter l’absence d’une réelle intention en tant que faiseur d’images. Si Capitaine Phillips échappait de peu à cela, ce n’était pas le cas de Green Zone ou des suites des aventures de Jason Bourne (à croire que c’est la faute de Matt Damon tout ça, finalement). La Mission s’inscrit donc dans cet héritage ambivalent en tâchant de composer un film qui soit bien évidemment agréable à regarder mais qui peine à réellement laisser une empreinte dans les yeux du public. On aurait pu espérer pourtant qu’en s’attaquant au western Greengrass y aille d’audace en idées sympas, lui qui nous avait surtout habitués au cinéma d’action moderne et/ou au thriller chronométré. Il n’était pas idiot, je pense, de se dire que cet homme saurait apporter une nouvelle proposition au genre. Peut-être pas au point d’attendre une quelconque révolution ou une véritable vague de fraicheur mais au moins quelque chose qui permette de dire « ah, tiens, ça change ! ». Cependant, Greengrass semble se comporter derrière sa caméra comme un cinéaste trop heureux de s’aventurer sur un genre nouveau et mythique pour oser y déroger à quoi que ce soit. En cela, le réalisateur emprunte beaucoup d’éléments au western américain classique mais sans y intégrer de véritables variations. En lieu et place de ces intentions, il présente une certaine tendance à accumuler les scènes un peu habituelles du genre, de l’embuscade à l’orée d’une forêt jusqu’à la fusillade dans les rochers en passant par l’infernale pluie battante, sans forcément chercher à les renouveler ou au moins à leur faire dire autre chose, quitte à se montrer parfois un peu cliché.

D’un point de vue narratif, La Mission s’appuie donc sur des ressorts déjà bien usés.

Mais attention à ne pas se montrer trop sévère. Il est après tout des œuvres qui n’apportent certes pas de nouveautés, ou infimes, mais qui savent malgré cela rester de très bonnes propositions. La Mission, sur le plan de sa seule cinématographie est clairement de ces films-là. Bien qu’assez peu enclin à oser encore une fois, Paul Greengrass confirme avec cette adaptation qu’il demeure un cinéaste hardi. Malgré ses côtés les plus éculés, La Mission n’en demeure pas moins un film de très bonne facture si l’on prend la mise en scène comme un élément brut. Au cours des deux heures qu’il dure, il offre de très jolies séquences et tant pis si le mérite en revient finalement moins à son réalisateur qu’au western qui a toujours été et continue d’être une formidable fabrique à images plus belles les unes que les autres. En creusant un peu, on trouve alors quelques arguments pour soutenir La Mission, à commencer par sa photographie. Donnant à voir un spectacle plus que convenable, Greengrass ponctue avec délicatesse son film de quelques tableaux où les lumières jouent un rôle primordial. Un atout dans la manche que l’on doit essentiellement au directeur photo Dariusz Wolski (fidèle de Ridley Scott dans les années 2010, dont on aura aussi pu apprécier le travail sur USS Alabama, la saga Pirates des Caraïbes, ou encore Sweeney Todd et Alice au Pays des Merveilles chez Tim Burton).

Certains jeux d’ombres et de lumières font la différence

Si l’intention derrière les images ne bouleverse rien de particulier, la fabrication de celles-ci mérite amplement d’être soulignée et contribue pour beaucoup au travail d’ambiance.
Je ne parle d’ailleurs pas ici de l’ambiance que le genre western implique par ses codes ou ses poncifs mais plutôt de l’atmosphère qui règne dans les différents lieux que traverse le capitaine Kidd. Greengrass et Wolski réussissent parfaitement à imager un lieu au-delà de ses seuls décors, à transposer et exprimer son aura par le jeu des lumières et des couleurs. Dans cet ordre d’idée, on pourra tout particulièrement citer le village qui continue grosso modo de faire sécession et dans lequel se rendent Kidd et Johanna (la jeune fille) un peu malgré eux. Ici, le ton est bien sûr rapidement donné par les antagonistes que l’on y rencontre, lesquels s’avèrent particulièrement détestables d’ailleurs, mais également par la manière dont les choses prennent forme à l’écran. Ce n’est pas qu’une question de filmer l’action ou le discours mais plutôt de dépeindre une ambiance, un ton ou de signifier ce qui pèse sur un lieu simplement en ajustant la composition et les couleurs, ainsi qu’en équilibrant les forces entre lumières et ombres. Oh bien sûr, je ne prétends pas ici que Greengrass et Wolski inventent quelque chose, loin de là. Ce genre de procédé est évidemment ancien. Mais je ne peux m’empêcher de souligner cet aspect pour la simple et bonne raison que c’est excessivement bien fait en ce qui concerne La Mission. Ce travail apporte à mon sens une vraie plus-value au film et contribue grandement à l’attachement que l’on développera pour ses personnages et à la manière dont on se laissera prendre par ses péripéties, bonnes comme mauvaises.

Il y a donc une espèce d’ambivalence dans la mise en scène (trop classique sur le choix des choses à montrer mais en même temps assez fine dans l’exécution) que l’on retrouve finalement dans le propos du film. Petit disclaimer avant toute chose : je n’ai pas lu le roman de Paulette Jiles, dont je découvre seulement l’existence en rédigeant ces lignes. Aussi, je serai bien incapable de vous dresser un quelconque parallèle entre ce que raconte le film et ce que le bouquin livrait de son côté. Ce faisant, je vais m’efforcer de parler de tout cela en gardant uniquement un œil sur le scénario du film et sans chercher à faire de comparaison avec le livre d’origine, lequel date par ailleurs de 2016.
Le fait est en tous cas que du seul point de vue narratif, le scénario de La Mission (intitulé News of the World en VO, pour la précision) n’est pas des plus révolutionnaires lui non plus. De la même manière qu’il s’appuyait grandement sur une poignée de coups classiques du western en ce qui concerne sa mise en scène, le film propose un récit qui repose pas mal sur des choses que l’on aura déjà vues par ailleurs, éparpillées dans l’Histoire du genre. Entre bandits de grands chemins et propriétaire terrien tyrannique, en passant par la cavalerie qui ne sert à rien, tout y est ou presque (en exagérant un peu, je le confesse). Mais surtout, l’enchaînement de tout cela se fait de manière assez mécanique, dans un ordre et selon une logique assez convenus là encore. Au final et à l’instar de sa mise en scène, le récit en tant que tel manque parfois du panache qui aurait pu l’emmener plus loin. L’autre souci, c’est qu’il peine à s’inscrire dans une quelconque ligne directrice claire et nette. La Mission n’est pas un western classique, ce n’est pas un crépusculaire non plus, encore moins un spaghetti bien entendu, et ce n’est pas non plus un western vu d’une nouvelle manière. D’un autre point de vue, c’est un peu tout ça à la fois, sauf pour le côté spaghetti dont ce n’était absolument pas l’objet ici de toute façon. La Mission pioche ses thématiques et la façon de les aborder un peu partout, profite de multiples filons mais peine à faire les choix qui lui auraient permis de se forger une véritable identité fondatrice. Si l’on gardera bien sûr en tête ses principaux éléments (un road trip dans une ambiance crépusculaire avec des accents sociaux/sociétaux), il est indéniable que le film manque tout de même d’une réelle empreinte qui le distinguerait pleinement.

Ce que véhicule le capitaine Kidd, au propre comme au figuré, constitue l’élément-clé du film.

Tout ceci étant dit, il s’avérera en fin de compte que La Mission brille bien plus par les messages qu’il véhicule que par l’histoire qu’elle raconte. Car si cette dernière, aussi agréable à suivre soit-elle, se révèle assez classique, il y a un très grand intérêt à découvrir ce film en 2021 et à le replacer dans son contexte. Là encore, il serait utile pour tenir une bonne vue d’ensemble de la question de lire le roman et de dénicher les similarités et les différences entre les deux textes mais contentons-nous de prendre en considération le scénario pondu par Luke Davis et Greengrass. Un certain nombre de thématiques sont ainsi abordées dans ce film : le repli communautaire, le racisme, la désinformation figurent parmi les plus flagrants. Impossible en fait de ne pas dresser un édifiant parallèle entre ce que vit et observe le capitaine Kidd et ce qu’ont vécu les Etats-Unis ces quatre dernières années avec l’administration Trump.
C’est là que Greengrass se révèle enfin ! Le voilà, notre cinéaste soucieux de son monde, de sa société ! Plus qu’un western, le réalisateur met en scène une transposition de la situation de son pays dans une autre époque. Mieux encore, il dresse un comparo très pertinent entre l’Amérique trumpiste et celle qui se relevait doucement et douloureusement de la Guerre de Sécession, presque quelques 200 ans plus tôt. Difficile en effet de ne pas voir le jeu de reflets qui s’exerce ici entre ces deux époques. L’exercice est d’autant plus apprécié qu’il s’effectue à la fois sur le temps long et par à-coups judicieux dont la ponctualité n’a d’égale que la pertinence. Encore une fois, le cas du comté qui décide de se refermer sur lui-même, tenu entre les mains d’un propriétaire bien peu scrupuleux, est exemplaire. Dans ce microcosme, c’est toute l’Amérique de Donald Trump qui se résume avec cet ignoble « homme d’affaires » qui se veut président d’un pays qu’il rêve à son image, quitte à y déformer l’information qui y circule et à y privilégier les articles de presse qui lui conviennent ou qui, mieux encore, sont écrits par ses soins. L’évidence saute aux yeux : Greengrass profite de La Mission pour gentiment tacler Donald Trump au niveau des deux genoux. Des « vérités alternatives » aux fameuses fake news en passant par la glorification de sa propre personne, c’est toute l’ignominie de celui qui est désormais l’ex-Président des Etats-Unis qui se retrouve dans ce protagoniste. De fil en aiguille, l’idée se développe, tisse quelque chose de plus vaste encore en élargissant le propos à l’importance de la presse dans les sociétés en crise. Si lesdites crises ne sont absolument pas de la même teneur dans les dernières décennies du XIXème siècle qu’en 2020-21, le postulat demeure inchangé : l’information juste et fiable est une ressource et non une contrainte.
Ce que nous dit Greengrass à travers le capitaine Kidd, c’est toute l’attention que nous devons porter sur les actualités, les informations et qui les porte. Qui lance une affirmation et qui peut la vérifier ? Qui la véhicule aussi ? Quels sont leurs intérêts ? Tous ces questionnements façonnent la réflexion qui se cache derrière La Mission et son scénario. A mesure que l’on progresse dans le film, le côté banal de ce dernier en matière d’enchaînement de l’action s’efface peu à peu en ouvrant la porte sur ces interrogations qu’il nous adresse. Impossible cependant de ne pas regretter que tout ceci soit mené d’une plus belle manière. Au final, Greengrass pose des questions essentielles et le fait d’une intelligente manière mais la réponse qu’il y apporte reste un peu faible. Caressant la surface, n’y plongeant qu’à moitié, La Mission ne passe certes pas à côté de son propos mais il aurait clairement gagné en crédibilité s’il avait su lui apporter la force nécessaire. Du reste, je ne peux qu’apprécier la façon dont Greengrass et Davis arrivent à contextualiser le sous-texte du film, à le réactualiser pour lui donner une résonance particulière dans notre époque.

Quelques mots, enfin, concernant la distribution qui porte ce film et je me contenterai ici de n’évoquer que les deux interprètes principaux : Tom Hanks et Helena Zengel. Ce choix de ne pas évoquer le reste du cast, il tient essentiellement au caractère très secondaire des autres protagonistes de La Mission. Le film se concentre en effet tellement sur les personnages de Kidd et de Johanna que le reste de la galerie n’arrive en aucun cas à s’imposer. Ce n’est pas un tort en soi, attention, mais cela m’ôte en tous cas le besoin d’aller rédiger quelques lignes sur les autres comédiens qui apparaissent à l’écran.

Le style de jeu d’Helena Zengel n’est pas le plus élégant qui soit mais on finit néanmoins par y trouver son compte.

Il faut dire aussi que ce tandem en tête d’affiche occupe toute la place étant donné que leurs personnages respectifs sont essentiels et omniprésents. J’ai pourtant eu du mal au début avec le jeu de la jeune Helena Zengel, dont c’est le tout premier film hors de son Allemagne natale. L’actrice de 12 ans m’a en effet d’abord semblé un peu…dure dans son jeu. Servant sans doute le personnage, lequel ne manque pas de dureté par ailleurs, ce jeu a parfois tendance à se transformer en sur-jeu dans les premiers instants du film et j’avoue m’être demandé si j’allais supporter cela jusqu’à la fin. Fort heureusement, voilà la palette qui s’élargit et la jeune comédienne qui arrive petit à petit à développer un peu son éventail. De fil en aiguille, elle établit doucement son personnage, plus tendre qu’il n’y paraît au premier abord, et y apporte toutes les nuances nécessaires. Si son jeu demande encore à se peaufiner (elle n’a que 12 ans, on la pardonne sans aucun souci), Helena Zengel prouve progressivement sa capacité à nuancer ses traits de jeu et par conséquent son personnage, bien moins archétypique qu’il n’y paraît.
Surtout, elle offre un répondant à Tom Hanks qui fonctionne très bien. Evidemment, toute la bienveillance qui transpire de chaque geste ou mot prononcé par l’acteur n’a pu qu’aider Zengel à trouver sa place et la consolider dans cette œuvre mais tout de même : c’est de Tom Hanks que l’on parle. Ce dernier offre d’ailleurs une performance tout à fait respectable, comme à son habitude, mais on lui reprochera peut-être d’avoir seulement abattu la carte « Tom Hanks joue le vieux sage un peu triste ». Car aussi admiratif que je sois de l’immense acteur qu’il est, il n’en demeure pas moins que Hanks semble choisir le degré d’intensité qu’il va mettre dans ses films à mesure qu’il vieillit. Ainsi, là où certaines de ses prestations récentes (L’Extraordinaire Mr. Rogers ou bien Pentagon Papers) lui donnent l’occasion de développer plus en-avant certaines facettes de son jeu, quitte à moduler un peu ses habitudes (qui n’en a pas après une si longue et riche carrière ?), le voilà ici qui renoue avec une forme de facilité en se contentant de donner aux gens ce qu’ils viennent chercher : Tom Hanks. Alors évidemment, même la moitié de la qualité de jeu de cet acteur, ça reste du haut niveau, mais on aurait pu espérer quelque chose d’un peu plus marqué, qui rende ce personnage de capitaine Kidd relativement iconique au sein de sa carrière. Ce ne sera pas le cas et Hanks se contente de livrer son minimum, ce qui est déjà et demeurera toujours énorme.
Une prestation qui permet enfin de composer un duo avec Helena Zengel qui fonctionne très bien et offre à voir une très jolie relation entre leurs personnages respectifs. Entre « l’enfant sauvage » et l’ex-militaire désabusé et tendre, c’est un parcours du combattant qui se construit. Un parcours qu’ils franchissent ensemble mais aussi l’un envers l’autre, chacun laissant peu à peu tomber les barrières qu’ils s’étaient fixées : lui, celles du vieux monsieur qui n’a plus envie d’être responsable de qui que ce soit ; elle, celles de la jeune fille qui ne veut que retourner dans sa famille et que l’homme blanc lui foute la paix une bonne fois pour toutes. La Mission leur donne l’occasion de se découvrir l’un l’autre et, plus touchant peut-être encore, de se redécouvrir eux-mêmes. Cet apprentissage, cette domestication presque donne lieu à quelques instants touchants où toute la fébrilité de ces personnages s’exprime avec la grâce de leurs interprètes respectifs. Les plus beaux moments du films seront là, dans ces scènes sur la route où tout va bien, pour l’instant.

Tom Hanks en vieux bonhomme usé, ça marche à tous les coups

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Comment conclure cet article ? En confirmant tout d’abord que, non, ce n’est pas le meilleur film de Paul Greengrass. Plus timoré qu’en d’autres occasions, il livre un western un peu bancal sur la forme et dont la réussite réside toutefois dans le fond. Ce dernier point, voilà ce qui sauve le film en premier lieu. Le cinéaste et son scénariste composent une petite épopée, plus road trip qu’Odyssée, au cours de laquelle c’est l’Amérique d’alors et de maintenant qui est passée à la moulinette. La Mission observe et constate, dresse les problèmes d’une époque pour les retrouver dans une autre. Au constat édifiant succède l’autre atout de ce film avec ce duo de tête globalement impeccable. Hanks et Zengel forment un tête-à-tête charmant, difficile à cerner dans un premier temps mais qui nous apprivoise à mesure que le temps passe. Sans être un grand film, La Mission doit finalement les bonnes impressions qu’il laisse à des intentions dont le manque de conviction dans l’exécution n’ont finalement d’égale que leur sincérité.

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